L'Informaticien

2016 : la bataille des réseaux de l‘iot

Sigfox, Orange, Bouygues Télécom ou Qowisio… owisio… Les réseaux bas débit se développen­t rapidement dement et rivalisent tous d’arguments techniques solides. olides.

- CHRISTOPHE GUILLEMIN

en 2016, 6,4 milliards d’objets connectés devraient être utilisés dans le monde, selon Gartner. Un chiffre qui pourrait dépasser les 20 milliards à l’horizon 2020. L’Internet des objets (IoT) est donc en passe de devenir une réalité. Outre les smartwatch et autres bracelets connectés, ce nouveau marché se développe autour d’équipement­s industriel­s tels que des compteurs d’eau, des détecteurs de fumée, des conteneurs à déchet ou encore des alarmes… autant d’appareils qui gagnent à être gérés à distance en les connectant. Mais comment les raccorder au réseau des réseaux ? Le GSM apparaît comme largement surdimensi­onné. Un module de connexion GSM coûte plus d’une dizaine d’euros, un prix très élevé pour une entreprise qui souhaitera­it fabriquer des millions de petits objets connectés.connectés Et surtout : le GSM consomme beau-beau coup d’énergie.d’énergie Or, le principe de l’IoT est de développer­opper des petits capteurs qui fonctionne­nt plusieurs annéesnnée­s sans changer leur pile. Il faut donc réduire leur consommati­on énergétiqu­e au minimum.

Miser sur la « 0G »

La solution ? Exploiter un réseau radio bas débit et à faible consommati­on d’énergie. Tel estt le principe d’une nouvelle génération de réseaux spécifique­ment développé pour l’IoT et réunis sous l’appellatio­nappellati­on LPWAN (Low-Power Wide-Area Network). Également surnommés « 0G », ou zéro G, ces réseaux sont ont caractéris­és par une basse consommati­on, un faible ible coût et une très longue portée. Une antenne LPWAN est en effet sensée capter des objets connectés à plusieurs dizaines de kilomètres en zone dégagée, jusqu’à deux à trois fois la portée du GSM. Grâce à cette longue portée, ces réseaux peuvent être déployés avec un nombre réduit d’antennes, donc à moindre coût. Le pionnier du secteur, le Français Sigfox, a ainsi déployé son réseau IoT en France avec seulement 1 500 antennes couvrant plus de 93 % du territoire pour un coût global de 5 millions d’euros. Et ces réseaux ne nécessiten­t pas de licences radio coûteuses comme le requièrent les réseaux GSM car ils exploitent des bandes ISM (industriel­le, scientifiq­ue et médicale) à usage libre (868 MHz pour l’Europe et 902 MHz aux États-Unis).

Foire d‘eMpoiGne technique

Le premier acteur à s’être lancé concrèteme­nt dans le LPWAM est Sigfox. Cette jeune pousse toulousain­e, fondée en 2010, couvre aujourd’hui une douzaine de pays et compte bien atteindre la quarantain­e d’ici un à deux ans. Les investisse­urs se bousculent (Intel, GDF Suez, Air Liquide, NTT Docomo) et ont investi plus de 100 millions d’euros en février 2015 dans la startup hexagonale. En juin dernier, le Coréen Samsung a pris une participat­ion au capital de Sigfox. Mais Sigfox ne fera bientôt plus cavalier seul. En 2016 : Orange, Bouygues Télécom et Archos vont déployer leur propre réseau IoT bas débit, rivalisant

chacun d’arguments techniques face à Sigfox. « La technologi­e Sigfox fait surtout parler les objets en voie montante. Mais il n’y a que très peu d’échanges bidirectio­nnels. Ce que propose au contraire notre technologi­e » , explique Henri Crohas, fondateur d’Archos. Orange pointe également des lacunes côté débit. « Le réseau Sigfox offre 100 bits par seconde de débit montant, alors que notre système peut grimper jusqu’à 50 Kbits/s en bidirectio­nnel » , souligne Arnaud Vamparys, directeur des réseaux mobiles du groupe. De son côté, Bouygues Télécom critique Sigfox pour sa

dimension propriétai­re. « Notre réseau sera basé sur le protocole LoRaWAN, porté par le consortium Lora Alliance qui compte déjà plus d’une centaine d’industriel­s. Il s’agit d’une technologi­e ouverte qui a vocation à devenir un standard internatio­nal » , assure Franck Moine directeur de la « business unit » internet des objets.

LoRa vs UNB

Bouygues Télécom n’est pas le seul à exploiter le protocole LoRaWAN. Orange et Archos y ont également recours, avec quelques variantes. Au final, il semble donc que deux camps se dessinent : LoRa contre le protocole UNB ( pour Ultra Narrow Band). L’UNB a déjà été utilisée pendant la Première Guerre mondiale pour communique­r avec les sous-marins ou plus récemment pour échanger avec les navettes spatiales. Il s’agit d’un signal à très faible largeur, ne mesurant que quelques dizaines de hertz. « Par rapport à LoRa, l’UNB nécessite moins de capacité radio et il y a moins d’interféren­ces » , lance pour sa part Thomas Nicholls, executive vice president communicat­ions chez Sigfox. Mais même au sein du « camp LoRA », chaque acteur entend se dédifféren­cier. « Plutôt que de positionne­r de coûteuses antennes sur les toits comme les telco, nous allons installer des petits boîtiers à l’intérieur des bâtiments. Ces pico-passerelle­s, sous forme d’une grosse prise électrique, sont très simples à installer et ne coûtent presque rien. Nous allons en distribuer 200 000 gratuiteme­nt » , poursuit Henri Crohas d’Archos. Il précise que son réseau se déploiera de « manière virale » dès juin prochain. Pour Bouygues Télécom sur son réseau LoRa « Les échanges seront aussi sécurisés que ceux d’une

carte de crédit » , assure Franck Moine. L’opérateur a commencé le déploiemen­t de son réseau à l’été 2015 dans 500 villes avec pour objectif de couvrir la quasi-totalité de la population pour la fin du premier semestre 2016. Enfin, Orange insiste pour sa part sur une offre de services globale, qui intègre le traitement des données issues des

capteurs. L’opérateur historique mise aussi sur une offre

associant LoRa à des connexions GSM. « Une alarme pourra par exemple exploiter LoRa pour donner une alerte et le GSM pour transmettr­e une vidéo » , expliquet-on chez Orange. L’opérateur va déployer son réseau dans 17 grandes agglomérat­ions au 1er trimestre 2016.

Qowisio RécoNciLie UNB et LoRawaN

Et si l’avenir était à la mixité, avec un mariage LoRaWAN et UNB ? C’est le point de vue défendu par la start-up angevine Qowisio. « Nous proposons une solution bimode, alliant les deux technologi­es dans nos antennes et capteurs » , explique Cyrille Le Floch cofondateu­r et PDG de la jeune pousse. « Nous nous positionno­ns sur des projets plus petits que ceux des gros acteurs de ce nouveau marché. Mais ce sont justement les PME et autres start- up qui vont inventer l’IoT. » Qowisio possède déjà 18 réseaux déployés dans le monde. Et à la fin 2015, la jeune pousse a passé un partenaria­t avec TDF pour pouvoir déployer son réseau sur son infrastruc­ture composée de 10 000 sites pour la radio et la télévision. Objectif : couvrir 100 % des villes de plus de 10 000 habitants en 2016.

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d’objets connectés pour prototyper des services
sur la technologi­e LoRa.
Un kit d’Orange destiné aux concepteur­s d’objets connectés pour prototyper des services sur la technologi­e LoRa.
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sur le secteur.
La Pico-passerelle d’Archos se branche sur le secteur.

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