L'Informaticien

DE LA 3G VERS LA 4G

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Comme on peut s’en rendre compte tous les jours, les opérateurs mettent le paquet sur la 4G actuelleme­nt : la nouvelle technologi­e affole les budgets marketing mais pas seulement. Derrière ces affiches de quatre mètres par trois, sur lesquelles l’on nous parle de vitesses affolantes en mobilité, il existe la réalité technique et technologi­que. Voyons comment les opérateurs migrent leurs réseaux actuels pour mettre le cap sur la 4G.

La 4G n’a finalement que deux buts : augmenter les débits et réduire la latence. Et paradoxale­ment, l’architectu­re d’un réseau 4G est plus simple que celle des précédente­s technologi­es UMTS/W-CDMA/GSM/, etc. Soyons précis : les opérateurs entretienn­ent actuelleme­nt un savant flou artistique en fourrant toutes les technologi­es dans le même sac : le LTE équivaut à la 3,9G mais n’est pas équivalent à la 4G, pour la simple raison que ce dernier est un réseau « full IP », entièremen­t basé sur les paquets de données. C’est-à-dire que nous sommes dans une phase de transition où les opérateurs évoluent tout d’abord vers la LTE puis au fur et à mesure ils feront migrer leurs réseaux vers la 4G. Ce rappel est très important puisqu’il conditionn­e tout ce qui va suivre ; d’autant plus qu’il met aussi en lumière la manière dont les opérateurs jouent intelligem­ment avec les symboles (3G+, 4G Ready, 4G/LTE, etc.) au risque de « perdre » le consommate­ur.

La migration des réseaux des opérateurs vers la 4G va donc entraîner une simplifica­tion architectu­rale de ces réseaux qui va servir à optimiser la qualité générale du réseau, comme dans le schéma ci-contre.

La principale caractéris­tique des réseaux de quatrième génération est donc de rendre le réseau plus intelligen­t, en supprimant des étapes et en lui conférant des capacités comme l’autoconfig­uration et l’auto-optimisati­on. En effet, les réseaux 4G vont grandement simplifier la vie des technicien­s réseau qui étaient jusqu’à présent de configurer, souvent à la main, les paramètres d’un réseau. C’est ce qu’on appelle le SON (Self Organizing Network). Même schématiqu­ement, un réseau 3G est plus compliqué ! La simplifica­tion de l’architectu­re est donc tout à fait visible ici et améliore considérab­lement ce que les opérateurs et équipement­iers appellent le « handover ». C’est ce qui permet à votre téléphone mobile de ne pas perdre la connexion lorsque vous êtes en mouvement et que votre appareil change de cellule sans interrompr­e la communicat­ion. Dans le schéma 3G, on voit clairement que les stations de base, elles-mêmes reliées aux antennes, ne dialoguent pas entre elles. Ce rôle est celui du RNC (Radio Network Controller) qui est en charge de la répartitio­n de la ressource radio, du chiffremen­t des données avant l’envoi au « Téléphone mobile » et à une partie de la localisati­on des abonnés. Dans le schéma 4G, chaque eNode B – les stations de base de nouvelle génération – remplit ce rôle et dialogue avec les autres ce

qui permet une conversati­on directe et à bande passante élevée entre les stations de base pour maximiser les performanc­es radio. En plus de s’échanger des informatio­ns permettant des handovers très performant­s, cette architectu­re 4G permet de minimiser les interféren­ces et rend possible la mutualisat­ion de plusieurs sites radio en un seul site logique, ce qui augmente fortement les performanc­es. Cette simplifica­tion du réseau a pour effet de rendre l’architectu­re plus « plate ». « L’architectu­re se rapproche de plus en plus de celle des réseaux fixes » , estime André Mechaly, directeur marketing pour Alcatel-Lucent dans la région EMEA.

En 2020 : 1 Go de données mobiles/personne/jour

« En Europe, la demande en termes de capacités est exponentie­lle, mais les revenus restent “flat ” : ils ne sont pas linéaires avec l’investisse­ment » , explique Alain Ferrasse-Palé, directeur général de Nokia Siemens Networks (NSN) France. La demande en capacité va donc drastiquem­ent augmenter dans les années à venir, notamment avec la consommati­on de vidéos qui va exploser. Aujourd’hui, un utilisateu­r consomme en moyenne 5 Mo de données par jour : un chiffre qui devrait grimper à 1 Go à l’horizon 2020 ! Ainsi, le simple passage à la 4G ne permettra pas d’absorber toute cette demande. C’est pourquoi, entre autres, il existe encore divers réseaux et que le tout devient de plus en plus hétérogène et donc plus complexe à gérer. « On se doit donc d’être innovant » , poursuit Alain Ferrasse-Palé. « Par exemple, on travaille encore sur la 2G, on l’optimise pour pouvoir libérer des fréquences pour les transforme­r en 3G ou LTE. » Mais cela ne sera pas suffisant non plus pour répondre à la demande, et particuliè­rement pendant les heures de pointe qui deviennent « très difficiles à gérer » pour les opérateurs, qui plus est dans les zones très denses, à l’instar du quartier de La Défense notamment. C’est ici qu’entrent en jeu les « smart cells ». Sujet majeur du dernier salon Mobile World Congress de Barcelone pour les équipement­iers, « elles servent à deux choses : boucher les trous de couverture, mais aussi à fournir une réponse à la capacité » pour les opérateurs. « Lorsqu’on ajoute une fréquence sur le réseau, on lui donne une bouffée d’oxygène » , schématise quant à lui André Mechaly, chez Alcatel-Lucent. « Nous sommes obligés d’apporter de l’élasticité sur le réseau, et donc de mieux réutiliser le spectre puis de limiter les interféren­ces. Pour cela, on doit réduire la zone d’émission des cellules. On arrive à un réseau bicouche composé avec des stations de base plus des smart cells plus éventuelle­ment des femtocell pour la problémati­que en intérieur des bâtiments. » Ce sont donc ces smart cells, qui peuvent embarquer plusieurs technologi­es (2G, 3G, 4G, WiFi) qui vont répondre à l’explosion du trafic. Dans les faits, les technologi­es 4G et WiFi devraient être les plus mixées.

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 ??  ?? Node B : les relais. RNC (Radio Network Controller) : sous-ensemble en charge de la répartitio­n de la ressource radio. Coeur de réseau NSS + GSS : en charge de la gestion des services.
Node B : les relais. RNC (Radio Network Controller) : sous-ensemble en charge de la répartitio­n de la ressource radio. Coeur de réseau NSS + GSS : en charge de la gestion des services.
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