Kevin Turner, directeur des opérations de Microsoft « Le train du Cloud a quitté la gare et il accélère ! »
Il est toujours rare d’avoir des entretiens avec ceux qui décident réellement de la stratégie et du fonctionnement d’une très grande entreprise. Kevin Turner, directeur des opérations pour Microsoft, est un de ces « happy few ». L’Informaticien l’a rencontré en exclusivité lors de son passage à Paris, début mars, sur le Campus de Microsoft, pour une interview au pas de charge, à l’image de cet hyperactif.
Entre rencontres avec des clients et réunions internes avec les responsables ou encore les salariés de Microsoft France, Kevin Turner a trouvé une fenêtre pour accorder à L’Informaticien une interview exclusive et faire le point sur la stratégie et la transformation de Microsoft qui se réinvente avec le Cloud. La poignée de main est franche et l’abord direct. Ce préambule passé, nous entrons directement dans le vif du sujet en demandant à Kevin Turner ce que sont pour lui les principales tendances et les changements qui touchent aujourd’hui les entreprises et donc ses clients. « La première, c’est le Cloud. Le train du Cloud a quitté la gare et il accélère vite. Ensuite, c’est la mobilité. Vient le Big Data et ses exigences de Business Intelligence et, à cela, rien de surprenant si l’on considère le volume exponentiel de données que produisent par exemple les terminaux mobiles et intelligents connectés au Cloud. De ce point de vue, c’est même assez extraordinaire. Une autre tendance correspond au “social ” avec les réseaux sociaux d’entreprises. C’est très différent de ce que les entreprises vivaient il y a encore un an, car cela ne concerne pas uniquement l’intérieur de l’entreprise mais aussi ses clients et ses partenaires. Enfin, la technologie tactile, qui se décline sur tout type de terminaux – écrans, surfaces, murs, ordinateurs… Nous avons pris de grands paris sur ces cinq tendances technologiques. » En quelques mots, Kevin Turner trace la stratégie sur les produits de Microsoft.
Une évolution vers les terminaux et les services
Mais, à l’image de ses clients, Microsoft se transforme aussi. Kevin Turner évoque sans détours la question. « C’est une évolution, un voyage. Nous travaillons à cela. Il y a un an je vous aurais parlé d’innovation. Depuis, en dix mois, nous avons pratiquement revisité toute notre gamme de produits. La vision originelle de Microsoft, à sa création, était d’installer un PC sur chaque bureau et dans chaque foyer. Dans ce sillage, notre objectif est aujourd’hui de proposer pour chaque personne des services en ligne sur tout type de terminal. Nous voulons offrir la meilleure expérience possible aux utilisateurs sur tous leurs terminaux. Cela passe par une révolution avec de nouveaux types de terminaux, de nouveaux types d’appareils mobiles. Dans ce domaine, nous nous appuyons sur nos partenaires constructeurs. » Kevin Turner précise ce point : « Nos systèmes sont aussi embarqués dans nombre d’autres appareils comme des caisses enregistreuses, des pompes à essence, des kiosques… L’autre volet de la transformation porte sur les services. Elle repose sur la grande expérience que nous avons dans les services cloud pour le grand public. Ce sont désormais tous nos produits qui en bénéficient. Nous proposons ainsi des solutions cloud pour l’entreprise très performantes. Il est d’ailleurs très excitant de vivre ce moment et de voir qu’une solution comme Office 365 est devenue le produit qui enregistre la croissance la plus forte de toute l’histoire de Microsoft. Il s’agissait auparavant de Sharepoint qui continue à croître aujourd’hui. Toutes ces solutions sont pensées de façon à proposer une expérience unique et continue, quel que soit l’environnement ou le matériel choisi par l’utilisateur. »
Un OS pour le Cloud ou un OS dans le Cloud ?
Cette stratégie tournée vers les services et les terminaux, accélérés par le Cloud, s’accompagne d’une vision intitulée Cloud OS (cf cahier entreprise en pp.43 à 74). Concrètement, comment se traduit-elle ? Kevin Turner retrouve là son sens de la tribune : « C’est la capacité de connecter les infrastructures existantes et de réécrire les applications afin qu’elles fonctionnent dans le Cloud, et ce, en s’appuyant sur l’ensemble de la pile logicielle dont notre portefeuille d’outils de management. Ce qui se passe actuellement est très enthousiasmant. Les environnements de Clouds privés explosent. Les entreprises peuvent désormais en profiter à plein avec Hyper-V 3 qui se révèle aujourd’hui supérieur à VMware pour le tiers de son prix. Sur le SaaS, nous avons de belles opportunités grâce à l’ensemble de nos applications sur ce mode, telles
que Exchange, Lync ou encore Sharepoint Online. Accor et Yves Rocher sont d’ailleurs deux références récentes et des projets d’envergure en termes de nombre d’utilisateurs. L’adoption de nos solutions est rapide et nous permettons à nos clients de mettre en oeuvre des Clouds hybrides avec une combinaison d’applications à la fois sur site et dans le nuage. » Et la sécurité ? « Nous avons procédé à de nombreuses améliorations sur le sujet avec par exemple la possibilité d’avoir un SSO (Single Sign ON) pour l’identification des utilisateurs. Nous travaillons en outre sur les aspects liés à la sécurité depuis de longues années : nous avons l’expérience et les moyens de proposer à nos clients un Cloud très sécurisé. D’ailleurs, une étude publiée par Secunia l’année dernière démontrait que nous étions déjà le système présentant le moins de vulnérabilités comparativement aux autres systèmes, et ce, bien que notre empreinte sur le marché soit parfois quatre, cinq fois, voire dix fois plus large. » Le Patriot Act ? « Il est dans tous les esprits, mais nous faisons tous les efforts nécessaires pour nous adapter et répondre aux exigences réglementaires. »
La verticalisation, une évolution naturelle
Aux États-Unis, des communautés ou encore des secteurs d’activité tels que celui de la santé s’orientent vers des Clouds davantage axés sur leurs préoccupations professionnelles. Kevin Turner estime que c’est une évolution naturelle et qu’il est possible de concevoir de tels services sur Azure. Il précise que l’important n’est pas d’avoir un Cloud par industrie mais bien d’évaluer les synergies que vous pouvez en tirer.
Partenaires, innovez !
Le modèle de Microsoft repose sur un vaste réseau de partenaires technologiques et de prestataires de services. Qu’attend-il de ce réseau aujourd’hui ? « Avec Windows 8, nous avons réinventé le PC afin de proposer, sur tous les terminaux, une expérience de grande qualité, avec de très bons contenus, et ce, en continu pour les utilisateurs. C’est une première dans l’industrie ! À nos partenaires constructeurs, nous demandons ainsi d’imaginer des terminaux très intelligents sur cette plate-forme avec des processeurs plus performants, des autonomies plus grandes. En ce qui concerne nos autres partenaires, nous sommes là pour les aider à emprunter de manière active la voie d’un modèle de services sur le Cloud. Nous les aidons à construire ces services et à les activer. Aujourd’hui, ce sont près de 10 000 partenaires que nous accompagnons chaque mois ! »