L’informatique de… NetApp Les trois vies d’une CIO
Voici le regard de Cynthia Stoddard, CIO de NetApp, le n°2 mondial du stockage de données, sur ses missions, son nouveau data center, son approche du Big Data analytique, sa vision du futur…
Pour une fois, ne parlons pas DSI mais CIO (Chief Information Officer). Cynthia Stoddard est la CIO d’un des principaux fournisseurs dans le domaine du stockage de données, NetApp. Nous avons eu l’honneur de la rencontrer récemment à Sunnyvale, en Californie, au siège de NetApp, pour évoquer l’exercice de son métier. À commencer par sa mission : « Fournir une vision technologique sur le long terme, qui supporte et s’aligne sur la stratégie et les objectifs de l’entreprise. Assurer la direction de l’organisation IT globale du groupe, et fournir les solutions qui soutiennent sa croissance. Et être le premier défenseur de NetApp sur les marchés externes pour sensibiliser davantage sur la société et ses initiatives. » Plus concrètement, la CIO de NetApp mène trois vies : elle dirige l’informatique, elle supervise les développements de la DSI, dont certains vont renforcer l’offre du constructeur et elle assure la représentation de NetApp auprès des DSI qu’elle côtoie. Un dernier « détail » qui aura son importance pour la suite de notre découverte : la CIO reporte au vice-président exécutif en charge de la défense des intérêts des clients !
Le nouveau jouet de la DSI
Pour atteindre ses objectifs, Cynthia Stoddard peut compter sur le nouveau data center de NetApp, situé à Hillsboro, dans l’Oregon. Le fabricant y rejoint Google, Facebook, Intel, et prochainement Adobe et Fortune Data Centers – un opérateur de la Silicon Valley. Cette implantation a été principalement guidée par des considérations fiscales avantageuses et un prix de l’électricité plus faible. Un investissement de 115 millions de dollars, réalisé en 54 semaines et inauguré en décembre 2012. « Pour atteindre nos objectifs de progression, nous avons besoin d’un environnement où la donnée est essentiellement immortelle, toujours disponible, et où nous n’aurons jamais à nous soucier de temps d’arrêt planifiés ou de lacunes dans notre capacité à accompagner nos clients » , a justifié la CIO. Ce data center est considéré comme le « backbone » des fonctions et services IT centralisés de NetApp et de ses 12 000 employés. Son équipement fait bien
évidemment la part belle aux solutions maison (voir notre encart L’informatique de NetApp). Certains choix technologiques se font l’écho des préoccupation des DSI, l’explosion des volumes de données à stocker et à traiter, le maintien des opérations en continu, les considérations climatiques. « Avec les changements du paysage de l’entreprise et des clients, nous avons besoin d’une architecture de stockage intelligente, qui nous permette d’anticiper et de répondre plus rapidement au business. » Ils sont également des signes de la migration des services vers le nuage. C’est ainsi qu’il faut interpréter l’intégration d’une solution unifiée FlexPod. La DSI disposera également prochainement d’un second data center flambant neuf dans le Research Triangle Park de Caroline du Nord pour compléter son Cloud privé. Nous avons demandé à Cynthia Stoddard de définir ses priorités pour son data center : « Automatisation “zerotouch”, utilisation à 100 %, visibilité de bout en bout. Et des fonctionnalités intégrées d’efficacité qui nous donnent la capacité de réagir rapidement aux changements et de nous assurer que nous suivons le même rythme que les besoins de nos clients. »
Le concept de « self founding »
Pas mojns de 450 employés collaborent à la DSI de NetApp, partagés à égalité sur l’infrastructure et aux développements. Ces derniers portent sur les outils logiciels
« Nous avons besoin d’un environnement où la donnée est essentiellement immortelle et toujours disponible »
déployés, Oracle, l’analytique en Big Data, le support de SAP, etc. « Dans le carré magique du Gartner, nous retenons la solution la plus en haut à droite » , affirme la CIO. Une vision qui affiche ses limites lorsque c’est un concurrent qui se situe à cette place ! Évoquant le carnet de route de ses priorités, Cynthia Stoddard cite d’abord son budget, qui n’affiche qu’une légère augmentation. L’occasion d’introduire le concept de « self founding » qui guide sa démarche : « Trouver les domaines qui offrent des opportunités, en particulier dans le data center. » Suivent le contact avec les clients, la sécurité et le stockage. « Notre rôle est de devenir plus agiles et plus rapides, et d’apporter plus de valeur. À nous de concrétiser notre futur et celui de NetApp dans les IT. »
La DSI « Customer One »
Le service au client figure dans les gènes de NetApp, cela déteint sur la DSI. La relation avec les clients du fabricant est une des vies de Cynthia Stoddard. Elle se doit d’assurer un lien entre les clients internes et externes. « Lorsque je rencontre des DSI, nous parlons futur, pratiques en matière d’architecture et de gouvernance, en matière de stockage évidemment, et business case. » Son rôle prend également forme dans le programme Customer One, qui fait de la DSI de NetApp la première à tester les produits du fabricant après leur sortie des « labs ». « À être les premiers, nous sommes les meilleurs clients des produits NetApp, solutions et services » , affirme-t-elle. Cette
approche donne toute sa légitimité à ses rencontres avec ses homologues et à ses interventions lors de manifestations. La CIO se félicite également de pouvoir rendre ces produits les plus « agressifs » possible. « Customer One nous permet de fournir un retour à nos équipes de développement et d’aider à les améliorer très tôt dans le cycle de création. » La DSI contribue ainsi à environ 30 % du code des versions RC (Release Candidate) des logiciels qui accompagnent le matériel conçu par NetApp, aidant en particulier à corriger les erreurs. Et pour certains grands clients qui ont accès à ce programme, Customer One leur évite d’expérimenter les solutions.
AutoSupport : quand NepApp expérimente le Big Data
La mission de la DSI de NetApp va encore plus loin, et c’est l’une des vies de la CIO : le suivi de ses équipes développement autour des solutions applicatives en place. Elles participent également au code des solutions du fabricant. Et certains développements peuvent même devenir des produits indépendants qui figurent au catalogue du constructeur. Une solution en particulier fait la fierté de Cynthia Stoddard : AutoSupport. Derrière ce nom, résumé ASUP en interne, se cache l’expérimentation par NetApp du Big Data analytique basé sur Hadoop. À l’origine du projet, la problématique de l’exploitation des données qui s’accumulent dans le système d’information. Chez NetApp, cela se traduit par un doublement des données issues de ses clients tous les 16 mois, soit 24 milliards de données à ce jour. Ces informations concernent principalement les erreurs sur les matériels NetApp remontées de ses clients. Un volume que « la base de données Oracle ne peut supporter efficacement » , de l’avis de Cynthia Stoddard. « Je suis assise sur les données de milliers de clients, et ce que j’en fais est essentiel pour notre compagnie. J’ai besoin d’être réactive afin d’aider nos clients à faire plus avec leurs systèmes. » Lorsque la CIO prend la décision de migrer vers un nouveau système de base de données, elle se tourne vers le Big Data, évalue les solutions en présence, retient Hadoop Open Source dans la distribution Cloudera. L’objectif est d’accélérer le traitement de la donnée par la réplication de segments de données distribuées sur l’informatique du groupe. Le résultat le plus attendu tient dans les alertes émises par la solution analytique lorsque sont détectés dans les informations recueillies les symptômes d’un problème à venir, identifiés au travers d’incidents antérieurs. Une anticipation qui permet à NetApp et ses partenaires d’être pro-actifs et de réduire les appels au support. Autre avantage, l’exécution d’une requête sur la base de données est passée de quatre semaines à environ onze heures. Il est encore trop tôt pour mesurer l’apport d’AutoSupport sur les finances de NetApp, mais Cynthia Stoddard estime pourvoir réduire de moitié le coût de l’analyse de la donnée. Au-delà du succès annoncé de la première adoption du Big Data analytique, qu’elle est la prochaine technologie qui va retenir l’attention de la CIO de NetApp ? Elle porte ses réflexions sur l’accélération de certains workloads par le in-memory. Ce qui se traduit par SAP HANA. Pour Cynthia Stoddard, c’est « la révolution des processus professionnels que nous pourrons obtenir lorsque nous aurons le pouvoir sur la mémoire ! »