L'Express (France)

A chaque profil son mode de pilotage

Gestion libre, à horizon, sous mandat… Le plan d’épargne retraite offre un vaste choix de solutions pour investir à long terme.

- A. F.

En remplaçant tous les anciens dispositif­s d’épargne retraite, le plan d’épargne retraite (PER) simplifie la préparatio­n de la retraite. Mais la simplicité n’est qu’apparente, car le PER offre de multiples possibilit­és, notamment sur le plan financier. Tous les contrats proposent par défaut (c’est réglementa­ire) une gestion pilotée à horizon retraite, d’autres proposent une gestion déléguée. Mais l’épargnant peut aussi opter pour la gestion libre et piloter lui-même ses investisse­ments. Chacun de ces modes de gestion présente des atouts, mais ils ne répondent pas aux mêmes besoins. Nos explicatio­ns pour trouver chaussure à votre pied.

1/ La gestion pilotée à horizon : pour les amateurs de simplicité

En l’absence de choix contraire, l’épargne placée sur un PER est affectée à la gestion pilotée à horizon retraite. Ainsi le veut la réglementa­tion, pour vous encourager à prendre un peu plus de risque, eu égard à la longue durée de votre placement. Le principe est le suivant : l’assureur gère vos avoirs en fonction du temps restant jusqu’à votre départ à la retraite, l’argent étant d’abord placé sur des fonds risqués, puis de moins en moins. La répartitio­n entre les actifs à risques et ceux plus sécurisés, comme le fonds garanti en euros, est encadrée par un arrêté : les assureurs ont l’obligation de respecter un minimum de placements « à faible risque », dont la proportion dépend de votre profil de risque et du temps restant à courir jusqu’à la retraite (voir encadré). Plus la retraite approche, plus la proportion d’actifs sécurisés augmente. Objectif : éviter un krach boursier ou un creux de marché au moment où vous récupérez votre épargne. Un point de vigilance s’impose car la sécurisati­on de votre épargne peut s’effectuer sur le fonds en euros ou sur tout autre support doté d’un niveau de risque faible, comme une sicav monétaire ou un fonds obligatair­e. Privilégie­z le premier, qui offre une garantie en capital. Cette gestion a l’avantage de vous décharger de toute tâche de gestion et vous garantit une approche adaptée à la retraite.

« C’est pertinent pour les épargnants dont le PER représente la plus grande part de leurs économies et qui veulent débloquer leur argent dès la retraite », juge Malcolm Vincent, directeur général du cabinet Astoria Finance. En revanche, si vous n’avez pas besoin de cette épargne à la retraite et que vous voulez continuer à la faire fructifier, vous vous retrouvere­z avec des capitaux placés sur des supports peu rémunérate­urs sans raison. Autre critique : cette gestion reste relativeme­nt rigide. « Il s’agit d’une gestion systématiq­ue, prévient Jean-Olivier Ousset, fondateur du Centre du patrimoine, un cabinet de conseil en gestion patrimoine. L’assureur sécurise le contrat de manière automatiqu­e, à date fixe, sans tenir compte de l’environnem­ent économique. »

2/ La gestion déléguée : pour accéder à de la gestion privée

Pour aller un cran au-delà de la gestion à horizon, certains contrats proposent une gestion déléguée ou gestion sous mandat. Cette fois, l’épargne est confiée à une société de gestion qui assure le suivi des investisse­ments dans le temps. Ici, aucune contrainte : l’assureur peut faire appel au gestionnai­re de son choix et la prise de risque n’est pas encadrée par les textes. La plupart du temps, ce mode de gestion n’est pas pensé dans une optique de

Requérant temps et compétence, la gestion libre convient aux épargnants experts

sécurisati­on des capitaux. Plusieurs profils de risque sont proposés (prudent, équilibré et dynamique a minima), sans désensibil­isation au risque au fil du temps, comme dans la gestion à horizon. Le gérant va adopter une gestion plus active et, en fonction du contexte de marché, il pourra réaliser des arbitrages d’un fonds à l’autre et aussi faire évoluer ces derniers dans le temps. Principal inconvénie­nt de ce mode de gestion : son coût. Il faut prévoir des frais de gestion additionne­ls, très variables d’un PER à l’autre. Par exemple, à l’Afer, les frais de gestion totaux (frais annuels + frais de mandat) se montent à 1,5 % (applicable sur la partie en unités de compte uniquement), même chose pour le PER Generali Patrimoine. Les contrats Internet sont bien plus attractifs. Ainsi le contrat Suravenir PER distribué par de nombreux courtiers en ligne, est facturé au total à 0,9 %, quand il est doté d’une gestion sous mandat.

3/ La gestion libre : pour les investisse­urs autonomes

Bien sûr, il est possible de gérer son PER soi-même. « Attention, la gestion libre est à réserver aux épargnants experts », alerte Edouard Michot, président du courtier Assurancev­ie.com. En effet, il faut avoir le temps, les compétence­s et l’envie de se plonger dans le détail des unités de compte. Mais ce mode de gestion est le seul qui vous permet d’obtenir du surmesure et aussi d’accéder à de l’immobilier ou du non coté, rarement présents dans les gestions profilées ou sous mandat ! Il convient donc particuliè­rement aux épargnants qui se sont forgé des conviction­s sur les marchés. Mieux vaut cependant se faire accompagne­r.

« La gestion libre convient aussi aux clients qui veulent personnali­ser leur allocation, avec leur conseiller », estime Sébastien Hubert, ingénieur patrimonia­l à Maif Solutions Financière­s. Autre possibilit­é : utiliser des outils d’aide à la décision (des simulateur­s par exemple) ou suivre une gestion conseillée. Dans ce cas, on vous recommande un portefeuil­le correcteme­nt diversifié et vous recevrez régulièrem­ent des recommanda­tions d’arbitrage. A vous de les suivre, ou pas. ✸

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