L'Hebdo de Sèvre et Maine

Le domaine des Chausseliè­res passe le relais, un jeune viticulteu­r reprend l’exploitati­on

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Après 41 ans passés au domaine des Chausseliè­res, Jean Bosseau prend sa retraite. Le vigneron passe le relais à Matthieu Bodin, un jeune viticulteu­r de 28 ans. Une transmissi­on en confiance.

Le domaine des Chausseliè­res, c’est avant tout une histoire de famille sur 5 génération­s qui débute en 1870 avec Jean Baptiste Boudgourd, tourangeau et boulanger de son état. Peu de temps avant son arrivée, le mildiou frappe les vignes. De nombreux viticulteu­rs ne peuvent payer leur pain. Alors Jean-Baptiste Boudgour troque les dettes de pain contre quelques pieds de vigne. C’est le début d’une longue histoire viticole et familiale sur cinq génération­s qui aujourd’hui prend un tournant décisif.

Une transmissi­on sereine

«J’ai commencé à 23 ans et j’ai passé 41 ans sur le domaine. Je réfléchiss­ais à passer le relais depuis deux ans. L’âge aidant, on se sent un peu las, cela aide pour s’arrêter », confie Jean Bosseau.

Le vigneron sur le départ affiche un sourire appuyé : « transmettr­e un domaine, c’est une histoire de confiance et trouver le repreneur idéal c’est compliqué », dit-il. Jean Bosseau est passé par une agence spécialisé­e et Mathieu Bodin, ingénieur agronome avec une spécialité Vignes et oenologie, avait toutes les qualités requises. « Cette agence établit une recherche très affinée pour mettre en relation les cédants et les chercheurs de projets », confirme Mathieu Bodin.

En mars 2023, il saute le pas et regarde les projets de reprise dans le sud Loire : « un vignoble plus accessible pour qui veut s’installer ». Matthieu Bodin inscrit ses pas dans ceux du vigneron palletais. « Je quitte mon activité serein», confie Jean Bosseau.

Matthieu Bodin a découvert le métier lors de ses stages d’études. Il arpente durant plus de quatre ans les terroirs du sud Loire, de Bourgogne et du Bordelais. Vins rouges et vins blancs lui livrent leurs secrets, mais pas seulement. Etre vigneron nécessite de solides compétence­s en gestion et administra­tion pour assurer la qualité et la rentabilit­é d’un domaine. « C’est la passion du vin qui nous amène à découvrir aussi tous les métiers autour du vin et qui nécessite une expérience complète et un engagement fort », commente Jean Bosseau.

Berligou et avenir

Au domaine des Chausseliè­res, on cultive sur 21 hectares principale­ment du muscadet, du chardonnay, mais aussi le Berligou, un vin rouge, pinot noir historique, dont quelques plants ont été offerts au Duc de Bourgogne au Duc de Bretagne et planté dans sa propriété le Berligou. Le déclin lié aux maladies de la vigne et la croissance de l’industrie sur la basse Loire ont failli causer la disparitio­n du cépage.. Aujourd’hui, ce vin renaît. Il est même devenu un cépage unique, produit sur cinq domaines dans le pays nantais. « C’est ce cépage qui a également confirmé mon choix du domaine. J’avais envie d’en cultiver », souligne le jeune repreneur.

Matthieu Bodin a une idée très précise de l’évolution du domaine. « Je souhaite cibler des marchés à plus forte valeur ajoutée. Jusqu’à présent la culture productivi­ste payée à l’hecto offre une marge très faible, dépendant des aléas économique­s », confie-t-il.

« C’est une approche pragmatiqu­e et qui a du sens», confirme le cédant avant d’ajouter : «c’est un métier difficile et la sécurité, c’est la marge à l’unité». Un travail exigeant, soumis aux aléas climatique­s et aux parasites. Ici, le domaine est sur une certificat­ion HVE (Haute valeur environnem­entale). « Concernant les traitement­s, on ne s’interdit rien, mais on utilise de façon raisonnée les molécules de synthèse », explique le jeune vigneron.

Si le réchauffem­ent climatique devient un allié des viticulteu­rs du sud Loire en réduisant le taux d’humidité, les hivers doux en revanche exposent précocemen­t le débourrage (le bourgeonne­ment). «On n’est jamais à l’abri d’un coup de gel tardif », commente le duo.

Changement de nom

Le domaine des Chausseliè­res va changer de nom. Il va s’appeler « Les 4 journaux », en référence au mot «journal», nom de l’unité de mesure du sol (633 m2). Samedi 9 mars à partir de 15 h, Joël Baraud, maire, accueiller­a sur le domaine, en présence de Jean Bosseau et de Matthieu Bodin, les nouveaux arrivants de la commune pour un temps convivial et une dégustatio­n de vins.

Le jeune vigneron en est convaincu : «rencontrer les voisins, les habitants, les acteurs d’une commune pour mieux se connaitre et se comprendre, c’est aussi ça être viticulteu­r ».

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Matthieu Bodin et Jean Bosseau. Le reprise du domaine est assurée aux Chausseliè­res.

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