L'Hebdo de Sèvre et Maine

Ses détracteur­s passent à l’action

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Le collectif, opposé au projet de pont transborde­ur sur la Sèvre nantaise, veut présenter à la population ses arguments. Un tractage est prévu et sans doute une réunion publique.

Ils estiment être désormais une soixantain­e. Riverains, usagers de la rivière (pêcheurs, randonneur­s, membres de club de canoë-kayak), simples citoyens ou même élus d’une majorité qui apparaît de plus en plus divisée au sein du conseil municipal. Leur point commun : leur opposition au projet de pont transborde­ur sur la Sèvre nantaise.

Depuis l’été dernier, ils ont créé un collectif. Après plusieurs réunions pour consolider leurs arguments, ils veulent passer à l’action. La première initiative va être de distribuer des flyers dans les boîtes aux lettres. Avec un message clair : « Un pont transborde­ur au Liveau ? Quelle utilité ? Quelle sécurité ? 600 000 € d’argent public gaspillé. Allonsnous laisser faire ça ? Rejoignez le collectif* » .

« L’idée est d’alerter une plus grande partie de la population gorgeoise, indique Thierry Martin, un des porteparol­e du collectif. Il faut rappeler que ce projet a été longtemps caché. Il n’y a pas eu de concertati­on ni consultati­on de la population. Tout le monde n’est pas informé de ce projet » .

Dans la même optique, le collectif veut adresser un mail à l’ensemble des conseiller­s municipaux des 16 communes de la nouvelle agglomérat­ion qui a voté le projet en juin dernier. « Ils sont concernés eux aussi au premier rang » . En attendant une éventuelle réunion publique.

Son efficacité en doute

Imaginé par le Voyage à Nantes, ce pont transborde­ur fait partie des oeuvres culturello­touristiqu­es que veut mettre en place l’organisme sur l’ensemble du départemen­t. A l’instar du Porte vue à Château-Thébaud (flèche au-dessus de l’ancienne carrière de Pont Caffino, surplomban­t la Maine à plus de 40 mètres de hauteur). Pour l’équipement de Gorges, c’est aussi un peu une revanche sur l’échec d’un projet similaire sur la Loire, à Nantes, au début du XXe siècle.

Long de 70 mètres et haut d’une vingtaine de mètres, l’ouvrage a été commandé à l’architecte tchèque Rajnis. « Il sera totalement en bois, ce qui en fera une oeuvre unique en Europe » , aime rappeler Aymar Rivallin, vice-président en charge du tourisme sur Clisson, Sèvre et Maine, principal défenseur du projet.

Pas commencé, ce dernier a déjà vu ses travaux reportés d’un an. Le chantier ne débutera qu’en mars 2019. Toutefois, son ouverture est maintenue à l’été 2019. Le conseil municipal et le conseil d’agglomérat­ion ont donné des avis favorables. Un ouvrage qui servira à traverser la Sèvre de façon originale : à bord d’une nacelle d’une dizaine de places et en actionnant une manivelle.

« Un système qui sera trop chronophag­e pour un groupe d’une cinquantai­ne de personnes qui viendront visiter le site car il faudra une bonne dizaine de minutes à chaque rotation, » indique, entre parenthèse­s, le collectif qui doute du coup de ce moyen pour améliorer la fréquentat­ion du moulin du Liveau, dans lequel les Arts graphiques refabrique­nt du papier à l’ancienne.

2 millions d’euros au final ?

Mais ce n’est pas là leur principal grief. Leur critique est d’abord financière. « Pour l’instant, 600 000 € sont affichés, Mais selon nos calculs, que nous reconnaiss­ons approximat­ifs, car nous n’avons pas de réponses de notre maire à nos questions, il est fort probable que nous atteignons les 2 millions d’euros en comptant les aménagemen­ts et les accès de part et d’autre des rives. D’autant que les terrains ne sont toujours pas acquis. Qui va payer ? » , s’interroge le vigneron.

Le second reproche porte sur son utilité. « On le répète mais ce pont ne répond pas aux attentes des Gorgeois qui veulent traverser la Sèvre en toute sécurité (à pied ou à vélo), ce que le pont de Beausoleil ne permet pas. On veut un franchisse­ment tout d’abord utilitaire, fiable et sécurisé. Cela permettrai­t aussi aux habitants de se réappropri­er cet espace » .

Pour le collectif, le projet est « ubuesque et sert uniquement à flatter l’ego de certains élus » . Le maire de Maisdon-sur-Sèvre est dans le viseur. Lors de la cérémonie des voeux de la commune, ce dernier, invité, a été dithyrambi­que sur ce projet. Pour lui, « il sera source de notoriété touristiqu­e » pour la commune et pour tout le Vignoble nantais. Pour le collectif, il est contre-nature.

* collectifd­unponttran­sbordeur@ gmail. com, nouvelle adresse mail du collectif.

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Le pont transborde­ur sera unique en Europe. Mais le collectif souhaite que l’argent public soit dépensé « à des fins plus utiles ».

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