Israël, pierre angulaire de l’innovation d’Intel
Le numéro un mondial des semi-conducteurs, qui établira en Irlande son usine spécialisée dans la technologie des processeurs 14 nanomètres, reste très attaché au savoir-faire israélien. Intel Israël, qui a représenté l’an passé 20 % des exportations high tech de l’État hébreu, mise notamment sur la R&D locale dans l’univers de la mobilité.
Israël reste une destination de premier choix pour Intel. Le groupe de Santa Clara totalise 8 542 salariés dans le pays, contre un millier de personnes en France à titre de comparaison. Premier employeur privé du pays, avec deux unités de production, situées à Jérusalem et Kiryat Giat, et quatre centres de recherche et développement, basés à Haïfa, Jérusalem, Petach Tikva et Yakum, le géant des microprocesseurs s’est surtout imposé comme l’un des poids lourds de la Silicon Valley israélienne. L’an dernier, Intel Israel a plus que doublé ses exportations (4,6 milliards de dollars), notamment grâce à la montée en puissance de son usine de Kiryat Gat ( Fab 28) spécialisée dans la technologie des processeurs avec une gravure à 22 nanomètres, qui fonctionne à plein régime. Autrement dit, Intel a représenté 20 % des exportations high tech d’Israël en 2012. « Avec un tel poids à l’export, il est clair que la contribution d’Intel à l’économie israélienne n’est rien de moins qu’immense » , a résumé sobrement Mooly Eden, président d’Intel Israël, à la mi-février lors de la présentation des résultats annuels de la branche.
Vers les 10 nanomètres
Engagé dans la course à la miniaturisation, le numéro un mondial des semi-conducteurs a investi localement près de 10,5 milliards de dollars au cours des dix dernières années – et reçu 1,3 milliard de dollars de subsides de l’État hébreu. Intel a certes pris l’industrie high tech israélienne à revers en annonçant voilà environ un an qu’il établirait en Irlande sa prochaine unité dédiée à la technologie des processeurs 14 nanomètres… Pour autant, le fondeur de Santa Clara réfléchit déjà à la localisation des nouvelles unités qui fabriqueront les processeurs 10 nanomètres et les responsables d’Intel Israël espèrent cette fois remporter la mise. « La durée de vie moyenne d’une technologie est de l’ordre de 2 à 6 ans et nous devons nous tenir prêt pour la prochaine étape » , a confié Maxine Fassberg, la directrice générale d’Intel Israël. Reste que pour le groupe américain, l’avantage compétitif de la division israélienne reste avant tout lié à son savoirfaire en matière d’innovation. Intel Israël qui a démarré ses activités en 1974 à Haïfa, il est en effet crédité de plusieurs contributions technologiques majeures. On doit à l’artisan de la branche israélienne, Dov Frohman, l’invention de l’Efrom (mémoire morte reprogrammable), l’ancêtre de la « flash memory ». Des ingénieurs israéliens sont également à l’origine du processeur 8088 (le « cerveau » du premier PC), de la technologie MMX ou encore de la technologie mobile Centrino. Au début des années 2000, le premier produit Intel à « avoir mis Israël sur la carte », est le microprocesseur Pentium M, dit Banias, qui a permis l’avènement des portables, comme le rappelle Rony Friedman, vice-président corporate et directeur général du développement microprocesseurs et composants.
Ivy Bridge développé en Israël
Autre jalon phare pour l’équipe israélienne : la conception de Merom, le processeur à un ou deux coeurs pour ordinateurs portables qui a pris la relève du Pentium M et a été introduit en 2006. Sans oublier les produits vedette Intel du moment que sont les familles de processeurs Sandy Bridge et Ivy Bridge, toutes deux conçues, fabriquées et gérées par l’antenne israélienne. « En 2012, quelque 140 nouveaux ultrabooks ont été mis sur le marché et tous utilisent le processeur Ivy Bridge qui a été développé en Israël » ,a indiqué Mooly Eden. Parmi les satisfecit d’Intel Israël au cours de l’année écoulée, figure l’élaboration d’un système permettant de ramener la consommation d’énergie des
ultrabooks (de troisième génération) à 7 watts par heure contre 13 voire 15 watts précédemment ; sans oublier le développement des processeurs Cloverview Atom, qui sont au coeur des tablettes utilisant Windows 8. Dans les mois à venir, la division participera également au lancement d’une nouvelle plate-forme pour les smartphones hautement performants. À plus long terme, Intel Israël devrait s’appuyer sur les recherches de son nouvel institut spécialisé dans l’intelligence computationnelle pour avancer ses pions dans les domaines du streaming vidéo, de l’hyper connectivité et de la sécurité. Enfin, Intel n’est pas resté passif sur le front des acquisitions. Tandis que sa branche d’investissement, Intel Capital, a récemment annoncé qu’elle allait accroître ses opérations en Israël, le groupe californien a investi dans quelque 64 start-up israéliennes depuis 1996. En 2012, Intel a notamment racheté Indesia Biometrics, une jeune pousse dont la technologie biométrique est fondée sur le rythme cardiaque. Un an plus tôt, il avait jeté son dévolu sur la société israélienne Telmap (lire encadré) positionnée sur le marché de la mobilité, qui reste le principal défi du géant du high tech, et se présente comme une bataille plus difficile à livrer…<