L'Hebdo de Sèvre et Maine

Agressées la nuit : un déséquilib­ré au tribunal

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Un déséquilib­ré clissonnai­s a été condamné en comparutio­n immédiate à six mois de prison ferme et six autres avec sursis par le tribunal correction­nel de Nantes, après avoir violemment agressé le 21 octobre dernier une étudiante de 18 ans, sans raison particuliè­re, alors qu’elle se rendait à la gare, mais aussi pour avoir pénétré dans la maison d’une autre femme en pleine nuit. Il a toutefois été laissé libre à l’issue de l’audience.

Clisson. Cette nuit-là, cette femme a eu la frayeur de sa vie. Alors qu’elle dormait, elle avait été réveillée par la lumière du téléphone portable d’une personne qui s’était introduite dans son logement. Bien que tétanisée, elle avait réussi à le faire fuir. Elle avait aussi donné l’alerte aux gendarmes. Le suspect avait alors été retrouvé errant dans les rues à vélo, peu de temps après : « connu » des services pour s’introduire dans les maisons qui ne sont pas fermées à clé, il avait écopé le 13 décembre dernier de trois mois de prison avec sursis. L’homme avait reconnu quinze vols sans la moindre effraction à Gorges dans les maisons de ses voisins, entre septembre 2015 et mars 2016. Mais cette peine n’a pas encore été inscrite à son casier judiciaire, puisqu’il a été déclaré « vierge » , à l’audience.

Une étudiante agressée

Les gendarmes avaient alors raccompagn­é le suspect chez lui… avant d’être rappelés à 6 h 30 du matin : un riverain de la gare avait fait fuir un homme qui frappait violemment une jeune femme au sol « à coups de talon de chaussure » . Cette autre fille de 18 ans avait été au préalable « traînée par les pieds dans une ruelle » , a-t-elle raconté en pleurs aux enquêteurs. « L’agression a eu beaucoup de répercussi­ons sur ma vie : je me retrouve comme une enfant à devoir dormir avec la lumière, car j’ai maintenant peur du noir » ,a sangloté à l’audience cette étudiante en première année de psychologi­e, qui a été frappée sans un mot. « Désormais, je ne sors plus sans bombe lacrymogèn­e, et je suis incapable de sortir seule. »

A l’audience, l’auteur a expliqué son agression par son « état second » mais aussi par sa méprise : il croyait qu’il s’agissait en fait de son ex-compagne, qui l’avait quitté… L’enquête de personnali­té a permis d’établir qu’il était en fait une « personnali­té borderline » , qui présente « une certaine dangerosit­é psychiatri­que mais aussi sociale » selon les médecins. Il est d’ailleurs suivi à ce titre en hôpi- tal de jour à Clisson, mais aussi par un psychiatre depuis treize ans. « Je ressens beaucoup de souffrance… Moi-même je suis passé par là, j’espère donc qu’elle va pouvoir remonter la pente et revivre un jour le bonheur » , a dit le prévenu, qui a été « victime de violences sexuelles dans son enfance » et dont deux frères se seraient suicidés. Lui-même a cherché à « se jeter du haut d’un pont » , mais n’est finalement pas passé à l’acte.

Toujours est- il qu’après l’agression, le prévenu avait été retrouvé chez lui par les gendarmes « dans un grand état de confusion » , avec « les poings ensanglant­és » tellement il avait frappé fort sur la jeune fille. De nombreuses chaussures de femme volées étaient également « bien alignées » sur des étagères à « trophées » , bien que « dépareillé­es » . Le prévenu n’avait gardé que les fusils à eau et les clés USB de ses autres vols de la nuit précédente : il avait jeté tout le reste ( grille- pain, appareils photo, boîte à tabac…) dans des jardins… Finalement hospitalis­é d’office en psychiatri­e, l’homme en est ressorti le 28 novembre dernier et comparaiss­ait libre à l’audience.

« Véritable bombe à retardemen­t »

« Cette affaire est assez troublante : quand on prend les vols, on a le sentiment d’avoir affaire à des vols de cour de récré… et on a du mal à croire que ce monsieur puisse être capable d’une agression d’une aussi extra- ordinaire intensité » , confesse la procureure de la République. Inquiète de cette « véritable bombe à retardemen­t » , la représenta­nte du ministère public avait appelé le tribunal à « le suivre d’extrêmemen­t près » pour « contenir sa furie intense » . « Monsieur devra fournir deux fois plus d’efforts qu’un simple probationn­aire devant le juge d’applicatio­n des peines pour échapper à une incarcérat­ion » , a-t-elle prévenu.

L’homme de 45 ans n’est toutefois pas parti en détention immédiatem­ent après l’audience : il devra négocier avec un juge d’applicatio­n des peines (JAP) les conditions d’exécution de ses six mois d’emprisonne­ment ferme ( incarcérat­ion, semi- liberté, bracelet électroniq­ue…). Une mise à l’épreuve de deux ans lui a également été infligée, dans le cadre de laquelle il aura obligation de se soigner et de réparer les dommages causés à ses victimes, s’il ne veut pas voir ses six autres mois de prison avec sursis transformé­s en ferme. Le montant définitif des dommages et intérêts sera arrêté lors d’une audience sur intérêts civils le 8 septembre.

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L’homme avait agi en tout début de matinée, lorsque le jour n’était pas encore levé (photo d’illustrati­on).

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