L'Informaticien

Un silence acheté pour 2,5 milliards de dollars

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La légende du film « The Social Network » l’indiquait assez clairement. On ne peut pas se faire 600 millions d’amis sans se faire au passage quelques ennemis. Depuis, les amis ont dépassé le milliard et il a bien fallu négocier avec les ennemis. Les premiers sont les frères Winklevoss qui après leurs menaces de procès ont obtenu une trentaine de millions de dollars en 2008 puis ont tenté de relancer une nouvelle procédure en 2009 sur la base d’éléments de messagerie instantané­e découverts par le journalist­e Nicholas Carlson. Ils ont toutefois été déboutés de cette nouvelle demande, jusqu’à présent. L’autre affaire, la plus grave sans doute, est celle qui concerne Eduardo Saverin. Là encore, Nicholas Carlson indique disposer d’éléments tendant à prouver que Mark Zuckerberg et ses nouveaux amis de Silicon Valley ont évincé Saverin en toute connaissan­ce de cause et sans état d’âme pour celui sans lequel le projet n’aurait jamais dû démarrer. Après avoir été totalement dilué suite à une augmentati­on de capital, Eduardo Saverin a même été retiré de la liste des fondateurs. Il s’en est suivi une obscure bataille juridique qui a abouti à la réintégrat­ion de M. Saverin dans la liste des co-fondateurs aux côté de Chris Hughes et Dustin Moskovitz et au versement de plus de 2 milliards de dollars en actions de l’entreprise. En échange, M. Saverin n’a plus le droit de s’exprimer sur le sujet Facebook. Notons que de double nationalit­é américaine et brésilienn­e, il a renoncé à la nationalit­é américaine, pour des raisons fiscales. Il vit depuis 2009 à Singapour et a créé un fonds d’investisse­ment qui a notamment financé le moteur de recherche Qwiki ou encore Jumio. Eduardo Saverin est le 8e homme le plus riche de Singapour, 25e brésilien et 634e au niveau mondial selon le classement établi par Forbes. À titre de comparaiso­n, Mark Zuckerberg, 28 ans, est la 36e fortune américaine avec 9,4 milliards de dollars, tout comme Rupert Murdoch, 81 ans. La troisième affaire concerne le dénommé Paul Ceglia. Sur la base d’emails échangés avec Mark Zuckerberg, l’homme prétendait à la moitié du capital de Facebook. Les choses ne se sont pas passées comme prévu puisque notre homme a été arrêté par la police américaine à la fin de l’année 2012 et inculpé de fraude postale et fraude informatiq­ue, deux charges qui sont susceptibl­es de lui apporter non plus 50 % du capital de Facebook mais 20 ans de prison pour chaque infraction. Comme disait fort justement Jean Gabin dans Le Cave se rebiffe : « Les bénéfices ça se divise, la réclusion ça s’additionne. »

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