UNE PÉTITION POUR LE DÉGROUPAGE DU CLOUD SOUVERAIN
L’année dernière, l’État décidait de favoriser l’avènement de champions français du Cloud computing. C’est chose faite, ce qui a donné naissance à deux co-entreprises : CloudWatt d’un côté (Orange et Thales) et Numergy (SFR et Bull) de l’autre. Une pétition a été mise en ligne à cette occasion soutenue par des associations comme Adullact et l’Aful, ainsi que par des entreprises comme Alter Way, Gandi, IELO / Lost-Oasis, If Research, Nexedi ou ViFiB. Effectivement, l’argent investi par l’État est utilisé par CloudWatt et Numergy comme bon leur semble. Mais le problème n’est pas là : les associations réclament le « dégroupage du Cloud, à l’instar du dégroupage de l’ADSL » . Ce qui permettrait de donner « accès directement aux bâtiments et aux serveurs des Cloud souverains pour et permettre à un opérateur concurrent d’y déployer son propre logiciel et d’offrir ainsi au marché une alternative afin de protéger les intérêts des consommateurs, l’innovation et la libre concurrence » . Il est vrai que la conduite des projets tant de Numergy que de CloudWatt peut être critiquée. En revanche, les arguments avancés nous semblent légers. « Au bout de six mois, aucun service n’est disponible », écrivent les associations et entreprises. Orange construit un nouveau data center pour ce service : difficile de mettre sur pied un tel édifice en moins de six mois ! Car Orange, Thales, SFR et Bull ont tous investi et pris des risques sur ce sujet : faire face à IBM, Google, Microsoft et Amazon sur le terrain du Cloud computing… certains n’auraient pas misé un seul kopek dans la bataille. « Pourtant, les technologies et les PME françaises du Cloud sont nombreuses et concurrentielles » , écrivent encore les contestataires. C’est pourquoi CloudWatt, encore une fois, s’entoure d’entreprises françaises, dont l’emblématique eNovance. Il est d’ailleurs assez amusant de lire dans le manifeste que « les plans annoncés publiquement par les opérateurs reposent sur des architectures complexes à base de technologies étrangères » , puisque CloudWatt a choisi OpenStack, « le système d’exploitation » du Cloud computing qui est… libre. Au passage, notons que OVH a aussi choisi ce système – décidément très en vogue – pour sa plateforme de stockage Hubic (lire le dossier Cloud en p. 44).