NON/NOTRE MÉTIER EST PLUS QU’UNE SUCCESSION D’ACTES
Le nombre de médecins généralistes par habitant est plus important en France que dans la plupart des pays voisins, et pourtant nous sommes débordés. Les raisons de ce paradoxe apparent ? Le nombre de collaborateurs médicaux : 0,3 par praticien chez nous, contre 2,3 en Allemagne par exemple. Nous avons trop peu de secrétaires et d’assistants pour prendre en charge les tâches administratives, ou encore d’infirmières pour s’ocuper de l’éducation thérapeutique des patients (sevrage du tabac, accompagnement des personnes diabétiques ou en surpoids pour les aider à modifier leur hygiène de vie, etc.).
Mais aujourd’hui, alors qu’il faudrait permettre aux généralistes de disposer de collaborateurs, on leur propose de confier à d’autres professionnels de santé (infirmières, mais aussi pharmaciens, kinésithérapeutes…) la responsabilité d’orienter les malades qui ne trouveraient pas de médecin traitant. Vouloir leur confier une partie de notre activité, c’est méconnaître sa spécificité : notre métier n’est pas une succession d’actes que l’on pourrait découper et redistribuer, le médecin traitant est responsable de la prise en charge globale, dans la continuité, de la santé de ses patients. Imaginez le cas d’un malade dépendant aux antalgiques opiacés, que j’arriverais à sevrer. Que se passerait-il s’il se présente pour une douleur dentaire violente auprès d’un pharmacien qui pourrait prescrire des antidouleurs ? Sans avoir son dossier médical, il risquerait de lui proposer un opiacé…
Là où il n’y a plus de généralistes, veut-on que des infirmiers ou des pharmaciens orientent le patient vers un neurologue dès qu’il a mal à la tête ? Nous ne remettons pas en cause les compétences des autres soignants, dont nous avons besoin. Mais défendre les nôtres n’est pas corporatiste. Regardons plutôt ensemble comment faire au mieux, plutôt que de tenter d’imposer des décisions qui vont désorganiser la prise en charge de nos malades. ✸