LE FILS DE TAÏWAN, TOME 1
PAR YU PEI-YUN ET ZHOU JIAN-XIN, TRAD. DU MANDARIN PAR AN NING. EDITIONS KANA, 176 P., 18,50 €.
Au coeur des tensions entre la Chine et les EtatsUnis, Taïwan fait régulièrement la Une de l’actualité. Les intimidations chinoises envers l’île de 23 millions d’habitants, que Pékin considère comme l’une de ses provinces, font craindre une attaque du régime autocratique contre cette démocratie, qui risquerait d’entraîner le monde dans la guerre. Enjeu géopolitique majeur, l’histoire de l’ex-Formose mérite d’être creusée. Ce récit graphique en quatre tomes, raconte la vie – réelle et mouvementée – de Kunlin Tsai, ancien éditeur aujourd’hui âgé de 92 ans, qui a grandi dans le sud de l’île dans les années 1930, sous l’occupation japonaise. Le jeune garçon parle le dialecte local à la maison et le japonais à l’école. Bon élève, il est enrôlé aux côtés du Japon comme étudiant-soldat en 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui voit Taipei bombardée par les Américains.
La capitulation du Japon n’apportera pas d’accalmie. Le leader nationaliste chinois Tchang Kaï-chek, qui s’est replié sur l’île en 1949 après sa défaite contre les troupes communistes de Mao Zedong, instaure un pouvoir dictatorial. La « terreur blanche » s’abat notamment sur toute personne suspectée de sympathie communiste. Le héros, Kunlin, sera victime de cette répression. « Nous voulions faire mieux connaître à la jeunesse taïwanaise l’histoire de leur île, y compris ses périodes les plus sombres, parfois encore un peu taboues », explique Zhou JianXin, qui a illustré le scénario de Yu Pei-Yun, professeure en littérature de jeunesse. Sensible et très bien documenté, ce témoignage au style sobre et poétique est également précieux pour un public occidental.