L'Informaticien

REPENSER LES SERVICES

Vous n’en aviez peut-être pas encore entendu parler mais la plupart des grands éditeurs l’utilisent pour repenser les interfaces utilisateu­rs et les nouveaux services issus de la « transforma­tion numérique » des entreprise­s : le Design Thinking. Concept a

- BERTRAND GARé

souvent associé à un esthétisme hermétique, le mot Design donne des boutons à pas mal de gens. Au mieux, le mot fait sourire avec une image de gadget inutile. Le concept de Design Thinking est loin de cette vision première. Sa définition n’est pas aisée. French Web, dans un article paru en avril dernier, le définissai­t comme un mode d’applicatio­n des outils de conception utilisés par les designers pour résoudre une problémati­que d’innovation, par une approche multidisci­plinaire centrée sur l’humain. Plus simplement Wikipedia en donne une autre facette : « Une approche de l’innovation et de son management qui se veut une synthèse entre la pensée analytique et la pensée intuitive. Il s’appuie beaucoup sur un processus de co- créativité impliquant des retours de l’utilisateu­r final. » Notre définition est que le Design Thinking est un processus visant à stimuler la créativité et l’innovation en combinant les apports du Design, des technologi­es et du marketing pour apporter aux utilisateu­rs des outils désirables mais réalisable­s et viables économique­ment comme le remarque un article sur le Blog de CPI, un programme qui regroupe trois écoles (Essec, Centrale Paris et Strate College).

Au milieu des gRAndes tendAnces

Derrière les mots valises « transforma­tion numérique » se cache la notion d’innovation. Un des moyens de faire entrer l’innovation dans l’entreprise est de stimuler la créativité qui est le but ultime du Design Thinking. Ce concept, avec son côté récurrent et avec les échanges qu’il demande avec les

utilisateu­rs s’intègre parfaiteme­nt dans les démarches DevOps et agiles de développem­ent des applicatio­ns. Il en est à la fois le générateur, par la mise en valeur de la créativité et de l’innovation, et le dernier maillon pour développer les interfaces souhaitées et adaptées aux utilisateu­rs des services développés.

Un process comme Un aUtre ?

Dans le temps, le concept a évolué. Originelle­ment il comportait sept étapes : définir, rechercher, imaginer, prototyper, sélectionn­er, implémente­r, apprendre. Jeremy Gutsche, un expert canadien en innovation et fondateur du site TrendHunte­r, ramène le processus à cinq étapes : définir, imaginer, synthétise­r, prototyper, tester. Tim Brown, le créateur d’une agence spécialisé­e sur le Design Thinking, Ideo, lui ne voit que 3 jalons dans la démarche qui sont inspiratio­n, imaginatio­n et mise en oeuvre (implémenta­tion). Le processus généraleme­nt retenu est celui de la dSchool de Stanford qui comprend cinq phases. La première est celle de l’empathie avec la réalisatio­n d’interviews de porteurs d’intérêts dans le projet afin de définir ce que le porteur d’intérêt fait, pense, ressent et dit. Vient ensuite le moment de la mise en perspectiv­e visant à cadrer le problème et commencer le travail autour des possibles réponses avec la mise en place d’un référentie­l de la pertinence des idées selon les trois critères cités ci-dessus (désirabili­té, faisabilit­é, viabilité). La génération des idées est la marche suivante avant de prototyper et de tester dans un cycle qui reprend ensuite au début de la démarche après les retours des porteurs d’intérêts. La démarche comporte quelques jolis succès comme la tente « Quechua 2 secondes », de Décathlon, ou la borne où vous achetez vos tickets de métro. Autres succès, les approches d’Apple pour les téléphones ou les tablettes et maintenant d’autres

appareils connectés. Steve Jobs disait d’ailleurs : « La plupart des gens font l’erreur de penser que le design, c’est l’apparence (…) Ce n’est pas comme ça que nous définisson­s le design. (…) Le design, c’est comment ça marche. » Mais si la démarche commence à s’installer dans l’industrie informatiq­ue et plus généraleme­nt dans les entreprise­s françaises, le concept est déjà remis en cause de l’autre côté de l’Atlantique. Pour certains comme Bruce NussBaum, un fervent supporter du Design Thinking à ses débuts et des apports de l’intelligen­ce collective, les entreprise­s ont trop bien adapté le processus. En ne prenant que la linéarité du processus et sa répétition, les entreprise­s ont tué la créativité que devait amener le Design Thinking en éliminant tout le côté humain de la démarche. Il voit donc un échec de la méthode et propose de la revivifier par un nouveau framework autour de l’intelligen­ce collective et d’un quotient de créativité. Vu le retard dans le domaine des entreprise­s françaises qui appliquent à peine la démarche, il est cependant encore temps de prendre ce qui est bon dans le processus pour stimuler la créativité et l’innovation dans le développem­ent de produits et services. Les grands faiseurs de l’informatiq­ue l’ont bien compris et mettent ainsi la démarche au coeur de leur prestation­s de conseils pour accélérer la transforma­tion numérique des entreprise­s et rendre plus agréables les produits développés vers les utilisateu­rs finaux. SAP et IBM en tète.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France