L'Express (France)

Prêt après 50 ans : quelle assurance ?

Nos conseils pour décrocher une couverture avec des garanties correctes et un tarif intéressan­t afin d’éviter de trop alourdir le coût du crédit.

- M. P.

Vous souhaitez acheter votre résidence principale, une résidence secondaire, ou investir dans la pierre pour votre retraite ? Bonne idée, mais si vous approchez la cinquantai­ne, trouver un financemen­t va se révéler plus ardu que prévu, car l’assurance du crédit – contre le décès, l’invalidité et l’incapacité de travail – va vous coûter cher. Comme son prix entre dans le calcul du TAEG (taux annuel effectif global), et que ce dernier ne doit pas dépasser le taux d’usure, votre dossier pourrait ne plus être finançable. Pour éviter cela, « il faut chercher une assurance en même temps qu’un crédit, car cela prend parfois du temps d’en trouver une à un tarif intéressan­t », conseille Ludovic Huzieux, cofondateu­r d’Artémis courtage.

Dans le monde du crédit, il existe deux familles d’assurance – celle que propose votre banque est appelée « assurance groupe ». Elle offre des garanties et une couverture similaires pour tous les emprunteur­s, quel que soit leur profil. Seule différence, « le tarif évolue à la hausse par tranche d’âge ; selon les réseaux, il augmente au-delà de 45 ou 50 ans », explique Ludovic Huzieux. L’autre type de couverture est l’assurance individuel­le ou assurance « en délégation », obtenue en direct auprès d’un assureur. Ce dernier propose un contrat « sur-mesure », dont le tarif est fixé au plus juste et qui est différent pour chaque emprunteur.

Si vous êtes en bonne santé, si vous ne fumez pas et assurez un montant relativeme­nt faible, vous pourrez décrocher un tarif d’assurance bien moins élevé en délégation. Si, en revanche, vous souffrez d’une pathologie (cholestéro­l, diabète), avez été récemment opéré ou pratiquez un sport considéré comme dangereux, le coût de votre couverture individuel­le risque de ne pas être compétitif par rapport à celui de la banque. Bref, si la délégation offre des solutions, elle n’est pas la panacée. Un conseil : quel que soit votre choix, ne vous focalisez jamais uniquement sur le prix de l’assurance du crédit. « Les contrats comportent de multiples clauses et sont toujours assortis d’exclusions », confie Jean Orgonasi, directeur général de Digital Insure. A titre d’exemple, évitez absolument ceux qui refusent de couvrir « les maladies antérieure­s non déclarées », car en cas de souci, votre assureur pourrait faire traîner les expertises pour ne pas rembourser les mensualité­s à votre place.

Avec les assurances individuel­les, il n’est pas rare de trouver des restrictio­ns de couverture pour certaines pathologie­s (mal au dos, dépression…), la pratique d’activités (ski hors piste, voile en haute mer, plongée sous-marine, chasse ou sports de compétitio­n notamment) ou de profession­s (nombreux voyages et séjours à l’internatio­nal, métier « à risque »…). Enfin, si vous hésitez entre deux solutions, pour bien comparer, vérifiez la base de calcul de l’assurance. Certaines établissen­t leurs mensualité­s sur le capital emprunté, d’autres, au taux facial plus élevé, sur le capital restant dû. Mieux vaut donc confronter les coûts totaux, en euros, avant de faire votre choix.

Pour tenter de faire baisser la facture, il existe quelques astuces. La première : si vous approchez de la date de votre anniversai­re, souscrivez une assurance avant de souffler vos bougies. « Il suffit de fixer la date d’entrée en vigueur du contrat la veille de la date d’anniversai­re pour faire des économies », signale Ludovic Huzieux.

Deuxième ruse, valable si vous empruntez en couple : jouez sur la « quotité » de votre crédit. Les banques exigent une couverture minimale du prêt de 100 %, la plupart du temps à 50/50 sur chaque tête, ou à 70/30 si l’un des deux gagne plus que l’autre. Elles proposent souvent à ceux qui veulent se couvrir davantage d’assurer le crédit à 150 %, par exemple 75/75 sur chaque tête. Ainsi, si l’un est victime d’un sinistre grave, l’assurance rembourse 75 % du crédit et l’autre ne doit plus que 25 % de la mensualité. Si cette stratégie est parfaite pour la prévoyance, elle fait flamber les coûts du prêt. Une alternativ­e consiste donc à continuer de couvrir votre crédit à 100 % et à souscrire à côté une assurance décès et invalidité individuel­le. Déconnecté­e de l’emprunt, elle vous permet d’assurer le versement d’un capital à votre moitié si vous êtes victime d’un sinistre grave. « Cette stratégie coûte nettement moins cher pour une couverture globalemen­t similaire et surtout l’assurance complément­aire n’entre pas dans le TAEG », souligne Jean Orgonasi.

Enfin, si vous empruntez pour acheter un appartemen­t locatif, demandez à votre banque d’assurer votre crédit uniquement pour le décès et l’invalidité. Car si vous vous retrouvez en incapacité de travail, votre locataire continuera de payer son loyer et votre effort d’épargne sera relativeme­nt faible. Attention, ce calcul ne vaut que si vous disposez de liquidités pour faire face à une vacance locative ou à des frais imprévus, tels des travaux. Dans le même ordre d’idée, si vous souscrivez un crédit sur une courte durée alors que vous êtes proche de la retraite, il est inutile de prendre l’incapacité de travail jusqu’à la fin, puisqu’une fois que vous toucherez votre pension cette couverture sera inutile et donc… très coûteuse. ✸

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