L’open Source à maturité
Il y a dix ans, l’Open Source éveillait la curiosité des DSI. En une décennie, les solutions non propriétaires ont progressivement conquis les administrations publiques et les entreprises. Et l’Open Source tient aujourd’hui une place de premier ordre sur le marché des logiciels et des services informatiques. En dix ans, les DSI ont développé leurs compétences autour de ce nouveau modèle. De leurs côtés, les entreprises de l’Open Source ont également gagné en maturité. La filière s’industrialise et se structure autour d’acteurs de plus en plus larges. De l’avis général, l’Open Source a donc désormais atteint l’âge de la maturité. « Au sein de l’association nationale des DSI, nous avons dépassé le stade de la curiosité concernant l’Open Source. Nous en sommes désormais au partage d’expériences. La question n’est plus de savoir si l’on doit ou non passer à l’Open Source, mais plutôt de repérer les meilleures solutions, de s’échanger des “bons plans” » . Voilà le résumé de la situation établi par Justin Ziegler, DSI de Price Minister et administrateur de l’ANDSI (Association nationale des DSI). Un avis partagé par Michael Carney, aujourd’hui directeur commercial de SkySQL, anciennement chez MySQL. « En 2003, au salon Solutions Linux, nous répondions surtout aux questions des développeurs. Ensuite, les DSI sont venus. Aujourd’hui, je pense que l’Open Source s’est banalisé. Il est devenu une simple commodité. »
L’Open Source de nouveau sur le devant de la scène
Pour le numéro un mondial du secteur, Red Hat, l’intérêt pour l’Open Source était quelque peu retombé ces dernières années, après l’effet nouveauté des débuts. « Mais aujourd’hui, les projecteurs sont à nouveau braqués sur les solutions non propriétaires » , estime Michel Isnard, son vice président Semea (Sud de l’Europe, Moyen-Orient et Afrique). Un regain d’intérêt confirmé par Linagora, première société française de services et d’édition de logiciels open source. « J’assiste à une seconde vague d’adhésion de l’Open Source. Les vrais projets commencent » , assure son PDG, Alexandre Zapolsky. Ce second souffle est visible dans les chiffres du marché. Selon le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC), le marché de l’Open Source en France a atteint 2,9 milliards d’euros en 2012, soit une croissance de 16 % par rapport à 2011. Une performance notable alors que le marché global du logiciel et des services informatiques a connu une baisse de 1 % en 2012, note le même cabinet. Et la croissance du segment open source n’est pas prête de s’arrêter. PAC table sur une croissance annuelle moyenne supérieure à 10 % en France jusqu’en 2015. Selon Red Hat, ce regain d’intérêt pour l’Open Source résulte de la combinaison de deux éléments favorables. Le premier est la crise économique. « Avec la crise, les DSI doivent désormais gérer des budgets réduits et justifier la moindre dépense. Cela est positif pour l’Open Source dont l’un des arguments est justement d’économiser les coûts » , analyse Michel Isnard (lire « Les bénéfices de l’Open Source » ). Deuxième élément : la richesse de l’offre. « Le portefeuille de solutions est désormais suffisamment étoffé pour convaincre » , estime le responsable.
L’Open Source n’a plus besoin de faire ses preuves. Il est même devenu incontournable dans des domaines tels que l’infrastructure ou le très en vogue Cloud Computing. Les sociétés du secteur ont gagné en maturité tout comme les DSI. Une situation propice à apprécier les solutions open source à leur juste valeur.