Le thé a trouvé sa place au milieu des vignes
Implantée depuis 2014 au Landreau, la Route des comptoirs, créateur de thés et d’infusions bio, ne cesse de se développer. La croissance forte oblige le fondateur à agrandir le bâtiment déjà à l’étroit.
Le Landreau. La Route des comptoirs a croisé celle du Vignoble nantais. Ici, les effluves de thés et les odeurs d’épices embaument le site. Presque étonnant quand on sait que le bâtiment jouxte les vignes de muscadet. Créée en 1997 en région parisienne, l’entreprise est arrivée au Landreau en 2014, dans la zone des Bossardières. La Route des comptoirs, c’est l’oeuvre de François Cambell. Un quinquagénaire tombé dans le chaudron du thé. Tout petit. L’infusion a pourtant mal commencé. Suite à une intoxication à l’âge de 6 mois, François Cambell, fragilisé, ne peut plus boire de lait. Le thé devient l’alternative. Le choix médical traduit aussi un environnement culturel. L’enfant de Belleville côtoie l’importante diaspora chinoise. A ses côtés, l’adolescent apprend et cultive les richesses du thé.
La nouvelle grande infusion a lieu vingt ans plus tard. Alors salarié aux laboratoires Ponroy, François Cambell découvre l’existence et les secrets de l’herboristerie et des plantes bio. Le Parisien met à profit un break pour rencontrer des planteurs en Asie et en Inde. La Route des comptoirs était née. Dès le départ, François Cambell tisse un cadre d’entreprise en lien avec ses valeurs. Et son éthique. Le gérant opte pour « des produits bio et si possible équitables » . Le pari est osé. « Les thés bio ne pèsent que 1 % des volumes au niveau mondial » , rappelle le fondateur. Ces plantations, le dirigeant va les chercher en Chine, au Japon, au Laos, en Inde ou en Afrique du Sud auprès de plantations et de coopératives certifiées par un organisme européen.
150 tonnes de matières premières
Le commerce équitable assure aux producteurs un prix fixé d’avance qui leur permet de vivre de leur métier. La démarche évite la désertification des campagnes. Et finance des projets sociaux. « La prime de développement que gère l’ensemble des producteurs a permis notamment d’électrifier un quartier » , illustre le dirigeant qui exige la transparence aux acheteurs. Et fait appel pour la partie conditionnement à un établissement de SainteLuce-sur-Loire qui emploie des travailleurs handicapés.
Par an, l’entreprise du Landreau achète 150 tonnes de matières premières : thés, épices, huiles essentielles, plantes, pétales de fleurs, algues… 200 produits différents que l’entreprise assemble et mélange dans ses locaux au Landreau. Une implantation qui est presque le fruit du hasard. Le Parisien cherchait un local dans l’ouest pour se rapprocher de sa famille. Convoité par la Vendée qui lui fait les yeux doux, le gérant décide d’installer son entreprise aux Bossardières au Landreau. Tout près des vignes. Polyphénols (antioxydants), plantation, travail d’élaboration…, « il y a beaucoup de similitudes entre le thé et le vin » , souligne François Cambell.
500 m2 de bâtiment
Depuis son installation, la palette des saveurs continue de s’enrichir. Aujourd’hui, la Route des comptoirs affiche un catalogue de 130 recettes. « C’est le résultat de 20 ans de recherches » , souligne François Cambell, capable de goûter entre 50 à 80 thés dans une journée. « Rien qu’en Chine, il existe 1 800 variétés de thé nature » , ajoute-t-il. La gamme évolue au rythme de l’activité exponentielle. En deux ans, le chiffre d’affaires est passé de 2 à 4 millions d’euros. « Pour 2018, le taux de croissance devrait être de 20 % » , estime le dirigeant qui vise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Les sachets de thés et d’infusions partent dans les réseaux de magasins bio : Biocoop, La Vie Claire, Natureo et les magasins indépendants, épiceries fines, torréfacteurs ( produits vendus en vrac). Ou sont expédiés aux particuliers par commande. L’export (Suisse, Italie, Belgique) représente moins de 10 % de l’activité. La croissance est dopée par la demande en produits bio. « C’est un marché qui se développe très vite. Un magasin bio ouvre tous les jours en France » , souligne François Cambell. Et la consommation du thé est devenue tendance. « Par an, un Français consomme 230 grammes de thé par an. Un Anglais, c’est 3,5 kg » , compare le dirigeant.
Pour suivre le développement, le fondateur vient d’investir 350 000 € dans une extension de 500 m2. Entre les bureaux, l’étiquetage, la production, le stockage et les commandes, le bâtiment de 1 500 m2 était devenu trop exigu, vu la vitesse à laquelle file la Route des comptoirs.