« On nous prenait pour des nulles »
L’Etoile mouzillonnaise développe le football féminin depuis plusieurs années. Le club compte deux équipes seniors, dont une a évolué en division d’honneur (DH) la saison passée. Mais il y avait un véritable fossé entre l’équipe de Mouzillon et ses adversaires. Le manque d’installations suffisantes a compliqué la préparation des sportives.
C’est à Pont-Caffino, sur Château-Thébaud, que 16 footballeuses mouzillonnaises se sont donné rendez-vous pour leur premier stage de la saison, en régionale 2. Nicolas Allart, leur entraîneur, a concocté un programme de reprise assez soft, destiné à ressouder un groupe qui selon lui a beaucoup souffert. Afin « qu’elles abordent ce nouveau championnat dans les meilleures dispositions possibles » . Après une année difficile que les joueuses qualifient comme « l’enfer » .
Un défi de taille
L’an dernier, à la même époque, les seniors féminines acceptaient un défi de taille, celui de jouer en division d’honneur, soit deux divisions au-dessus de leur championnat. « Il y avait un véritable niveau d’écart entre nous et les autres clubs, expliquent les joueuses. Certaines équipes nous regardaient de haut, nous prenant vraiment pour des nulles, ça fait très mal » .
Les infrastructures du club*, limitées, rendaient la tâche encore plus dure : « On s’entraînait sur un quart de terrain, parce qu’il n’y a pas assez de place pour toutes les équipes du club. On se blessait régulièrement à cause du mauvais état des terrains, que ce soit le stabilisé ou celui en herbe. Nos adversaires bénéficiaient de salles de musculation pour améliorer le renforcement musculaire, s’entraînaient sur de vrais terrains synthétiques, mais nous, on n’avait pas le droit au même régime de faveur » .
Le manque de préparation physique se ressentait sur le terrain, et les moqueries s’amplifiaient dans les vestiaires, dès lors que l’adversaire visitait les locaux du club de Mouzillon. « Les équipes adverses nous disaient être reçues comme des clochardes, et nous narguaient avant, pendant et après le match, affirment les Mouzillonnaises. Nous sommes conscientes que Mouzillon est une petite commune et que ses installations sont entretenues en fonction de ses moyens, mais on a pris cher à ce sujet » .
L’Etoile mouzillonnaise de gymnastique dispose de vestiaires dans la salle Eugène Guérin qui sont utilisés tous les week- ends ou presque. Quelques fois dans la saison, la gym leur a prêté les vestiaires, alors les footballeuses ont pu utiliser des sanitaires en meilleur état.
« La boule au ventre »
« On a représenté les couleurs de Mouzillon au plus haut niveau de la compétition, poursuivent-elles. Chaque semaine, avant le match nous avions la boule au ventre, et on se demandait quelle moquerie allait encore nous tomber sur le coin du nez. Malgré cela, nous nous sommes accrochées, nous n’avons jamais lâché et nous sortons de cette histoire avec un esprit d’équipe beaucoup plus fort. Il fallait vraiment qu’on aime notre club pour continuer et ne pas abandonner, et pourtant peu de Mouzillonnais nous ont soutenues… Paradoxalement, ce sont les habitants des villes autour qui nous encourageaient, ou nos collègues de travail » .
Les joueuses trépignent maintenant d’impatience de retrouver les terrains : « Nous sommes pressées de démarrer ce championnat et de voir si on a progressé, et enfin savoir si notre séjour dans l’élite a été bénéfique. Nos objectifs cette année sont de gagner, de nous faire plaisir en jouant, de progresser et de reprendre confiance en nous » .
Du côté du club, on souhaite cette saison conserver les effectifs actuels en régionale 2 et de resserrer les écarts entre l’équipe A et l’équipe B.
* Concernant les infrastructures sportives, des études ont été menées conjointement par le club et la municipalité de Mouzillon, sur lesquelles L’Hebdo reviendra prochainement.