La campagne Zemmour autopsiée
Un livre analyse les ressorts et limites du phénomène politique.
« B érézina ». On ne pouvait trouver meilleure référence que celle de 1812 – une bataille victorieuse de Napoléon menée dans une campagne perdue – pour résumer la campagne d’Eric Zemmour lors de la présidentielle de 2022. C’est le titre du livre de Marylou Magal, BéréZina (éditions du Rocher, 2022), journaliste au Figaro et ex-collaboratrice de L’Express. Son ouvrage revient avec finesse sur la campagne d’un candidat qui aura réussi à s’immiscer en quelques semaines dans le débat politique, en imposant à ses concurrents son rythme et ses obsessions identitaires. Le président de Reconquête a été éliminé au premier tour avec 7 % des voix : un score décevant pour celui que les sondages ont parfois donné au second tour, mais non négligeable pour un nouveau venu en politique.
Marylou Magal analyse les mécanismes qui ont conduit l’ancien journaliste à rater son pari de l’union des droites (pour mieux fédérer la droite identitaire radicale) et à s’enfermer dans une bulle cognitive et une culture groupusculaire d’extrême droite. Un livre qui décortique aussi les mystifications : celles d’un soi-disant « vote caché » et des belles images léchées qui cachent les divisions de l’équipe de campagne. « A force de parler, un homme finit par croire à ce qu’il dit », rappelle notre consoeur, citant Balzac et ses Illusions perdues si chères au polémiste. Une lecture nécessaire pour éclairer d’un jour nouveau un phénomène qu’on pensait avoir décortiqué sous toutes ses coutures.