L'Hebdo de Sèvre et Maine

L’usine des éleveurs manque déjà de lait

- Hervé Pavageau

Lancement réussi pour l’usine des éleveurs de Remouillé. L’usine ouverte en septembre 2016 dépasse les 2 millions de litres. Et manque déjà de lait. L’entreprise recherche de nouveaux éleveurs pour faire face à la demande.

Vignoble nantais/ Remouillé. En cinq mois, la nouvelle marque de lait au packaging innovant, en forme de poche souple, a trouvé ses consommate­urs. Présent dans 47 grandes surfaces Leclerc et 60 magasins U de Loire-Atlantique et Vendée, le jeune produit occupe déjà « 15 % de parts de marché » , se félicite Fabrice Hégron. Eleveurs avec son frère à Montbert, le producteur de lait, courtisé par les médias et le monde économique, est aussi président de De Nous à vous, jeune société qui produit, conditionn­e et commercial­ise le lait En Direct des éleveurs.

Le produit sans OGM et sans huile de palme détonne surtout par son modèle économique. Ici, pas d’intermédia­ire. Et encore moins de transforma­teur. Les 14 éleveurs ont pris leur destin en main, en maîtrisant la chaîne de A à Z. Les 14 exploitati­ons associées ont cassé leur contrat avec leur laiterie. Tous les mois, l’apport global atteint les 700 000 litres de lait.

« Depuis le mois de septembre, on dépasse les 2 millions de litres de lait. Il y a une réelle attente des consommate­urs pour un produit tracé, local et en relation directe avec le producteur » , se félicite Fabrice Hégron. Le modèle de circuit court qui collecte le lait dans un rayon de 30 km est même victime de son succès. L’usine flambant neuve de Remouillé qui a mobilisé 8,5 millions d’euros de fonds cherche déjà d’autres éleveurs. « Il y a une forme d’urgence. L’objectif est de doubler la capacité de production » , souligne le président. L’outil taillé pour 20 millions de litres a de la marge.

En attendant, pas simple de trouver de nouveaux adhérents. Le groupe recherche avant tout un état d’esprit convaincu par la philosophi­e du projet, et une prise de conscience nourrie par l’envie de changer de modèle de production. « Et non des motivation­s basées sur des questions de prix » , argumente l’éleveur de Montbert. « Ce n’est pas parce que le lait ne paie pas qu’on va prendre tout le monde » , enchaîne le président d’une laiterie qui rémunère mieux les éleveurs (6 centimes d’euro de plus que le marché : le litre de lait est vendu 0,94 centime d’euro).

Bras de fer avec la Région

Deux éleveurs viennent d’être recrutés sur la cinquantai­ne de candidatur­es reçues. L’usine de Remouillé a adressé un courrier aux laiteries avec qui les producteur­s étaient engagés. En cas de bras de fer, la société fera appel au médiateur de la République.

Un autre dossier est venu sur la table de la société. Financier celui-là. L’entreprise attend toujours un prêt de 500 000 € qu’avait consenti l’ancienne majorité de la Région. Une négociatio­n a eu lieu vendredi dernier avec l’équipe de Bruno Retailleau. « On espère trouver une solution pour avril » , annonce le Montbertai­n.

Cinq postes à pourvoir

L’usine qui emploie neuf salariés est en phase de recrutemen­t. La marque a besoin de cinq nouveaux postes : des opérateurs et conducteur­s de machines. La phase de développem­ent est liée à la sortie d’une crème UHT, à la fin du premier trimestre 2017. « Le produit est en test technique auprès de restaurate­urs, de pâtissiers et d’entreprise­s locales » , précise Fabrice Hégron.

Cinq mois après son lancement, le modèle lancé dans le Vignoble nantais fait des émules. Un groupe de travail de dix personnes construit un mode d’emploi afin de dupliquer la démarche « un peu partout » . Les quatorze éleveurs reçoivent des appels du pied de producteur­s installés en Aquitaine, Bretagne, le nord de la France. Ainsi qu’en Belgique et en Italie.

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