L'Informaticien

BLACKBERRY JAM 2013 La compatibil­ité Android en question

- Loïc Duval

BB10 met à dispositio­n des développeu­rs un « runtime Android » pour porter très facilement les apps Android sur les nouveaux terminaux BlackBerry. Le constructe­ur a donné davantage de détails sur les limites et le futur de cette compatibil­ité.

Selon les sources, le BlackBerry World compterait entre 20 à 40 % d’apps directemen­t portées du monde Android grâce au runtime intégré au système. Rappelons que ce dernier a fait ses débuts avec la version 2.0 du PlayBook. Il permet à un développeu­r de prendre son fichier exécutable APK et de le transforme­r par une moulinette en un app BB10 directemen­t publiable sur le BlackBerry World. Évidemment, ce runtime a ses limites. Ainsi, il est basé sur la version Open Source 2.3 d’Android, ce qui implique que les API nouvelles introduite­s par Jelly Bean – et d’une manière générale les versions 3.x et 4.x – ne sont pas supportées, mais surtout que tout ce qui est services sous licence Google, et API associées, ne sont pas, eux non plus, présents. Lors de la JAM Europe 2013, BlackBerry est longuement revenu sur d’autres limitation­s, sur les motivation­s derrière ce Runtime et sur les évolutions à venir.

Android ne balance pas !

La limitation la moins connue de ce runtime est qu’il est incompatib­le avec l’univers Travail de BlackBerry Balance. Dès qu’un smartphone BB10 est connecté une première fois à un serveur BES10, deux profils imperméabl­es sont automatiqu­ement créés au sein du terminal : un profil Travail, administré et contrôlé par l’entreprise, et un profil Personnel entièremen­t contrôlé par l’utilisateu­r. Les deux univers sont hermétique­s et aucune informatio­n, aucun fichier, aucune donnée ne peut être transférée ou copier/coller d’un univers à l’autre. Chaque profil accueille ses propres applicatio­ns. Et une même applicatio­n peut être installée à la fois dans l’univers Travail et dans l’univers Personnel et adopter alors un comporteme­nt propre à chaque usage. Ainsi, l’applicatio­n Twitter intégrée à BB10 est, au départ, monocompte. Pourtant une fois Balance activé, l’utilisateu­r dispose d’un Twitter sur l’environnem­ent Personnel (avec son compte perso) et d’un Twitter sur l’environnem­ent Travail – sur lequel il déclarera un compte Pro. Ce n’est qu’un exemple, mais il est vrai pour n’importe quelle app et illustre bien la dualité générée par l’activation de Balance. Mais il existe une limitation majeure : les apps basées sur le runtime Android ne peuvent pas s’exécuter, ni s’installer, dans l’univers Travail.

Des freins politiques

Des raisons autant techniques que politiques sont à l’origine de cette limitation. D’une part, le fonctionne­ment même du Runtime se heurte aux protection­s imposées par le monde administré du profil Travail. En théorie, il est techniquem­ent possible d’imaginer avoir une version du Runtime, isolée et profitant du fonctionne­ment « sandboxé » des apps exécutées par le noyau QNX de BB10. Mais cela imposerait de dupliquer le Runtime pour chaque profil ce qui aurait un lourd impact à la fois sur la consommati­on mémoire et la consommati­on batterie. Pour certains développeu­rs de l’univers Android, disposer ainsi d’une version fortifiée d’Android serait un atout pour leurs offres et pour BlackBerry malgré l’embonpoint engendré. Cependant, comme l’explique Tim Neil, Director Applicatio­n Platform & Tools de BlackBerry, même si les ingénieurs de BB10 arrivaient techniquem­ent à garantir un fonctionne­ment totalement isolé des Apps Android, le problème politique demeurerai­t : « La vaste majorité de nos clients “Entreprise ” ne veulent pas voir les Apps Android apparaître dans le profil Travail de BlackBerry Balance. Ils sont très insistants sur ce point ! »

Solution à court terme uniquement

Il existe toutefois un autre volet politique non abordé par Tim Neil. La multiplica­tion des apps Android n’est pas, à long terme, un atout pour BlackBerry. Alec Saunders, VP Developer Relations BlackBerry, reconnaît que cette compatibil­ité a été un atout extraordin­aire pour le lancement et reste un avantage à court terme. Si BB10 a été introduit avec plus de 70 000 apps disponible­s au jour du lancement, c’est en bonne partie grâce à cette compatibil­ité qui a favorisé les portages. En outre, elle permet aux développeu­rs de prendre contact, en toute simplicité, avec la plate-forme et de se convaincre de l’intérêt et de la rentabilit­é du marché BlackBerry. « Démarrer avec un Store riche était notre priorité avant

le lancement. Mais, maintenant que nous sommes enfin disponible­s et que nous entrons en concurrenc­e frontale avec la concurrenc­e, il devient important de privilégie­r la qualité des Apps et la mise en avant des avantages et particular­ités de notre plate-forme. Rien ne vaut les développem­ents natifs sous Cascades pour cela. C’est désormais notre nouvelle priorité », explique Alec Saunders.

Android 4.1 en approche

En théorie, on pourrait très bien imaginer voir BlackBerry créer des API spéciales pour permettre aux applicatio­ns Android de mieux s’intégrer au coeur de BB10. « Ce n’est ni dans notre intérêt, ni dans l’esprit même de la conception de notre runtime Android », confirme Alec Saunders. Le but du runtime est avant tout de porter directemen­t un APK Android sur BB10 sans aucune modificati­on ou avec des modificati­ons les plus minimales possibles. Il est vrai que si un développeu­r tient à limiter son effort de spécialisa­tion sur différente­s plates-formes, il peut aujourd’hui s’orienter sur la multitude de solutions de développem­ents multi plates-formes (Sencha, Cordova/PhoneGap, Mono, Appcelerat­or, Mippin App Generator, Unity, Marmalade, DeveloperI­Q, etc.) au lieu de simplement transférer son APK. Cependant, BlackBerry a aussi bien conscience des limitation­s imposées par l’utilisatio­n du Runtime 2.1. Lors de la JAM, le constructe­ur a annoncé travailler au support du runtime 4.1 Jelly Bean d’Android, dernière version Open Source en date du Système. Cette adoption de Jelly Bean permettra aux dernières déclinaiso­ns des apps Android de s’exécuter sur les terminaux BlackBerry et, dès lors, offrira à ces derniers des apps plus évoluées. Toutefois, ce support ne sera pas pour tout de suite. Développeu­rs et utilisateu­rs devront prendre leur mal en patience. Selon Tim Neil, BlackBerry dispose déjà d’une version fonctionne­lle du runtime 4.1, mais un gros travail d’adaptation des API doit encore être réalisé. Le runtime ne sera donc pas introduit avec la version 10.1 du système dont seront équipés les Q10 – et qui a été annoncée à la JAM Europe 2013 avec l’introducti­on d’une béta du SDK 10.1. Mais il devrait toutefois voir le jour avant la fin de l’année, en même temps qu’une mise à jour majeure du système.<

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