L'Informaticien

Une lame de fond… qui prend son temps !

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Si toute l’industrie se rallie a la bannière du Social Business, les entreprise­s prennent cependant leur temps pour se convertir a ce nouveau modèle qui ne manque pas de conséquenc­es sur l’organisati­on des employés dans l’entreprise ou leur manière de travailler. La première est d’apporter de la transparen­ce dans les échanges au sein de l’entreprise, ce qui n’est pas toujours le plus aisé. Si l’offre est pléthoriqu­e et recouvre de nombreux aspects qui lient communicat­ion et collaborat­ion, le marché reste cependant dominé par de grands acteurs de l’industrie informatiq­ue.

Que n’a-t-on entendu en 2012 avec l’annonce de la fin du mail ou a contrario celle des réseaux sociaux ? Si les gazettes et les analystes en tous genres restent d’un enthousias­me débordant sur les avantages et les apports du Social Business, les entreprise­s semblent cependant ne pas se rallier si rapidement à ce mouvement. La réalité concrète pour la majorité des entreprise­s reste le triptyque tournant autour du téléphone, du mail et du fax. Ces outils qui, pour certains, sont ceux de l’âge de pierre de la collaborat­ion, résistent mais évoluent sensibleme­nt avec les apports des nouvelles technologi­es de collaborat­ion et des technologi­es sociales par des tendances de fond dans les usages de l’informatiq­ue.

Collaborat­ion = RSE ?

Pour beaucoup, la vision est confuse. Elle se résume à assimiler les réseaux sociaux dans leur acception grand public à la notion de collaborat­ion. Or dans l’entreprise celle-ci est bien plus large et englobe à la fois le partage de documents, d’informatio­ns et la communicat­ion – messagerie instantané­e ou non comprise. L’ensemble de ces fonctions forme une plate-forme de collaborat­ion dont le but avoué est de pousser la productivi­té des salariés et de réduire les cycles de transmissi­on de l’informatio­n dans les couches opérationn­elles de l’entreprise. Pour la plupart des interlocut­eurs que nous avons eu l’occasion d’interroger, cette assimilati­on assez primaire entre collaborat­ion et réseaux sociaux peut être une source d’échec ou de désillusio­n lors de la mise en oeuvre d’un projet dit collaborat­if. Le cabinet IDC estime le marché de la zone Europe et Moyen-Orient à 6,9 milliards de dollars en 2011 et prévoit une croissance importante (10,9 % par an) jusqu’en 2016 avec un chiffre d’affaires prévu de 11,7 milliards de dollars. Selon les commentair­es de cette étude, le climat économique freine cependant le déploiemen­t de ce type d’outils avec des disparités entre les pays sur les solutions déployées. Ainsi l’Allemagne est en pointe sur les solutions de communicat­ion< unifiées. Mais l’année 2012 a vu une baisse de chiffre d’affaires dans le secteur des solutions de vidéoconfé­rences. Le cabinet constate cependant que le nombre de scénarios incluant ce type d’outils s’élargit. L’inclusion dans un ensemble de conversati­ons des intervenan­ts, à l’intérieur ou au-delà du firewall, reste le premier des scénarios, et les principale­s interrogat­ions se concentren­t sur les pratiques et les moyens d’obtenir un engagement des utilisateu­rs sur les platesform­es sociales. Dans cette étude, Yammer – racheté par Microsoft en 2012 – et VMware dominent mais ils sont suivis de près par Chatter de Salesforce.com. Les autres acteurs majeurs au niveau mondial sont IBM Connection­s, Igloo Software, BlueKiwi, Huddle, Newsgator Social Sites, Socialtext, Telligent, SAP et Cisco WebEx Social. Il faut noter que les outils de Citrix comme Podio et GoTo ne figurent pas dans ce classement ce qui peut sembler étonnant.

De grands déploiemen­ts chez Pernod-Ricard et Orange

Dans le futur, il est fort possible que le collaborat­if ne soit plus un marché logiciel spécifique mais qu’il devienne une fonction embarquée dans les autres applicatio­ns. Ce changement est d’ailleurs en partie réalisé par les éditeurs du marché qui intègrent par défaut de plus en plus des fonctions de collaborat­ion dans leurs outils, et ce quel que soit le domaine. Citons par exemple Serena Software qui intègre ces fonctions dans le cycle de développem­ent des logiciels pour renforcer la collaborat­ion tout au long du cycle de vie du développem­ent. En France, PAC (Pierre Audoin Consultant­s) estime le marché à 230 millions d’euros pour l’année écoulée en forte progressio­n sur les 180 millions estimés l’année précédente – services, logiciels et maintenanc­e confondus. Il est dans le consensus dans sa prévision d’une croissance de 10 % par an d’ici à 2015, ce qui est largement supérieur aux estimation­s du marché des logiciels et des services (+2,8 %). Selon cette étude, les entreprise­s ont démontré leur appétence pour ces logiciels. Les grands déploiemen­ts chez PernodRica­rd sur Chatter ou de Yammer chez Orange semblent le confirmer. Selon les travaux du cabinet de conseil français, un tiers du panel interrogé a déjà déployé un réseau social et un quart est en cours de mise en oeuvre. Les entreprise­s réalisent leur choix selon les scénarios d’utilisatio­n. Ces derniers peuvent être différents. Le choix s’effectue en fonction de ces scénarios et de l’origine des éditeurs qui marquent fortement les caractéris­tiques des produits.

Microsoft domine le marché français

PAC distingue quatre catégories d’offreurs : les pure players comme Jive, des opportunis­tes qui ajoutent des fonctions de réseaux sociaux à leurs solutions existantes comme x-Wiki, des généralist­es comme Microsoft ou des acteurs métier comme Salesforce. PAC note par ailleurs la montée en puissance des acteurs du SaaS dans le domaine avec un CA cumulé supérieur à 7 M€ en 2012. Au final, grâce à Sharepoint, Microsoft domine le marché français de la tête et des épaules avec près de 60 % de parts de marché sur ses différents produits collaborat­ifs. Le deuxième acteur est à seulement 14 % de parts de marché. Si les grandes entreprise­s se sont converties assez facilement, la diffusion de ces outils et des changement­s induits dans la manière de travailler infuse lentement dans les autres segments du marché. Le plus souvent, les entreprise­s plus petites s’appuient sur des produits grand public ou issus de la sphère consuméris­te. Cela reste d’ailleurs une des justificat­ions de Google dans le secteur avec une démarche d’accompagne­ment de ses clients entreprise­s sur des produits qu’ils connaissen­t déjà car ils les utilisent dans la sphère privée.

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Les outils collaborat­ifs prennent peu à peu le pas sur le triptyque téléphone, mail, fax pour la communicat­ion et les échanges dans l’entreprise.

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