L'Histoire

Le musée de la Renaissanc­e a 40 ans

A travers son architectu­re, son mobilier, ses tapisserie­s, le château d’écouen constitue l’unique musée consacré à la Renaissanc­e française.

- Par Huguette Meunier*

Par Huguette Meunier

En 1969, André Malraux, alors ministre de la Culture, décide d’installer le musée de la Renaissanc­e au château d’écouen. Ouvert en 1977 après huit années de rénovation et inauguré par le président Valéry Giscard d’estaing, il reste le seul, à ce jour, entièremen­t consacré à cette période en France. Un choix que justifie l’excellente conservati­on architectu­rale du bâtiment, construit entre 1538 et 1555 par l’architecte Jean Bullant à l’orée de la giboyeuse forêt de Chantilly.

Le commandita­ire en était le connétable Anne de Montmorenc­y, filleul d’anne de Bretagne, qui désirait offrir un palais à son épouse, Madeleine de Savoie. Le compagnon d’enfance de François Ier, combattant à Marignan au côté du jeune roi et fait prisonnier à Pavie avec lui, avait admiré le style italien dans le Milanais.

Riche, esthète et impatient, Montmorenc­y engage une véritable dream team : Jean Goujon pour les sculptures, Bernard Palissy pour la porcelaine et Jules Hardouin-mansart pour les jardins. Les propriétai­res successifs, notamment la famille Condé puis la Légion d’honneur, l’ont soigneusem­ent préservé : le château aux portes de Paris, surplomban­t la plaine de France, reste, aujourd’hui encore, un petit bijou Renaissanc­e. Carreaux de faïence dessinés par le Rouennais Masséot Abaquesne pour la galerie de Psyché, vitraux en grisaille, tapisserie­s (dont la série de David et Bethsabée), paysages maniériste­s inspirés de scènes bibliques sur les manteaux des douze cheminées font de la décoration d’écouen un ensemble unique.

Des textiles fragiles

De nombreuses oeuvres exposées dans les vitrines sont également remarquabl­es, les émaux de Léonard Limosin, la vaisselle de Palissy retrouvée lors des fouilles du Louvre, des verreries de Venise, des céramiques d’iznik. Mais un autre charme du musée vient de l’abondance du mobilier conservé dans les 32 salles, armoires, sièges, dressoirs, qui donnent l’impression d’être l’invité du maître de céans. Pour célébrer le 40e anniversai­re du musée, une partie des oeuvres en velours sera dévoilée dans la salle des tissus, une occasion rare de découvrir des textiles fragiles, très peu exposés. Souvent enrichi de fils d’or et d’argent, le velours, étoffe reine de la Renaissanc­e, réservée à l’aristocrat­ie laïque aussi bien qu’ecclésiast­ique, servait de marqueur social et témoignait d’échanges à haut niveau comme l’attestent un tissu ottoman à motif de grenade, un loup noir ou des ornements liturgique­s.

Une autre curiosité est visible pour l’occasion : le lit du duc Antoine de Lorraine et de Renée de Bourbon- Montpensie­r, meuble d’apparat – on recevait au lit –, réalisé en 1515 pour leur mariage. Il s’agit d’un prêt du Musée lorrain de Nancy ( jusqu’au 31 décembre), plusieurs institutio­ns s’étant associées à l’anniversai­re (musées du Louvre, de Cluny, châteaux de Chambord, Chantilly, Pau, abbaye de Royaumont, etc.).

Scandée par des événements divers, animations et publicatio­ns, la célébratio­n du 40e anniversai­re culminera en octobre avec le festival du Connétable, organisé par la ville d’écouen. n

L’abondant mobilier conservé donne l’impression d’être l’invité du maître de céans

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Cheminée Scène biblique dans la chambre du connétable.

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