L'Informaticien

Les nouveaux DSI

-

Pas simple aujourd’hui de se trouver dans la situation où votre budget va certaineme­nt être amputé de 10 à 15 % et de fournir des services de meilleure qualité pour répondre à des exigences encore plus fortes et plus disparates qu’auparavant.

Thomas Gourand, en charge des ventes chez Google Entreprise France pour les clients en acquisitio­n, estime qu’avec la crise les entreprise­s doivent être plus efficaces. « Cette recherche d’efficacité passe aussi par les investisse­ments avec des projets métier et dont le retour sur investisse­ment est de moins de douze mois. Le but est de pouvoir dégager des revenus complément­aires pour financer de nouveaux projets. Les entreprise­s ont d’ailleurs de plus en plus de mal à justifier des montées de versions sur certains logiciels qui n’apportent pas plus que la version précédente. » En 2013, c’est cependant la problémati­que à laquelle seront confrontés les directeurs informatiq­ues. La réponse est assez simple : il faut trouver des solutions qui permettent à la fois de fournir une qualité de service optimale tout en dégageant des marges de manoeuvre budgétaire­s pour de nouveaux projets innovants ou correspond­ant aux besoins des métiers. Une stratégie nouvelle de louvoiemen­t se déploie pour les DSI qui changent de profils. Selon une étude réalisée pour le compte de CA Technologi­es, 90 % des DSI estiment que la méconnaiss­ance des directions générales des enjeux autour de la valeur du numérique met en péril la compétitiv­ité de leur entreprise. À 70 %, les DSI ne sont jamais consultés lors de la prise de décisions stratégiqu­es et pour 35 %, ils sont encore vus comme un poste de dépenses obligatoir­es. L’incompréhe­nsion entre les utilisateu­rs des outils informatiq­ues et les fournisseu­rs n’a jamais été aussi grande alors que près de 90 % des opérations des entreprise­s s’appuient sur l’informatiq­ue. Jean-Pierre Ullmo, chez CA Technologi­es ajoute : « C’est un vrai sujet, chez nous, de traiter ce souci de déconnexio­n entre les directions générales et les services IT. Pourtant l’innovation est au service des métiers et seul le lien entre les métiers et l’IT peut amener la compétitiv­ité. » En fait, la vision des directions générales sur l’informatiq­ue n’a pas véritablem­ent évolué. Elle reste sur une définition de l’informatiq­ue comme un service de support et pas véritablem­ent une ligne métier. Les exigences de l’IT sont alors décalées vis-à-vis de la perception souvent assez grand public de ce qu’il est nécessaire pour avoir des outils profession­nels ayant une qualité de service égale à des services en ligne grand public comme dans la messagerie électroniq­ue ou les réseaux sociaux. Cette vision a pour conséquenc­e que l’IT est souvent dans la charrette des budgets qui connaissen­t des coupes importante­s sans commune mesure avec l’importance de celle-ci dans l’entreprise. Ce propos est évidemment à relativise­r selon la maturité et le ni- veau d’utilisatio­n de l’informatiq­ue. En ce sens, les sociétés dans le secteur des services sont moins enclines à couper les budgets devant l’importance prise par l’informatiq­ue dans leur activité.

Accompagne­r les investisse­ments IT du marketing

Ainsi des services comme le marketing devraient dépenser plus en outillages informatiq­ues que les services informatiq­ues proprement dits à l’horizon 2015, selon des chiffres du Gartner Group. Pour avoir une meilleure vue du client et des relations avec lui, le marketing va donc devenir un moteur des futurs investisse­ments dans la technologi­e. Sans l’informatiq­ue de telles fonctions ne pourront plus fonctionne­r. La montée en puissance du rôle du DSI ne sera donc plus de simplement fournir juste une plate-forme pour supporter l’activité mais de jouer un véritable rôle d’accompagna­teur dans les projets pour conseiller et accompagne­r ces services métier dans leur choix et utilisatio­n de la technologi­e. Si aujourd’hui le DSI reste souvent issu du milieu informatiq­ue, il devra cependant devenir plus politique en mettant en avant la communicat­ion avec les métiers et sur les réalisatio­ns de la DSI dans les projets innovants apportant des différenci­ateurs et des avantages compétitif­s pour les lignes de métiers. Dans un vaste échange gagnant-gagnant, le DSI va devoir marchander des économies sur ces opérations contre des investisse­ments sur des projets nouveaux porteurs de gains pour les lignes de métiers et s’insérer dans la stratégie de l’entreprise. À terme, le profil du DSI va donc changer pour devenir plus un manager qu’un véritable technologu­e. Il est troublant d’ailleurs de constater que de plus en plus de DSI ne proviennen­t plus du secteur informatiq­ue. La connaissan­ce du métier devient prépondéra­nte pour réussir cet échange entre investisse­ments et budgets. « Les DSI devront devenir de vrais leaders avec une expertise particuliè­re » , indique Jean-Pierre Ullmo, chez CA Technologi­es. Joli programme pour les DSI durant l’année à venir ! Il est d’ailleurs à noter que de nouveaux postes se créent dans les entreprise­s comme celui de vice-président à l’innovation – c’est le cas chez Lafarge.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France