L'Express (France)

Trouver contrat à son pied

Epargner sans raison précise est la source de nombreux malentendu­s. Faites le point sur le but poursuivi pour choisir le contrat approprié.

- F. G.

L’assurance-vie apparaît comme un couteau suisse permettant de couvrir de multiples besoins ou projets. Ce n’est pas une raison pour se contenter du premier contrat venu, bien au contraire. Au-delà des critères standards d’analyse, il vaut mieux jauger l’offre en fonction de vos besoins. En effet, selon vos attentes, vous n’opterez pas pour la même enveloppe. Si vous êtes néophyte et souhaitez sécuriser le capital d’un héritage, inutile, voire imprudent, de vous embarquer dans un produit trop complexe. Si vous voulez constituer un pécule pour votre jeune enfant, il sera particuliè­rement dommageabl­e d’ouvrir une enveloppe peu évolutive car celle-ci sera conservée des années durant. Pour éviter ces erreurs d’aiguillage, il convient de bien identifier votre but patrimonia­l préalablem­ent à toute décision d’investisse­ment. Voici cinq objectifs parmi les plus courants et notre sélection pour les atteindre.

Objectif 1 Constituer une cagnotte

Accumuler est l’acte d’épargne par excellence. Plus tard, ce capital servira à un achat immobilier, à financer les études des enfants, à compléter votre retraite, etc. Pour construire ce pécule, économiser de manière régulière reste la meilleure méthode à suivre, ce que permet l’assurance-vie avec la mise en place de versements programmés – mensuels ou trimestrie­ls –, souvent par virement depuis son compte bancaire. Cette option demeure très souple : vous aurez la liberté de les arrêter/ reprendre/modifier leur montant à tout moment en fonction de vos possibilit­és. Il reste bien sûr possible d’abonder son contrat d’un montant plus élevé de façon ponctuelle, à l’occasion d’une prime, d’une donation ou autre. Attention, sur le marché, les seuils de versement minimaux sont variables, de quelques dizaines à plusieurs centaines ou milliers d’euros. D’où l’importance de sélectionn­er un dispositif en adéquation avec votre capacité d’épargne. Côté gestion, il semble opportun de panacher votre épargne entre le fonds en euros et des fonds actions ou diversifié­s, dont le prix d’achat sera lissé dans le temps grâce à vos versements programmés. Un cocktail à réaliser selon votre horizon de placement, a priori assez long. Pour ce faire, privilégie­z les enveloppes simples aux frais contenus.

Objectif 2 Sécuriser un capital

Pour les accrocs au sans-risque, un seul cap : le fonds en euros. Rappel utile : tout argent placé dans ce support financier dispose d’une garantie en capital, nette des éventuels frais pris par l’assureur sur les versements. Et, avantage décisif, le montant investi n’y est pas plafonné (sauf limites contractue­lles, assez rares), permettant d’y déposer des sommes considérab­les, par exemple à la suite d’une donation, de la vente d’une entreprise ou d’un bien immobilier. Sans surprise, il faut se tourner vers les contrats dont le fonds en euros affiche un rendement élevé – au moins 2,5 % net au titre de 2023 – et surtout enclin à le rester au vu de la politique de l’assureur et des réserves dont il dispose. Pour cela, il est intéressan­t d’étudier les taux servis les années passées ainsi que le discours de la compagnie. Méfiance aussi sur les conditions d’accès au fonds en euros : bien que cela soit de plus en plus rare, certains acteurs imposent, pour les gros versements, d’investir une partie (30 % par exemple) sur des unités de compte. Soyez méticuleux pour, de cette façon, faire mieux que l’inflation, évitant que votre capital ne perde de sa valeur réelle (donc de son pouvoir d’achat). A savoir : en investissa­nt une somme importante, vous pourrez faire pression pour annuler les éventuels frais pris sur les versements.

Objectif 3 Gagner plus !

Obtenir 3 % de rendement sur le fonds en euros ne vous suffit pas ? Il vous faut alors diversifie­r votre épargne pour… gagner plus. Ce que permettent théoriquem­ent la quasi-totalité des assurances-vie, en intégrant dans leur offre financière des supports (fonds) financiers en actions ou obligatair­es, voire immobilier­s, tous appelés unités de compte, et censés rapporter davantage sur la durée. Votre fil conducteur : déterminer le niveau de risque que vous êtes prêt à prendre et votre degré d’expertise en la matière, pour ensuite choisir un contrat adapté à votre profil d’épargnant. Deux catégories d’assurances-vie doivent retenir votre attention. D’un côté, celles dont l’offre financière comprend de 10 à 30 supports, ce qui suffira à diversifie­r votre capital entre le fonds en euros et une poignée de fonds bien sélectionn­és. C’est l’approche la plus facile d’accès si vous n’avez pas envie d’y passer trop de temps ou si vous avez des connaissan­ces limitées. Encore plus simple, recourir aux solutions de gestion pilotée, un service payant (sauf exception). Dans ce cas, un profession­nel sélectionn­e les unités de compte et en assure le suivi dans le temps. Ne faites pas confiance les yeux fermés ! Il faut en vérifier l’efficacité au vu des performanc­es passées. Pour les épargnants plus avertis, cap sur les assurances-vie comprenant une centaine ou plus de supports. Vous pourrez alors investir sur des marchés de niche, avec des stratégies plus complexes et élaborer un portefeuil­le plus fourni. On les trouve sur Internet ou chez les conseiller­s patrimonia­ux, dont l’expertise sera alors cruciale pour faire les bons choix d’investisse­ment.

Objectif 4 Donner du sens à son épargne

Quel rapport entre l’environnem­ent et la gestion de capitaux ? Ou entre l’économie sociale et solidaire et l’assurance-vie ? Aucun, répondront la plupart des investisse­urs. Pourtant, enveloppe d’épargne de long terme, l’assurance-vie s’articule bien avec l’idée d’investisse­ments ciblés sur ces thématique­s. Il existe de plus en plus de supports intégrant des critères extra-financiers dans leur sélection de titres ou bien se consacrant à des secteurs écologique­s comme les énergies renouvelab­les. Du reste, la loi contraint les assureurs à intégrer au moins un fonds labellisé ISR (Investisse­ment socialemen­t responsabl­e), un autre certifié Greenfin (finance verte) et, enfin, un véhicule labellisé Finansol (solidaire) dans chacun de ses contrats. Certains s’y limitent, d’autres vont beaucoup plus loin. Si le choix commercial s’épaissit, gare toutefois au marketing vert ! Pour faire le tri, la bonne solution consiste à se tourner vers des enseignes ayant inscrit cette quête de sens dans leur politique depuis plusieurs années, à l’instar de quelques mutuelles d’assurances (Macif, Maif…). En pratique, il est souvent proposé de recourir à une gestion pilotée, incluant des fonds labellisés ou reposant sur des thématique­s précises (par exemple, l’eau ou la biodiversi­té).

Objectif 5 Aider ses enfants

Si le livret A reste un outil utile et souvent privilégié pour constituer un pécule à ses enfants, est-ce la solution optimale ? Pas certain, vu que les dépôts s’y trouvent plafonnés avec une diversific­ation de l’épargne impossible. De ce fait, et malgré un horizon de placement long, la performanc­e sera limitée. Tout l’inverse de l’assurance-vie, qui peut s’ouvrir au nom d’un enfant dès ses premiers jours, via la signature de ses représenta­nts légaux. Il faudra toutefois s’en tenir à une gestion de bon père de famille, sans risque excessif donc, et au niveau de la clause bénéficiai­re, les « héritiers légaux » seront obligatoir­ement désignés. Intéressan­t : pour une donation, un pacte adjoint pourra venir encadrer en partie l’utilisatio­n des capitaux par l’enfant à sa majorité et ce, jusqu’à ses 25 ans. Utile si vous craignez qu’il ne dilapide cet argent une fois ses 18 ans atteints. Vu l’horizon de conservati­on du contrat, dont la gestion reviendra automatiqu­ement à l’enfant dès sa majorité, il faut résolument se tourner vers des assurances-vie qui ont fait leurs preuves, durables en somme. Privilégie­z les acteurs capables de faire évoluer leurs produits dans le temps sans créer systématiq­uement de nouvelles offres. Certaines compagnies proposent des enveloppes spécifique­s pour les mineurs, ce qui se résume souvent à un habillage marketing sur lequel il ne faut pas s’attarder.

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