Les trois bonnes pistes pour la rentrée
Produits structurés, fonds obligataires à échéance ou d’actions habilement choisis… Dans des marchés financiers déprimés, ils résistent bien.
Pour beaucoup d’épargnants, investir consiste avant tout à ouvrir une assurance-vie, un compte titres ou un plan d’épargne retraite… Mais la tâche la plus ardue arrive ensuite car ces produits ne sont que des enveloppes au sein desquelles vous allez pouvoir choisir différents supports d’investissement. Sélectionner les bons dépend de nombreux critères, à commencer par votre horizon d’investissement et votre profil d’investisseur. Etes-vous plutôt averse au risque ou un investisseur dynamique ? Mais il faut aussi tenir compte du contexte. Ce dernier est marqué par le retour de l’inflation et l’anticipation d’une récession pour 2023. Un environnement dans lequel il n’est pas simple d’investir mais qui comprend néanmoins quelques opportunités. Voici trois pistes pour placer ses capitaux de façon rentable.
1/Le renouveau des fonds obligataires à échéance
« Le contexte est historique sur le marché obligataire », estime Olivier Becker, expert obligataire chez Corum. Pour une entreprise qui émet des obligations sur le marché, la rémunération à verser aux investisseurs dépend de deux composantes : le taux d’intérêt, qui est lié à la durée de l’emprunt, et la prime de risque, qui est fonction de son état de santé. Or ces deux composantes ont fortement augmenté depuis le début de l’année, du fait de l’inflation et d’un environnement anxiogène (guerre en Ukraine, perspectives économiques dégradées…).
Résultat, « nous avons atteint un niveau de rendement sur les obligations que nous n’avions pas vu depuis plus de dix ans », poursuit Olivier Becker. Les gérants évoquent une rémunération d’environ 7 % pour de la dette émise par des entreprises de la catégorie dite à haut rendement. Il ne s’agit pas des sociétés les plus solides mais de belles entreprises internationales comme Picard, Iliad, ou encore Afflelou.
Pour figer dans le temps ces conditions attractives, les sociétés de gestion lancent des fonds obligataires à échéance ou fonds datés. Ces produits ont une durée de vie limitée dans le temps. Par exemple, Edmond de Rothschild AM a lancé un fonds à échéance 2028, Carmignac à échéance 2027, Corum prépare un fonds à maturité 2029. Ils investissent dans des titres que les entreprises auront remboursés d’ici cette date et perçoivent les intérêts tous les ans. A l’échéance du fonds, les capitaux sont rendus aux épargnants. Donc peu importe l’évolution du cours des obligations pendant la durée de vie du produit. En effet, en période de hausse de taux d’intérêt, la valeur des obligations anciennes baisse car elles sont moins attractives. Avec un fonds à échéance, ce risque est éliminé, un titre d’une valeur de 100 euros étant remboursé 100 euros.
L’épargnant perçoit donc les coupons au taux indiqué et retrouve sa mise à l’échéance. D’où l’intérêt du produit qui offre une rémunération attractive sans trop de risque de perte, sauf, bien sûr, si une entreprise est dans l’incapacité de payer ses intérêts et de rembourser sa dette. On parle alors de défaut.
Pour limiter ce risque mais sans pouvoir l’éliminer totalement, les gérants analysent scrupuleusement les dossiers des entreprises avant d’investir et diversifient leur investissement sur 80 à 100 titres différents. Il faut aussi prévoir des frais. C’est pourquoi le rendement net attendu de ces fonds tourne plutôt autour de 4,5 % à 5 % pour l’épargnant.
2/Des risques modérés avec les produits structurés
Les marchés actions ont baissé depuis le début de l’année, mais rien ne dit que le rebond est imminent. « Dans des marchés incertains, les investisseurs sont rassurés avec un produit qui protège le capital à terme et délivre du rendement », pointe Louis Pradié, directeur général d’Equitim.
C’est exactement la promesse des produits structurés, qui se développent à grande vitesse depuis quelques années. Il s’agit de produits avec une durée de vie fixe, dont la performance dépend d’un sous-jacent (un indice de marché en général) et qui prévoient une rémunération annuelle (un coupon). Le produit peut être remboursé de façon anticipée si le marché est en hausse. Sinon, à l’échéance, l’épargne est protégée jusqu’à une certaine baisse de l’indice (de - 40, - 50 %…). Au-delà, vous supportez toute la baisse.
Le contexte de remontée de taux d’intérêt et d’agitation sur les marchés boursiers est favorable à ces supports. Les fabricants des produits structurés arrivent ainsi à proposer des formules plus attractives que par le passé. « Cela nous permet d’offrir plus de rendement et/ou d’ajouter davantage de protection aux produits, indique Pauline Hampartzounian, responsable produits structurés de Cyrus Conseil. Nous retrouvons même des produits à capital garanti à l’échéance, disparus depuis plus de dix ans. Sur une durée courte de deux à trois ans, ils rapportent 3 à 4 % par an. » Le taux de 3-4 % est un exemple pour un produit à capital garanti d’une durée de deux à trois ans. Il est possible d’obtenir bien davantage sur des durées plus longues et/ou des protections moins importantes. Mais, globalement, les fournisseurs de produits structurés privilégient des formules défensives, comprenant de nombreuses protections contre le risque de baisse des marchés. Ainsi, certains produits versent un coupon même lorsque les marchés baissent, et ce jusqu’à - 20 % ou - 30 %.
Il faut répartir ses investissements sur plusieurs supports et les étaler dans le temps
Ces produits restent toutefois complexes et il faut donc s’assurer de bien comprendre les mécanismes avant de souscrire. « Il ne faut pas s’arrêter à la formule, alerte Louis Pradié. Il faut aussi comprendre le sous-jacent et comment il réagit. » En effet, il existe de plus en plus d’indices créés spécifiquement pour ces produits et qui n’évoluent pas exactement comme les grands indices de marché. Enfin, la prudence recommande aussi de ne pas tout miser sur un seul produit. « Il faut répartir ses investissements sur plusieurs supports, thématiques, sous-jacents, et les étaler dans le temps pour avoir différents points d’entrée », recommande-t-il.
3/Un possible rebond sur les marchés actions
Bonne nouvelle : les actions sont moins chères actuellement qu’elles ne l’étaient à la fin de l’année dernière. Mais, selon les experts, la Bourse n’en a peut-être pas terminé avec les soubresauts. Les résultats des prochains trimestres vont être examinés à la loupe pour observer comment les entreprises résistent à la crise actuelle. « Nous anticipons qu’il y aura des déceptions », prévient Damien Charlet, directeur de la gestion sous mandat pour le groupe Meeschaert. Pour autant, le marché actions comporte encore des opportunités pour qui accepte une prise de risque. « Depuis le début de l’année, sauf exceptions, tout a baissé de manière indifférenciée, souligne Alexandre Neuvy, directeur de la gestion privée chez Amplegest. Pour les clients dynamiques, c’est dans ces périodes qu’il faut investir. »
Dans ce contexte, l’investisseur doit placer son argent dans une logique de moyen-long terme et garder son sangfroid. « Parmi les thématiques porteuses à moyen terme, nous apprécions le secteur technologique, indique Damien Charlet. Les valorisations ont beaucoup souffert et quand l’inflation va se calmer, le secteur sera parmi les premiers à rebondir. »
Autres options pour traverser la crise : les fonds de rendement, visant les entreprises versant de forts dividendes, et ceux jouant la thématique du pricing power. Ces produits ciblent des entreprises suffisamment fortes pour répercuter les hausses de coût sur le prix de leurs biens et services (L’Oréal, Mercedes-Benz, Airbus…). « Lors des prochaines publications, nous allons voir les entreprises qui réussissent à maintenir leurs marges, anticipe Alexandre Neuvy. Le marché devrait alors revenir à plus de discrimination. » A noter : de nombreux fonds généralistes s’orientent actuellement vers ce type de valeurs.
Une dernière option consiste à allouer une part de son portefeuille à des fonds dits de performance absolue, notamment ceux pratiquant le long/short. En pratique, ces fonds peuvent à la fois parier sur la hausse de cours de certains titres (long), mais également sur la baisse d’autres valeurs (short). Ils profitent donc de deux moteurs de performance. « Ces produits servent à stabiliser un portefeuille et à apporter une protection lorsque les marchés sont difficiles », indique Damien Charlet. Ils sont néanmoins complexes et de qualité très variable. Mieux vaut être accompagné pour s’aventurer dans ce type de stratégies. ✸