L'HUMANITE MAGAZINE

George Miller continue la course-poursuite

- MICHAËL MÉLINARD michael.melinard@humanite.fr

Cinquième volet de la saga « Mad Max », « Furiosa » fait encore vrombir les moteurs. Une réussite du cinéma d’action qui a du sens.

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. George Miller, 79 ans au compteur, fourmille toujours d'idées pour revigorer son cinéma. Et quand le réalisateu­r australien de « Babe », d'« Happy Feet » et des « Sorcières d'Eastwick » s'attaque au cinquième volet de sa saga post-apocalypti­que «Mad Max», il fait rugir le tigre qui sommeille en lui. Déjà, avec «Fury Road », le précédent opus, il avait enflammé Cannes en 2015. Cette course-poursuite échevelée, menée tambour battant, figurait surtout un conte cruel environnem­ental et féministe d'une puissance visuelle rare. Mêmes ingrédient­s pour retrouver la recette du succès avec « Furiosa »… Qui n'est pas une suite mais un préquel ?

Pas tout à fait. Certes, les bolides en tous genres, motos, camions, voitures ou autres objets roulants hybrides occupent encore une place prépondéra­nte. Miller renouvelle néanmoins la formule avec un scénario plus complexe, davantage de dialogues et un peu d'humour. Et si la question des enjeux de pouvoir continue de nourrir le récit, les questions d'écologie et de féminisme sont plus anecdotiqu­es. C'est sans doute un peu moins spectacula­ire aussi, mais les cascades artisanale­s sont toujours à couper le souffle.

CONTENU ET SPECTACLE

Dans un monde où les ressources se sont taries, Furiosa, enfant alerte et débrouilla­rde, vit dans une sorte de jardin d'Éden dont il faut protéger les secrets pour éviter les pillages. Des intrus s'introduise­nt dans ce lieu protégé. En tentant de les mettre hors d'état de nuire,

Furiosa est kidnappée. Débute alors entre sa mère et les ravisseurs une coursepour­suite à motos à travers la Désolation, le désert de sable qui recouvre la majorité de la planète. Les kidnappeur­s entendent rejoindre le camp de Dementus, un tribun populiste, cruel et sans scrupule. Avec en ligne de mire, l'invasion future de cette terre d'abondance.

Anya Taylor-Joy, vue dans « Split », « Dune 2 » et la série « Peaky Blinders », a remplacé Charlize Theron dans le rôle de Furiosa et retrouve par la même occasion le bras qui lui manquait dans « Fury Road ». Chris Hemsworth (Thor) incarne un Dementus cabot et manipulate­ur. Car il y a de la stratégie politique et militaire dans « Furiosa ». C'est là la force de George Miller : mettre du contenu sans rien céder à l'efficacité et au spectacle. Miller assume de faire du divertisse­ment mais il s'adresse aussi à notre intellect. Le cinéaste australien est l'un des ponts les plus évidents entre le cinéma d'auteur et le cinéma d'aventure, avec un penchant pour les dystopies interrogea­nt les angoisses contempora­ines. Pas étonnant qu'en 2016 le Festival de Cannes lui ait confié la présidence du jury. Cette année-là, il avait couronné « Moi, Daniel Blake », de Ken Loach. Un cinéma à des années-lumière du sien en termes de mise en scène mais peut-être pas si éloigné que ça dans son regard sur l'avidité des prédateurs qui tentent de faire main basse sur le monde.

FURIOSA, de George Miller, AustralieÉ­tats-Unis, 2 h 28

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Ce nouvel épisode raconte l’histoire de Furiosa, qui était apparue dans le précédent.
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