Drame de la 2X2 voies : le responsable ne retourne pas en prison
L’automobiliste qui avait tué une mère de famille vendéenne, le 29 octobre 2016, à hauteur de Vallet, alors qu’il roulait à contresens sur la 2x2 voies Nantes-Cholet avec 2,67 grammes d’alcool dans le sang, a été condamné la semaine dernière à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes.
Vallet. Le procès devait se tenir avant l’été. Il avait été reporté à la rentrée. Sortant de neuf mois de détention provisoire, ce rendez-vous devant le palais de justice avait permis de mettre fin à son incarcération. L’homme de 51 ans n’y retournera vraisemblablement pas. Il convertira ses quatre mois restants sous une forme alternative à l’incarcération après avoir rencontré le juge d’application des peines (JAP). « Aussi dangereux soit-il sur la route, ce n’est pas
un délinquant chevronné » , avait déjà estimé la procureure de la République, pour justifier l’absence de mandat de dépôt, lors de ses réquisitions.
Pendant les deux prochaines années, cet habitant de Roussay (Maine-et-Loire) fera toutefois l’objet d’une mise à l’épreuve, qui l’obligera à se soigner. Son permis de conduire a également été annulé, et il aura interdiction de repasser les épreuves avant deux ans. Il pourra simplement se déplacer en cyclomoteur : le tribunal correctionnel de Nantes ne lui a pas interdit de conduire tout véhicule à moteur, comme l’avait demandé la procureure dans ses réquisitions.
Enfin, il sera fixé sur le montant des dommages et intérêts qu’il devra verser à la famille de la victime le 9 mars 2018, date d’une audience sur intérêts civils. S’il venait à ne pas respecter les conditions de sa mise à l’épreuve, alors il s’exposerait à la révocation de deux années d’emprisonnement avec sursis.
La famille absente, la fille traumatisée
Ce 29 octobre 2016, peu avant 1 h du matin, cet employé d’une entreprise de signalisation routière de Sainte-Luce-sur-Loire avait heurté de plein fouet la mère de famille, qui revenait de Nantes avec sa fille de 18 ans. Elle était en train de doubler un autre véhicule sur la 2x2 voies quand elle avait aperçu au dernier moment le prévenu roulant à contresens. Le choc avait été d’une rare violence. Cette mère de famille de Saint-Laurent-surSèvre (Vendée) n’avait pas survécu. Sa fille était sortie après plusieurs heures de désincarcération. Transportée au CHU, elle avait survécu au choc. Comme le responsable, qui a filé directement en prison après son séjour à l’hôpital.
La jeune femme a gardé de l’accident « d’importants troubles psychologiques » , selon son avocate. Elle « refuse de parler » du drame. Ses études de dessinatrice ont également été mises à mal par sa blessure à la main droite. Ironie du sort, la jeune fille a été adoptée à Madagascar, île d’où est également originaire le prévenu…
Ce dernier, pour sa part, n’a gardé « aucun souvenir » de la soirée : après avoir pris part à un pot de départ ce soir-là, lui et ses collègues s’étaient rendus dans un bar où ils avaient leurs habitudes. L’homme sait pourtant que l’alcool est un « fléau » chez lui : sa compagne a déjà menacé de le quitter pour cette raison.
Sa consommation est « liée à son passé » douloureux, selon un psychologue : élevé par sa grand-mère, puis une tante, il a été arraché à elles par sa mère biologique à l’âge de 6 ans. Après avoir subi des « mauvais traitements » tout au long de son enfance, il s’était engagé à 19 ans dans l’armée, période à laquelle il a commencé à boire de façon importante. L’homme avait ainsi déjà été condamné à trois reprises pour des délits en lien avec cette consommation d’alcool.
Il a arrêté de boire
« Depuis l’accident, je n’ai plus bu une goutte d’alcool… Avec ce que j’ai fait à cette famille, et avec les conséquences financières que cela va entraîner pour ma famille, je n’ai pas le droit de recommencer » , a-t-il sangloté à la barre, la voix chevrotante. Désormais, en soirée, il ne prend donc plus que des « Schweppes agrumes » ou des « Perrier tranche » .
Cela tombe bien, à vrai dire : la famille de la victime, qui ne s’est pas déplacée à l’audience, a simplement fait savoir par le biais de son avocate qu’elle voulait que le prévenu « ne boive plus » . « Ils veulent juste que cela ne se reproduise plus, et que monsieur en parle autour de lui » , a-t-elle précisé. « C’est son droit le plus strict de s’alcooliser au terme de sa journée de travail, mais il n’a en revanche pas le droit de prendre le volant après et de mettre toute la population en danger » , a appuyé la procureure de la République.