Avec Salam, NGC 25 danse la paix
En résidence à Cour et jardin la semaine dernière, la compagnie de danse NGC 25 finalisait sa nouvelle création, Salam. Un spectacle sur le thème de la fraternité qui voit évoluer sur scène quatre danseurs, dont deux Palestiniens, avec une musique jouée en direct. Une répétition était ouverte au public. Elle a été très appréciée.
Comment rendre concret de louables intentions ? C’est une des questions que s’est posée Hervé Maigret, directeur artistique de la compagnie NGC 25, à l’aube d’une nouvelle création. « On a tous de beaux discours autour de la générosité, la liberté, l’égalité, la fraternité… Mais que fait-on pour y contribuer ? », lance le fondateur de la troupe de danse ancrée sur l’agglomération nantaise.
A son niveau et avec son art, la compagnie professionnelle a cherché comment elle pouvait apporter sa part. Tel le colibri de la fable. « Le déclic est venu lors d’une rencontre dans le cadre du jumelage de Bouguenais avec Anabta, village palestinien situé au nord de la Cisjordanie, se souvient Hervé Maigret. Je me suis dit qu’il y avait, en tant qu’artiste, quelque chose à réaliser autour de la paix et de l’universalité. En sortant des chemins imposés. Une pièce autour de l’identité alors que la peur sur les différences ne cesse de croître » .
Quatre identités sur le plateau
C’est à partir de cet instant, à la mi-2016, qu’est né Salam. Un mot qui, justement, signifie paix, en arabe. Le professionnel est donc allé à Ramallah, capitale administrative de l’entité palestinienne, pour son festival international de danse. Et y sélectionner deux jeunes hommes afin d’intégrer le prochain spectacle. C’est ainsi que Kamel et Hamza, issu de Ramallah et du camp de Naplouse, situé entre le mont Ebal et le mont Gerizim à environ 50 km au nord de Jérusalem, ont été retenus. Au côté de Pedro, venant d’Equateur où la troupe a quelques habitudes, et Stéphane, dans la compagnie depuis 20 ans. « Je tenais là un des axes de
Salam. Réunir quatre identités sur un même plateau et réinterroger la notion de frontières (imaginaires, politiques, culturelles et corporelles) souvent considéré comme des obstacles à la paix (extérieure et intérieure) », lance Hervé Maigret. L’autre axe est la réflexion sur la terre, « sur le danseur-cultivateur, celui qui veut semer pour planter, produire et partager » .
Musique en direct
Pendant près d’une heure, aux termes de prouesses physiques et techniques, le quatuor symbolise le rapprochement de peuples. Une ellipse renforcée par la présence d’un musicien Camille Saglio sur scène. Ce 5e artiste propose un travail sonore exécuté en direct, avec comme seul outil la voix. Ce procédé est mis en place avec un système de looper. Un spectacle qui a également reçu la créativité de Serge Crampon, plasticien qui a apporté quelques oeuvres primaires sur le plateau.
Les premiers extraits de ce spectacle ont été joués la semaine dernière à Cour et jardin devant une centaine de personnes dont de nombreux enfants, époustouflés par les chorégraphies. Un lieu où NGC 25 a régulièrement ses aises. « On y était en résidence depuis le début de la semaine, explique Hervé Maigret. Ce sont les tout premiers moments où on a été ensemble puisque je ne cache pas qu’il n’a pas été simple administrativement de faire venir nos deux camarades de Palestine. Chacun avait les bases de la pièce à travailler individuellement mais ce n’est que depuis début janvier qu’on met tout en commun ». Une autre performance. Puisque la pièce doit être prête pour le 2 février, où elle sera jouée pour la première fois dans son intégralité, au Piano’cktail de Bouguenais. Une deuxième aura lieu à Ancenis le 16 février. Mais le moment le plus fort sera certainement ce passage à Ramallah lors du festival au printemps prochain, où Salam a été programmé. Elle ne partira qu’en tournée, ensuite, en fin d’année. Pour distribuer la paix.