L’HOMME QUI DANSE
PAr VIctOr JeStIN. FLAMMArION, 187 P., 19 €.
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Son premier roman, La Chaleur, prix de la Vocation et prix Femina des lycéens 2019, nous avait sidérés. On avait eu, pour cet oppressant texte initiatique, naviguant à la croisée de plusieurs genres, un coup de foudre littéraire. De ceux, rares, qui, balayant les discours sur la subjectivité de nos regards, laissent place à une évidence : ce garçon est un sacré écrivain. Dès les premières pages de L’homme qui danse, Victor Jestin, 28 ans, confirme son talent. On reconnaît d’emblée sa plume sensible et minimaliste, le rythme singulier de ses phrases courtes, et une simplicité presque atone qui colle aux névroses de son héros.
A ce stade, on devrait plutôt parler d’ailleurs de handicap. Car Arthur est maladivement asocial. Incapable depuis l’enfance de tisser des liens, de savoir quoi dire et atteindre les autres. Paradoxalement, c’est sur la piste de danse d’une discothèque de province qu’il finit par habiter son corps, cherchant au coeur de la foule et de la nuit la place qui lui échappe le jour. Année après année, soir après soir, Arthur danse fébrilement en ce lieu, jusqu’à ce que sa vie ne tienne plus que dans cette boîte. Comme dans La Chaleur, Victor Jestin ausculte la solitude des êtres à la marge, ces éternels étrangers au monde qui les entoure et qui luttent désespérément pour être aimés. Un beau roman, déjà couronné par le prix Blù Jean-Marc Roberts, qui mérite amplement sa place dans la sélection du Médicis.