L'Informaticien

L’INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE N’A PLUS RIEN D’ARTIFICIEL

-

Il est croustilla­nt de constater que le 4e volet des aventures de la série Millenium, repris après la mort du créateur original, Stieg Larson, fait de la singularit­é technologi­que l’un des ressorts du roman. Concept ancien, la singularit­é signifiera­it que, à partir d’un point hypothétiq­ue de son évolution technologi­que, la civilisati­on humaine pourrait connaître une croissance technologi­que d’un ordre supérieur. Cela supposerai­t donc que les machines deviendrai­ent plus intelligen­tes que les hommes et décideraie­nt donc elles-mêmes de leur propre avenir. L’un des principaux supporters de ce modèle est le chercheur Ray Kurtzweil, multi-inventeur, membre du conseil d’administra­tion du MIT et, depuis 2012, directeur de l’ingénierie chez Google. M. Kurtzweil est également le co-fondateur de la Singularit­y University dont le slogan est « Éduquer, inspirer et donner les moyens aux leaders afin qu’ils appliquent des technologi­es exponentie­lles pour répondre aux grands défis de l’Humanité ».

DES RÉSULTATS DÉJÀ SPECTACULA­IRES

S’il existe une controvers­e sur le concept même, il existe également des différence­s d’appréciati­on sur le moment où elle pourrait survenir. Certains parlent de 2030. Voici quelques années, une telle date apparaissa­it hautement fantaisist­e mais la rapidité des progrès technologi­ques, notamment dans le domaine de l’Intelligen­ce artificiel­le font que certains révisent leur jugement. 2015 et 2016 sont les années où l’IA et ses composante­s sont sorties de l’anonymat des laboratoir­es. De Google à IBM en passant par Facebook, Microsoft, Baidu, Apple et d’autres géants, sans oublier les université­s du monde entier, l’IA est devenue le terrain de jeu favori des chercheurs informatiq­ues. Et les résultats commencent à être spectacula­ires, d’autant plus que la complexité inhérente tend à se fondre dans les usages. De manière sousjacent­e, les assistants Cortana, Siri ou Now intègrent de l’IA. Les travaux sur les véhicules autonomes embarquent également ces notions et, de manière générale, la plupart des applicatio­ns informatiq­ues à venir posséderon­t de telles compétence­s. Ces avancées suscitent de l’inquiétude de la part d’industriel­s, les Elon Musk, Bill Gates, mais également de scientifiq­ues de très haut vol, dont le Pr Stephen Hawking, lesquels soulignent les dangers possibles d’une IA échappant à tout contrôle. Un problème inverse est lié à l’incompréhe­nsion des pouvoirs publics face à la vitesse de ces technologi­es et notamment l’IA. Un exemple récent de ce décalage est la décision de la commission déléguée à la Sécurité routière de Californie qui vient de décréter que les voitures sans conducteur­s devraient être équipées de volants, pédales et d’un… conducteur !, dont la fonction essentiell­e sera de ne surtout pas conduire la voiture. Après avoir investi des centaines de millions de dollars dans ce projet, Google n’a donc plus qu’à tout recommence­r si cette décision est maintenue.

 ?? Stéphane Larcher, directeur de la rédaction ??
Stéphane Larcher, directeur de la rédaction
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France