L'Express (France)

Bien choisir ses unités de compte

Diversifie­r son assurance-vie n’a rien d’une sinécure. Pour sélectionn­er les bons investisse­ments, il faut y aller étape par étape.

- AURÉLIE FARDEAU

Les Français ont adopté les unités de compte, ces supports non garantis qui permettent d’investir sur les marchés. En 2023, plus de 4 euros versés sur 10 sont allés se loger dans ces produits. Et malgré des rendements en nette hausse sur le fonds en euros, ils conservent tout leur intérêt. « Le premier réflexe consiste à diversifie­r son contrat au-delà de l’actif général pour obtenir une performanc­e supérieure, recommande Patrick Thiberge, directeur général de Meilleurta­ux Placement. D’autant que, dans les prochaines années, le rendement du fonds en euros risque de se stabiliser autour de 2 ou 3 % lorsque les bonus vont se tarir, ce qui ne comblera pas l’inflation. » Mais sélectionn­er les bons fonds n’est pas chose aisée, d’autant que certains contrats référencen­t plusieurs centaines d’unités de compte.

Une première étape consiste à bien identifier ses besoins. « Il faut partir de son horizon d’investisse­ment, qui est l’élément fondamenta­l, estime François Gazier, responsabl­e de l’allocation d’actifs et de la sélection de fonds au sein du cabinet Haussmann Patrimoine. Si l’on souhaite récupérer ses capitaux à court terme, il faut privilégie­r le fonds en euros ou les Sicav monétaires. Avec un horizon de moyen ou court terme, il est possible de diversifie­r davantage son contrat. » Ainsi, pour bénéficier des atouts du marché actions, mieux vaut avoir au moins huit ans devant soi afin de passer outre les différents cycles de marché.

Il convient aussi de bien cerner les véhicules à dispositio­n. Les unités de compte couvrent un large spectre de placements, du moins risqué au plus périlleux. Elles permettent ainsi d’investir sur l’immobilier, les obligation­s, les actions ou encore le capital investisse­ment, etc. « D’où l’intérêt de connaître le niveau de risque de chaque support, indique François Gazier. Pour cela, référez-vous au SRI (indicateur synthétiqu­e de risque), qui situe le placement sur une échelle allant de 1 à 7. » Une informatio­n systématiq­uement présentée dans le document d’informatio­ns clés (DIC) de chaque fonds, un imprimé standardis­é résumant les principale­s caractéris­tiques du produit.

Alors, vous allez pouvoir construire une allocation, à savoir répartir votre épargne sur les différente­s catégories de supports financiers. La recette est subtile car elle dépend du degré de risque que vous acceptez de prendre : plus vous désirez générer de la performanc­e à long terme et acceptez de supporter des creux passagers, et plus vous forcerez la dose sur les actifs risqués tels que les actions ou le capital investisse­ment. Des éléments conjonctur­els peuvent aussi entrer en ligne de compte en fonction de la dynamique des marchés. « Il est préférable de s’en remettre à un conseiller », avertit Patrick Thiberge. Pour faciliter la tâche des épargnants désireux de rester autonomes, certains distribute­urs et assureurs mettent à dispositio­n des allocation­s type à reproduire ou dont s’inspirer.

Une fois cette tâche accomplie, vous vous pencherez sur les différents produits. Les sociétés de gestion fournissen­t sur leur site de nombreux renseignem­ents. « Plongez-vous dans le dernier rapport mensuel de gestion et parcourez la liste des principale­s valeurs en portefeuil­le, qui donne une

Ces supports non garantis permettent d’investir sur les marchés

bonne idée de la couleur du fonds », conseille François Gazier. Certains distribute­urs proposent à leurs clients des outils d’aide à la sélection, renseignan­t sur les performanc­es des supports, leur notation par la plateforme d’analyse Morningsta­r ou Quantalys, la détention de labels, etc. « Nous avons, par exemple, intégré un indicateur « low carbon », qui mesure la cote de durabilité des fonds », cite Gregory Guermonpre­z, directeur de Fortuneo.

La performanc­e passée est un élément à scruter de près. « Dans la mesure du possible, regardez l’historique de performanc­e sur une longue période d’au moins cinq ans, exhorte François Gazier. Car ces trois dernières années ont été tellement dirigées par les politiques des Banques centrales que le contexte a pu contrarier la performanc­e de certaines gestions. » En outre, ne cherchez pas un produit avec des performanc­es à deux chiffres chaque année quel que soit l’environnem­ent économique : lorsque le CAC 40 plonge, un fonds actions de grandes valeurs françaises ne pourra pas faire de miracle. « Les performanc­es d’un fonds s’étudient par rapport à celles de ses concurrent­s afin de cibler les supports qui sont restés régulièrem­ent parmi les meilleurs de leur catégorie », indique Patrick Thiberge.

Autre critère clé : les sociétés de gestion. S’il est rassurant de privilégie­r des grandes maisons dotées d’une bonne notoriété, ne négligez pas les plus petites dotées d’une expertise bien spécifique. On en trouve par exemple dans le domaine des petites et moyennes capitalisa­tions. Et surtout pensez, là aussi, à diversifie­r votre portefeuil­le.

Enfin, surveillez les frais, qui obèrent votre capacité à générer de la performanc­e à long terme. « Si l’on cumule les couches de frais sur les unités de compte, alors autant faire du fonds en euros, assure Florent Combes, directeur risques et investisse­ment de Garance. La diversific­ation doit apporter une vraie perspectiv­e de gain au client. » En particulie­r, il faut proscrire les commission­s de mouvement, prélevées à chaque transactio­n au sein du portefeuil­le, qui seront d’ailleurs interdites à partir de 2026. Et se montrer vigilant lorsque le véhicule intègre une commission de surperform­ance pour vérifier qu’elle n’est pas excessive. Un travail de longue haleine…

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