PRISE EN MAIN
NetGear ReadyDATA 5200 : stockage redondant à prix intéressant............................................ p. 68
À l’occasion du lancement par NetGear de sa première baie de stockage d’entreprise basée sur la technologie ZFS, développée à l’origine par Sun, L’Informaticien a pu obtenir une unité de test de la part du constructeur pour une prise en main.
NetGear a récemment complété son portefeuille de baies de stockage d’entrée de gamme par le NetGear ReadyDATA 5200. Il s’agit d’une baie de stockage en rack conçue pour le marché des PME et capable de gérer de 6 To à 240 To de données, via l’ajout de tiroirs de disques externes additionnels.
Une configuration solide
Ce système de stockage est propulsé par un unique contrôleur à base de Xeon 3450 – une puce quadri-coeurs à 2,67 GHz. Il dispose de 24 Go de mémoire vive en standard, une configuration raisonnable pour une baie de stockage utilisant la technologie ZFS. Pour notre prise en main, NetGear a livré la baie avec dix disques durs SATA Seagate Constellation ES de 1 To, un disque SSD rapide STEC IOPS MACH16 de 50 Go pour le cache en écriture et un autre SSD de 100 Go ( Intel SSD710) pour le cache en lecture. D’un point de vue logiciel, le ReadyDATA est une baie ZFS on ne peut plus traditionnelle, mais NetGear lui a adjoint une interface d’administration graphique particulièrement simple d’emploi, un choix qui lui permet de se différentier des autres baies ZFS du marché. Pour le reste, NetGear a opté pour une approche plutôt conservatrice. Ainsi le coeur du système d’exploitation de la baie s’appuie sur une déclinaison open source du noyau OpenSolaris de Sun développée par Nexenta – le coeur de l’OS s’appuie en fait sur la version 134 du noyau NexentaCore. Il s’agit là d’un choix raisonnable. NexentaCore v134 offre une base stable et solide, qui est sans doute préférable pour l’instant au choix du dernier noyau Illumos (encore en bêta), co-développé par Nexenta avec d’autres acteurs pour succéder à NexentaCore. En choisissant ce coeur, NetGear s’assure aussi un support de la version la plus couramment utilisée de ZFS, ZFS v28, l’une des dernières moutures du système de fichiers rendue publique par Oracle. Cette version intègre la gestion de la compression et de la déduplication et, comme toutes les autres moutures de ZFS supportent les modes Raid-Z1, équivalent au Raid5, et Raid-Z2, équivalent du Raid6. Elle a aussi l’avantage d’être largement utilisée dans l’écosystème libre autour de ZFS et elle assure la portabilité des données. Si la baie NetGear venait à défaillir ou si l’entreprise avait envie de changer de fournisseur tout en conservant la technologie ZFS, il lui suffirait d’exporter ses volumes puis d’extraire les disques de la baie NetGear pour les déplacer dans la baie de destination. Les volumes ZFS créés sur le ReadyDATA 5200, seraient alors automatiquement reconnus et importés par l’autre baie ZFS. Cette portabilité est d’ailleurs l’un des points forts de la technologie car elle garantit un certain degré d’indépendance vis-à-vis des fournisseurs.
Une baie facile à configurer
NetGear fournit le ReadyDATA avec deux rails pour l’installation dans un rack ainsi qu’avec deux câbles d’alimentations pour le raccordement des deux alimentations redondantes ainsi que deux câbles Ethernet 1000 Base-T pour le raccordement au réseau. Le constructeur nous a aussi fourni plusieurs guides d’aide au
démarrage ainsi qu’un CD-Rom. Ce dernier inclut un utilitaire baptisé RAIDar, pour Mac OS et Windows, qui permet de détecter les ReadyDATA présents sur le réseau. RAIDar permet aussi de visualiser l’état de la baie de lancer son interface web de configuration. Cette interface est sans doute la plus simple que nous ayons eue à utiliser sur une baie ZFS. Comme sur toute baie basée sur le système de gestion de fichiers développé par Sun, la première étape à réaliser est la création des volumes de stockage. Pour cette prise en main, nous avons choisi de créer un premier volume Raid5 de six disques. Par simplicité, NetGear a choisi d’utiliser les appellations Raid5 et Raid 6 en lieu et place des habituelles appellations Raid-Z1 et Raid-Z2 dans le monde ZFS, qui correspondent respectivement à une parité d’un et deux disques – en clair une tolérance à la panne d’un ou deux disques par volume. En utilisant un vocabulaire courant, NetGear privilégie la simplicité, mais masque aussi certains avantages intrinsèques aux modes Raid-Z : cette technologie diffère en effet des mécanismes RAID traditionnels au sens ou en cas de défaillance d’un disque, le système de fichiers ne reconstruit que les données et métadonnées existantes et non pas l’ensemble des blocs – dont les blocs vides. Ce choix accélère considérablement le temps de reconstruction d’un volume Raid-Z par rapport à un volume Raid traditionnel en cas de panne. Il est à noter que l’interface de NetGear n’expose pas le support de la technologie Raid-Z3 (trois niveaux de parité). Cette première opération nous a permis de créer un volume de 5 To utiles. Nous avons ensuite étendu ce pool de stockage en lui ajoutant un second volume constitué de quatre disques en configuration Raid5. Il est à noter que la technologie ZFS permet d’étendre à l’infini un pool de stockage existant en lui ajoutant des volumes additionnels, pour peu que ces derniers utilisent le même niveau de protection. Nous aurions pu aussi créer un ou plusieurs pools séparés utilisant des niveaux de protection différents – miroir, Raid5 ou Raid6. Une fois cette première étape de configuration franchie, nous disposions donc d’un pool ZFS de 8 To. NetGear ayant eu le bon goût de fournir deux SSD avec la baie, nous avons configuré ces disques à mémoire flash comme caches pour doper les performances de notre pool de stockage. Pour cela, deux opérations sont nécessaires. La première consiste à sélectionner le plus rapide des deux SSD, un disque STEC Mach16 IOPS de 50 Go, et de cliquer sur le bouton « write boost » de l’interface. Le disque STEC va ainsi être configuré comme « ZIL » (lire l’encadré) pour le pool concerné. La seconde consiste à sélectionner le second SSD, un disque Intel SSD710 de 100 Go et de
cliquer sur le bouton read boost. Ce disque sera alors utilisé comme extension au cache principal en lecture de la baie (voir encadré).
Une baie généraliste en mode fichiers et blocs
Une fois nos volumes configurés, nous avons paramétré les partages. La baie ReadyDATA supporte les protocoles CIFS, AFP ( AppleShare) et NFS pour le partage de fichiers et le protocole iSCSI pour les partages en mode bloc. Grâce à ZFS, elle intègre le « Thin provisioning », un terme qui désigne l’aptitude à allouer de la capacité au fur et à mesure des besoins à un volume partagé. Nous avons ainsi créé trois partages, l’un pour le backup de nos postes clients, un pour le partage de fichiers et un pour le stockage de nos images systèmes. Trois partages iSCSI ont aussi été créés pour accueillir nos VM VMware, XenServer et Hyper-V. Ces derniers ont été identifiés sans souci par les différents hyperviseurs (il est à noter que le ReadyDATA est officiellement certifié pour Windows Server 2012 et VMware 5.x). Pour chaque partage, nous avons configuré des règles de snapshots adaptées. Nous avons aussi activé la déduplication pour le partage destiné aux sauvegardes, ce qui nous a permis d’apprécier l’efficacité de la déduplication ZFS. Là encore, la simplicité de l’interface conçue par NetGear a fait merveille : un volet positionné sur la droite de chaque partage permet en effet définir très facilement l’ensemble des paramètres d’un partage. Globalement, les performances de la baie telle que nous l’a livrée NetGear sont excellentes. Nous avons ainsi régulièrement observé des débits de l’ordre de 50 à 60 Mo/s pour nos VM iSCSI et atteint des débits proches de 100 Mo/s en copie de fichiers, soit des débits proches de la saturation de l’interface Gigabit de nos postes clients. En réalisant des copies et des lectures simultanées depuis 4 postes, nous avons approché les 180 Mo/s de débit en transfert, soit une performance tout à fait satisfaisante pour une baie de cette catégorie. Et encore, nous aurions sans doute pu faire mieux si nous avions disposé d’une infrastructure 10 Gigabits. La baie est en effet fournie en standard avec deux ports 10 Gigabits optiques et deux ports Gigabit 1000Base-T.
Réplication via le Cloud
Nous avons aussi pu apprécier les fonctions additionnelles de la baie en matière d’analyse de performance et de suivi de la santé des différents composants de la baie. Là aussi, l’interface conçue par NetGear se révèle très supérieure à celle des autres systèmes ZFS que nous avons pu tester, qu’il s’agisse de baies à base de NexentaStor, de baies Oracle ou de baies sous FreeNAS. Notons pour terminer que nous n’avons pas pu tester une dernière fonction du ReadyDATA faute d’une seconde baie. NetGear propose en effet un système de réplication asynchrone pilotable via le Cloud qui permet d’assurer la réplication entre deux baies, situées sur un même réseau ou sur des sites distants. Il est à noter que les données ne transitent pas par le Cloud, mais que c’est le processus de réplication qui est pilotable via une interface en Cloud. Ce choix permet de simplifier la réplication entre baies distantes, mais il pourra inquiéter certains administrateurs ne désirant pas forcément ouvrir un port réseau additionnel vers Internet. NetGear, nous a confirmé comprendre cette inquiétude et réfléchir à un second mécanisme pour la réplication locale. Sans toutefois s’engager sur sa disponibilité. Au final, le ReadyDATA 5200, nous paraît être une solution intéressante et relativement abordable. NetGear annonce en effet un prix public d’environ 10 000 € HT pour une baie configurée avec disques SATA de 1 To, et les deux disques SSD présents dans notre configuration. Autant dire qu’il est possible pour un administrateur créatif de construire une configuration redondante à un prix très intéressant capable de rivaliser avec les baies de grands constructeurs comme NetApp ou EMC.