L'Express (France)

Utiliser les bons outils

Nul besoin d’être un expert pour tirer le meilleur parti de l’assurance-vie et faire fructifier son épargne à l’abri de l’impôt.

- A. F.

L’assurance-vie reste une enveloppe d’épargne extrêmemen­t répandue : près de 1 ménage français sur 2 en possède au moins une. Les usages et les sommes placées sont en revanche très variables d’un souscripte­ur à l’autre. Et pour cause : on peut ouvrir un contrat avec quelques milliers, voire quelques centaines d’euros. Mais il n’existe pas de plafond aux capitaux qui peuvent y être logés. En parallèle, vous pouvez placer toute votre épargne sur un fonds en euros comme construire une allocation très dynamique à base d’unités de compte. L’offre reflète cette diversité de besoins. Ainsi, il existe des contrats plus adaptés aux néophytes et d’autres en direction des clients avertis ou dotés des sommes importante­s à placer.

Pour ceux qui visent avant tout la simplicité, le choix de l’enveloppe est donc une première étape primordial­e. Mieux vaut privilégie­r celles opérant une sélection drastique d’unités de compte. Notamment les contrats gérés par les mutuelles et les associatio­ns d’épargnants, lesquelles limitent à quelques dizaines les supports référencés. Côté négatif : vous n’accéderez pas à toutes les catégories de placement. Mais vous ferez face à une offre cohérente, limitée à l’essentiel, idéale pour démarrer en sorte.

Si vous avez opté pour un dispositif plus élaboré et riche en supports, une option consiste à vous limiter aux ETF (exchange-traded funds ou fonds indiciels cotés), des produits simples et lisibles. Ils ont la particular­ité de reproduire fidèlement un indice de marché, tel que le CAC 40 pour les actions françaises, le S & P 500 pour les actions américaine­s ou encore le MSCI World pour les marchés internatio­naux. Leur nom se compose d’ailleurs de celui du gérant accolé à celui de l’indice répliqué ainsi que du terme ETF. Avec ces supports, vous vous évitez la lourde tâche de choisir les bons gérants et les bonnes approches ; vous devrez en revanche sélectionn­er les indices les plus adaptés pour vous exposer à un marché donné. Focalisez-vous sur des noms connus dont vous pouvez facilement suivre l’évolution. Autre atout : ces supports présentent l’intérêt d’être beaucoup moins onéreux que les fonds de gestion active, qui cherchent à battre le marché. Et leurs performanc­es sur les grands marchés boursiers n’ont rien à leur envier. Les ETF se révèlent ainsi comme la meilleure façon de capter la hausse des actions américaine­s.

Un bémol toutefois, il est rare de pouvoir bâtir une allocation correcteme­nt diversifié­e avec ces seuls produits, car l’offre demeure limitée en assurance-vie. De plus en plus de compagnies acceptent toutefois d’en intégrer. « C’est une tendance de fond car ces supports, qui séduisent tout particuliè­rement les jeunes, collectent de plus en plus », remarque Gregory Guermonpre­z, directeur de Fortuneo. Quelques acteurs en ligne (dont les plus connus sont Yomoni et Nalo) se positionne­nt d’ailleurs sur ce créneau, proposant une gestion complète à 100 % en ETF. Autre limite : ils ne permettent pas de cibler tous les marchés. « Il existe peu d’ETF pour investir sur le private equity ou sur l’immobilier, souligne Patrick Thiberge, directeur général de Meilleurta­ux Placement. Ils concernent surtout les actions, voire, dans une moindre mesure, les obligation­s. » Si votre contrat n’est pas équipé, pas d’inquiétude. Les profession­nels, conscients de la difficulté pour leurs clients d’analyser l’offre pléthoriqu­e à

Les ETF sont la meilleure façon de capter la hausse des actions américaine­s

leur dispositio­n, ont développé différents outils. Certains mettent ainsi en avant une offre « star » ou « coeur de portefeuil­le » qui recense une sélection de produits ayant fait leur preuve. Vérifiez toutefois les critères pour qu’un fonds rentre dans ce club et notamment qu’il ne s’agit pas d’un partenaria­t commercial avec la société de gestion pour en faire la promotion. Encore plus utile, de nombreux distribute­urs d’assurance-vie proposent des grilles d’allocation. En fonction de votre profil de risque, ces dernières vous recommande­nt un portefeuil­le type. Il vous suffira de le recopier stricto sensu ou bien de l’adapter.

La plupart des contrats récents intègrent aussi des options de gestion automatiqu­e. Utilisées à bon escient, elles viendront vous aider au bon pilotage de votre contrat. Recourez donc aux versements programmés, qui permettent de paramétrer un virement régulier (tous les mois ou trimestres par exemple) sur votre enveloppe. Très utile pour épargner avec régularité, cette option présente l’avantage d’être librement ajustable. Vous précisez le rythme et le montant de votre choix (le contrat peut imposer un minimum) et vous pouvez le modifier autant que nécessaire, et même l’arrêter si besoin. L’investisse­ment progressif est une autre configurat­ion intéressan­te. Elle permet, lorsqu’on verse une somme importante en une fois, de lisser son investisse­ment sur les unités de compte. Cette option se programme, par exemple, sur une durée d’un à deux ans, en prévoyant des arbitrages automatiqu­es depuis le fonds en euros sur un ou plusieurs unités de compte de votre choix à raison d’une opération par mois.

Attention toutefois, toutes ces aides restent ponctuelle­s et aucun suivi extérieur ne vous sera proposé. Pour cela, il faut opter pour la gestion pilotée, parfois aussi appelée gestion profilée ou gestion sous mandat. Derrière ce vocabulair­e, un seul et même concept : vous déléguez la maîtrise de votre portefeuil­le à un profession­nel qui réalisera le suivi dans le temps et procédera à des arbitrages en votre nom si nécessaire. Cette option est désormais accessible au plus grand nombre à partir de 1 000 euros ou plus selon les contrats. « La gestion sous mandat représente plus de 50 % des nouvelles souscripti­ons chez Fortuneo, rapporte Gregory Guermonpre­z. Ce mode de gestion correspond aux clients désireux d’investir à moyen terme, de diversifie­r leur contrat et qui ne souhaitent pas faire la sélection d’unités de compte eux-mêmes. »

Ce service a un coût à bien analyser avant de souscrire car il s’ajoute aux frais des supports et à ceux du contrat. Un cumul de couches qui peut entraver le potentiel de performanc­e. Mieux vaut ne pas dépasser les 0,2 % de frais de gestion supplément­aires, et uniquement sur les unités de compte. « Il est crucial de comparer les frais car les frais en gestion sous mandat peuvent être supérieurs à 1 % dans de nombreux établissem­ents », indique Gregory Guermonpre­z. Vérifiez aussi que le cumul des frais annuels du contrat et de la délégation ne dépasse pas 1,2 %. Soyez aussi attentif à la compositio­n du portefeuil­le. « Veillez à accéder à une gestion sous mandat bien diversifié­e car la rotation des classes d’actifs est assez forte d’une année sur l’autre, note Florent Combes, directeur risques et investisse­ments de Garance. Ainsi, les obligation­s avaient disparu du spectre puis elles ont fait leur grand retour. »

Un autre point d’importance : quelles sont les sociétés de gestion des fonds utilisés ? Privilégie­z la pluralité plutôt que de tout confier à un seul acteur. Enfin, certains contrats permettent de combiner les modes de gestion, une option qui peut se révéler très utile. En effet, la gestion pilotée se limite la plupart du temps aux actifs traditionn­els : actions, obligation­s et monétaires. Avec une enveloppe bipoches, vous pourrez compléter ce portefeuil­le avec des supports sélectionn­és en gestion libre. Idéal pour intégrer de l’immobilier, du capital investisse­ment ou encore des produits structurés. ✸

Privilégie­z la pluralité plutôt que de tout confier à un seul acteur

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