Ils cultivent un maïs moins gourmand en eau
Pour échapper aux maïs hybrides tenus par les plus gros semenciers, gourmands en intrants et en eau, une cinquantaine d’agriculteurs reviennent aux semences de maïs naturel en Loire-Atlantique. De vieilles variétés rassemblées sous le terme de maïs « population ». Elles poussent notamment au Gaec Malabrit à Vieillevigne et la ferme Saint-Hubert à Machecoul, deux exploitations laitières qui accueilleront les 2e rencontres nationales, les 7 et 8 septembre prochains, pour un partage des savoir-faire et une promotion de ces espèces végétales.
Vieillevigne. Ils font partie de ceux qui prônent une autre agriculture. Moins productiviste, plus respectueuse de la nature, ou encore moins dépendante des lobbies. Ces paysans ont eu, par exemple, envie de revenir à une culture de maïs population. Ces variétés originelles appelées Grand roux basque, Poromb, Lavergne ou rouge d’Astarac avant que les semenciers en fassent des hybrides. « On a commencé à s’y intéresser il y a une dizaine d’années, quand on est passé en bio, raconte Mathieu Hervouet, du Gaec Malabrit à Vieillevigne. Il y a une réflexion globale sur le fonctionnement de l’exploitation. On entendait parler des OGM. On voulait se détacher des grands semenciers qui vendent chèrement l’hybride. Cela faisait deux raisons. Chez nous, le maïs qui pousse sur environ cinq hectares sert à nourrir nos vaches laitières. Ce n’est qu’un complément puisque les bêtes pâturent une grande partie de l’année (ndlr. elles se nourrissent d’herbe). On a donc testé ces semences. Il y avait une cohérence d’ensemble » . Et les ont adoptées. Bien qu’au départ, peu conseillés, les trois associés vieillevignois ont fait une drôle de tête quand ils ont vu les épis pousser de toutes les tailles et avec différentes maturités. Ils ont insisté.
« C’est un choix de culture qui mérite de passer du temps au départ, pour observer comment évolue la plante, de faire attention où il est planté (à l’écart des maïs hybrides). Et d’être conseillés sur la variété qui correspond le mieux au besoin de la ferme. Sinon, c’est l’échec assuré, » insiste Dominique Chouin, paysan à Machecoul. Sa ferme Saint-Hubert fait partie de la cinquantaine, en Loire-Atlantique, qui font pousser des maïs population. Des agriculteurs totalement convaincus.
« Les études montrent qu’il n’y a pas de différence de rendement avec les maïs hybrides. Pour faire simple, on dira que le maïs popula- tion est moins soumis aux aléas climatiques, notamment la sécheresse, que l’hybride, » constate Domitille Cribier, animatrice au Civam 44 (centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural en Pays-de-la-Loire). Donc nettement moins gourmand en eau et en intrants. « Outre l’aspect financier et environnemental, le maïs population permet au paysan une réappropriation de son savoir-faire. Et ça, ça n’a pas de prix, » exprime Dominique Chouin. « Quand on achète les semences hybrides sur catalogue, c’est 200 € l’hectare, note son confrère. Quand on les fait soi-même, c’est du travail, mais au moins on apprend à sélectionner. Et en plus, avec les maïs population, je n’ai jamais vu une par- celle cramer entièrement sur un coup de sec. On a parfois moins, parfois plus qu’avec les hybrides, et ça motive pour continuer les recherches ! »
Le Civam joue un rôle essentiel pour les agriculteurs cultivant du maïs population. Il permet l’échange des semences qui est interdit directement entre professionnels. Pour l’instant, ces paysans ne représentent qu’un grain de maïs à l’échelle d’un champ, mais comptent bien coloniser d’autres confrères, dépités par le système agricole actuel qui permet de moins en moins de vivre correctement. Un des nombreux messages qui sera passé lors des 2e rencontres nationales des maïs population les jeudi 7 et vendredi 8 septembre prochains.