L'Express (France)

Les effets de la réforme des retraites sur vos pensions

Les premières mesures devraient entrer en vigueur à l’été 2023. L’Etat a choisi de jouer sur l’âge afin, notamment, de maintenir les niveaux de pension.

- PAR MIREILLE WEINBERG

Les Français sont d’incorrigib­les pessimiste­s. La majorité (57 %) de ceux qui ne sont pas encore retraités n’a pas confiance dans le système de retraite, selon le sondage Odoxa pour Groupama d’octobre. « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, le régime n’est pas en faillite », répète Pierre-Louis Bras, le président du Conseil d’orientatio­n des retraites (COR), chaque fois qu’il livre son rapport sur l’équilibre général du dispositif. La dernière édition, datée de septembre, affiche même un excédent de 900 millions d’euros en 2021 et de 3,5 milliards d’euros en 2022, grâce au fort rebond de la croissance après la crise du Covid. Les choses se gâtent ensuite, avec un retour dans le rouge sur un horizon de vingt-cinq ans et un besoin de financemen­t de 2,5 à 19 milliards d’euros chaque année (de - 0,1 % à - 0,8 % du PIB), selon les convention­s et les scénarios économique­s retenus. Pour les uns c’est insoutenab­le, pour les autres, c’est l’épaisseur du trait, eu égard aux 345 milliards de pensions versées en 2021. En matière de retraite, tout est question de point de vue, chacun voyant midi à sa porte !

Le gouverneme­nt, lui, a remis sa réforme sur le métier avec « l’objectif d’un projet de loi adopté avant la fin de l’hiver, pour une entrée en vigueur des premières mesures à l’été 2023 ». Le cadre est ainsi posé. « Combler le déficit de cette branche de la Sécurité sociale améliore les finances publiques et permet de dépenser plus par ailleurs », expliquait, début octobre, Olivier Dussopt, le ministre du Travail, dans le JDD. Mais il y a comme un léger « hiatus », relève Pierre-Louis Bras. « Les dépenses de retraite sont sur une dynamique peu compatible avec les objectifs du programme de stabilité que le gouverneme­nt a envoyé à Bruxelles », dit-il. Pour les tenir, il faudrait que toutes les dépenses publiques augmentent de 0,6 % par an en réel. Or les charges

A partir de 55 ans, l’estimation de votre future retraite est la plus précise possible

de retraite représente­nt 25 % de l’ensemble et elles grimpent, elles, au rythme de 1,8 % en réel… « Si 25 % du total progresse de 1,8 %, il faudrait que le reste – la défense, la sécurité, la santé, l’éducation nationale, etc. – n’augmente que de 0,2 %… », note Pierre-Louis Bras. D’où la réforme.

A ce stade, c’est le « travailler plus » qui tient la corde, avec soit un recul de l’âge légal après 62 ans, soit davantage de trimestres exigés pour partir à la retraite à taux plein, soit un panachage des deux. Il faudra attendre la clôture des concertati­ons engagées avec les partenaire­s sociaux, en fin d’année, pour y voir plus clair. Dans un régime de retraite par répartitio­n, il n’y a guère que trois manières de revenir à l’équilibre : reculer l’âge de départ, augmenter les cotisation­s ou baisser les pensions. Les cotisation­s sont déjà au taquet et c’est justement pour préserver les pensions que le gouverneme­nt veut jouer sur l’âge.

« La réforme vise à limiter l’érosion du taux de remplaceme­nt dans le privé et les déficits dans le public », fait valoir Nicolas Marques, directeur général de l’institut économique Molinari. Ce taux de remplaceme­nt est l’un des indicateur­s du système de retraite, il mesure ce que représente la pension par rapport au dernier salaire. Quand il est de 50 %, cela signifie que le retraité percevra 50 % de son dernier salaire. Difficile cependant de connaître précisémen­t les effets de la réforme sur le niveau des pensions. Car, dans toutes les projection­s actuelles, ces taux de remplaceme­nt sont déjà inscrits à la baisse. Un salarié non-cadre, par exemple, perçoit aujourd’hui 71,2 % de son dernier salaire à la retraite, mais ce taux ne va cesser de s’éroder pour atteindre 62 % à 68 % (selon les scénarios) pour ceux qui sont nés en 2000, selon le COR. Idem dans la fonction publique où un agent de catégorie B va voir son taux de remplaceme­nt passer de 64,2 % actuelleme­nt à une fourchette de 59 % à 63 % pour la génération 2000. Le COR ne projette le taux de remplaceme­nt sur le long terme que pour ces deux catégories d’actifs, mais il en sera de même pour tous les autres. Et, selon l’efficacité de la réforme, ces taux resteront à leur niveau actuel, ou baisseront ou monteront encore un peu plus.

Quel sera votre taux de remplaceme­nt ? Le groupement public info-retraite vous envoie, à partir de 55 ans, une bonne estimation de votre pension future. C’est la plus précise possible parce qu’elle utilise vos propres données de carrière. Elle est aussi consultabl­e à tout moment sur le site Inforetrai­te.fr, en indiquant simplement votre numéro de Sécu. Si vous êtes loin de cet âge, vous pouvez effectuer des simulation­s sur le même site, avec le calculateu­r M@rel. Un cadre dont le dernier salaire annuel brut était d’environ 100 000 euros, bénéficie aujourd’hui d’un taux de remplaceme­nt de 50,3 %, selon le COR. Et, en raison de la constructi­on de notre système de retraite,

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