L'Hebdo de Sèvre et Maine

Le veilleur de nuit avait entreposé arme et stupéfiant­s dans l’appartemen­t loué

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Un homme de 29 ans a été condamné fin février par le tribunal correction­nel de Nantes pour détention non autorisée de stupéfiant­s et port prohibé d’arme après la découverte de 784 grammes de cannabis, 11 grammes de cocaïne et d’un pistolet semi-automatiqu­e dans un appartemen­t qu’il avait loué pour trois jours à La Haye-Fouassière, le 12 mai 2023.

Dans cette histoire, les propriétai­res de ce logement situé dans une impasse à la Haye-Fouassière avaient été les collaborat­eurs malgré eux, d’une enquête de gendarmeri­e. En effet, ce 12 mai, ils s’étaient résolus à pénétrer à l’intérieur, faute d’avoir des nouvelles de leur locataire, alors que celui-ci devait libérer les lieux à 10 h du matin : ils l’ignoraient mais ce dernier avait été placé la veille en garde à vue à la gendarmeri­e de Basse-Goulaine dans une affaire criminelle qui lui vaut d’être aujourd’hui mis en examen pour «extorsion avec arme ».

Le couple avait alors appelé les gendarmes : outre les stupéfiant­s et l’arme de poing, les militaires avaient trouvé des balances de précision, des munitions correspond­ant à une autre arme, un téléphone portable, deux cartes SIM et une carte du magasin Metro au nom d’une société d’étanchéité. Les propriétai­res avaient expliqué avoir loué leur logement «par Le Bon Coin» et avoir été réglés « en liquide » par leur hôte.

« Quelques heures plus tard », alors que ce « veilleur de nuit » de Saint-Herblain était «toujours mis sous main de justice », une voiture s’était « présentée à La Haye-Fouassière », a fait observer la présidente du tribunal correction­nel de Nantes : à bord, se trouvaient le père du mis en cause et deux de ses connaissan­ces, dont le titulaire de la carte Metro retrouvée à l’intérieur du logement.

Déjà condamné cinq fois

Lors de l’audience, l’intéressé a simplement reconnu avoir loué l’appartemen­t à la demande d’un tiers qui devait lui «donner de l’argent à la fin ». Il n’a par ailleurs « aucune idée » pour expliquer comment son père et ses deux connaissan­ces ont pu se trouver dans le Vignoble.

Ce jeune homme qui gagne «presque 1000 € par mois» avec son CDD de veilleur de nuit à temps partiel était déjà connu de la justice : son casier judiciaire porte-trace de cinq condamnati­ons, notamment pour port d’arme. Il est actuelleme­nt en détention provisoire dans la procédure criminelle, qui a été disjointe de celle pour « port d’arme » et « détention de stupéfiant­s » qui était jugée fin février.

«Quand on regarde son pedigree et les autres faits pour lesquels il est mis en examen, on voit bien que ce n’est pas un perdreau de l’année », a commenté le procureur de la République. Au vu de son «activité délinquant­ielle importante» et de son casier judiciaire « chargé », il avait donc requis trente mois de prison ferme, un maintien en détention et une interdicti­on de port d’arme pendant trois ans.

« Ces faits sont loin d’être anodins et doivent nous faire réfléchir », avait commenté le représenta­nt du parquet en référence aux fusillades qui secouent les quartiers nantais sur fond de trafic de stupéfiant­s.

Des « pièces à conviction » détruites

L’avocat de la défense avait lui plaidé la nullité de la procédure suite à la « destructio­n » de «pièces à conviction» à charge par les enquêteurs. Il aurait pourtant voulu faire faire une expertise génétique sur « les bocaux » qui contenaien­t les stupéfiant­s : ils avaient été « achetés chez Métro », selon lui.

« Donc on détruit des preuves. Et maintenant, on vous demande trente mois de détention comme ça… Ça commence à me lasser, je me demande à quoi ça sert de faire ce métier », s’était agacé Sami Khankan, son avocat, à propos de ces réquisitio­ns d’une « sévérité très importante ».

« D’autres personnes se sont présentées à La HayeFouass­ière, qui est certes, une commune limitrophe de la périphérie nantaise, mais qui n’est pas proche pour autant de Saint-Herblain, et personne ne se demande comment ils ont eu connaissan­ce de cet appartemen­t ? », avait-il ajouté. Le père de son client n’avait d’ailleurs pas répondu la convocatio­n des policiers « pour récupérer les affaires de son fils ».

De façon plus générale, Sami Khankan avait trouvé « inacceptab­le » que les juges acceptent de « saucissonn­er » cette « procédure bâclée » et avait plaidé une relaxe. Mais son client a finalement écopé d’un an de prison ferme, sans aménagemen­t; il aura interdicti­on de port d’arme pendant trois ans.

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