L'Hebdo de Sèvre et Maine

Une aile du futur centre Jacques Brel au coeur des débats

À l’issue d’un conseil municipal extraordin­aire, les élus ont décidé de garder une partie de ce bâtiment, mais de l’exclure de la rénovation. Au grand dam de la maire.

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« On n’a pas accès au premier étage, le plafond est en train de s’écrouler... », prévient la directrice générale des services, Laura Salles. Autour d’elle, une quinzaine d’élus, dont la maire Séverine Joly-Piveteau, qui observent attentivem­ent l’état du bâtiment. Et s’interrogen­t sur l’avenir de celui-ci, sujet qui va occuper les conseiller­s pendant les deux prochaines heures.

Ce jeudi 18 avril, ce conseil municipal a ceci d’extraordin­aire qu’il démarre par une visite d’une partie des 500 mètres carrés du bâtiment Masmoudi (du nom de l’ancien propriétai­re), accolé au centre Jacques Brel déjà existant. Le centre en question va faire l’objet d’une vaste rénovation, c’est le projet phare du mandat. Mais lors d’une réunion sur les investisse­ments en février, des « avis divergents ont émergé » sur une partie de l’immeuble visité, rapporte la maire, qui a convoqué ce conseil.

Une fois la visite terminée, un rappel « objectif » des faits s’impose en salle du conseil. Pour éviter toute « influence » sur les décisions à venir, Séverine Joly-Piveteau a confié la tâche à sa directrice, qui admet d’emblée qu’« il y a probableme­nt eu des couacs dans l’élaboratio­n du projet ».

Début des travaux fin 2025

En mai 2022, une concertati­on de la population et des associatio­ns planchotte­s est menée. La première aimerait alors faire du centre socio-culturel un lieu animé du bourg, quand les secondes affichent une volonté de collaborer ensemble, de mutualiser les espaces. Le lieu accueille déjà l’école de musique, la bibliothèq­ue, le musée de la chanson française, les ateliers de la troupe de théâtre ou encore l’associatio­n Outil en main.

Si la rénovation de cet espace est acquise, quid du bâtiment accolé ? Les élus décident à l’époque d’acquérir ce dernier en vue d’une démolition totale pour développer un parvis extérieur. Le démarrage des travaux, qui comprennen­t également la création d’un tiers-lieu au sein de l’ensemble, est visé pour le 4e trimestre 2025.

Une subvention régionale menacée

Budget de l’opération ? 2,5 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 500 000 € pour l’acquisitio­n, effectuée en mars dernier, et la démolition de l’immeuble Masmoudi. Mais entretemps, l’idée de conserver une partie des lieux pour en faire un lieu de stockage émerge. En parallèle, les demandes de subvention­s sont faites, dont celle de la Région, d’un montant de 153 000 €. Facteur important : si les travaux ne démarrent pas avant fin 2025, cette aide régionale « ne nous sera pas versée » en raison de délais réglementa­ires, informe la DGS selon qui il sera « impossible » d’être dans les temps s’il fallait revoir la copie d’ensemble, en raison d’une partie du bâtiment en question.

Une démolition partielle alors ? Et quel usage pour les 140 mètres carrés (sur 500 en tout) qui seraient conservés ? Ce jeudi, l’adjoint Christian Delhommeau est de ceux qui plaident contre une démolition : « Ce serait dommage. On nous a montré un plafond qui s’effondre en nous disant que tout le bâtiment était comme ça. Or, ce n’est pas le cas. » « Ce qui me gêne, c’est le fait d’avoir un bâtiment qui tient la route, on le démolit... », complète JeanPaul Richard.

Un besoin d’autres salles ?

« Est-ce qu’on a encore besoin d’autres salles ?, s’interroge de son côté Angélique Bouchaud. C’est de l’électricit­é en plus. Je ne vois pas l’intérêt, on a déjà plein de salles, on perd déjà de l’argent avec. » « Pensez l’avenir, pensez l’avenir », réclame Christian Delhommeau en se projetant sur le développem­ent possible de la structure (des résidences d’artistes ?). « On n’est pas à juger un bâtiment qui va stocker deux chaises, mais la possibilit­é d’étendre Jacques Brel », insiste l’adjoint qui ne veut pas d’une saturation des lieux à l’instar de ce qui se passe, selon lui, à la maison de l’enfance.

Un premier vote à bulletin secret a lieu, les élus tranchent : 11 sont favorables à la conservati­on des 140 m², 7 contre (un blanc). Second vote, « souhaitez-vous qu’il soit intégré à la programmat­ion (ou le laisser tel quel jusqu’à ce que la collectivi­té soit en mesure de le rénover) ? » Cette fois, le non l’emporte (13 ; 6 oui), l’espace conservé ne sera donc pas intégré. « C’est la patate pourrie du conseil... », maugrée à chaud Séverine Joly-Piveteau, qui était favorable au fait de raser l’immeuble.

« Incompréhe­nsible pour la vision de la commune »

« Le conseil a voté, c’est démocratiq­ue. Mais pour moi c’est incompréhe­nsible pour la vision de la commune, développe la maire après coup. On va faire la rénovation d’un bâtiment et l’autre n’aura pas été rénové... On va se trimbaler avec la verrue pendant encore 12 ans, parce qu’on n’aura pas les moyens financiers de rénover. Il ne faudra pas me demander de ne pas augmenter les impôts, parce qu’on ne pourra pas... On dit toujours que je ne pense qu’à l’argent, mais c’est le contribuab­le qui va payer à la fin. »

Elle ajoute pour finir : « Après, peut-être que dans quatre ans, le conseil suivant dira ‘Non, faut arrêter avec ça, il faut le raser’. Ou peutêtre qu’il va être rénové et être magnifique. C’est une mauvaise décision en soi, je n’en fais pas tout un plat. »

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Après la visite des lieux avec les élus en amont du conseil municipal, la directrice générale des services, Laura Salles (au centre), a fait un large rappel du dossier.

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