« AFFAIBLIR LA POSSIBILITÉ DE SE CONSTRUIRE DANS UN COLLECTIF »
NON/
Al’heure où l’école publique traverse une crise sans précédent, voici revenu le mythe du chiffon gommeur des inégalités, marotte de la droite et de l’extrême droite défendue aujourd’hui par des membres de la majorité. On le sait pourtant, le port de la blouse n’était pas obligatoire – y compris sous la IIIe République – et visait surtout à se protéger de l’encre. L’uniforme aujourd’hui reste l’apanage des établissements privés les plus huppés. Imposer le port de l’uniforme pour tenter de masquer les inégalités nées de la reproduction sociale n’y changerait rien. Le capital dans la cour de récréation se mesure aisément par d’autres marqueurs : le matériel ou les loisirs sont autant d’éléments de distinction…
L’école que nous défendons est, au contraire, celle de l’émancipation individuelle de l’élève, de l’égalité dans l’accès au savoir et à la réussite. Porter un uniforme, c’est affaiblir la possibilité de se construire et s’affirmer dans un collectif.
Et puis comment ne pas envisager en cette période de disette budgétaire une autre absurdité. Si la charge de l’uniforme (acquisition, entretien…) revenait aux parents, cela viendrait encore renforcer les inégalités. Si elle revenait à l’Etat, elle serait déraisonnable.
Alors que des élèves s’emmitouflent pour tenir dans des salles de classe où la température ne dépasse pas 13° C ; alors que la profession enseignante comme les métiers d’assistant d’éducation ou d’accompagnant des élèves en situation de handicap traversent une crise d’attractivité majeure, faute de revalorisation notamment ; et alors que nous connaissons toujours l’un des pires ratios du nombre d’élèves pour chaque enseignant au sein de l’Union européenne, on ne peut que s’interroger sur ce sens des priorités.
Laissons aux conservateurs le serpent de mer qu’est cette question de l’uniforme, qui cherche plutôt à dissimuler les carences de l’Etat. Préférons-lui la véritable refondation du service public de l’éducation. ✸