La « mesure » de Mme Ernaux
Gilles Cèbe, Paris
Je ne discuterai pas ici des qualités littéraires de l’oeuvre de Mme Ernaux. En revanche, je m’étonne que Pierre Assouline parle de « mesure dans ses écrits » et de « maîtrise » à son propos et qu’ il n’ait pas noté les phrases ci-dessous, extraite des Années (2008, p. 219) : « Les tours jumelles de Manhattan s’effondrant l’une après l’autre. […] On ne parvenait pas à sortir de la sidération, on en jouissait via les portables avec le maximum de gens. […] D’un seul coup la représentation du monde basculait cul par-dessus tête, quelques individus […] juste armés de cutters, avaient rasé en moins de deux heures les symboles de la puissance américaine. Le prodige de l’exploit émerveillait. » Pour elle, il y a semble-t-il de bons et de mauvais terroristes, les bons suscitant jouissance et émerveillement, excusez du peu, et donc de bonnes et de mauvaises victimes. Que n’aurait-on entendu si tout cela était le fait de quelque séide d’extrême droite ?
(« Une Nobel politiquement naïve et absolue », L’Express du 20 octobre).