BOOSTER LE WIFI VERS LE GIGABIT/S ET AU-DELÀ !
Patrick Lo, fondateur et PDG de NetGear, était dernièrement de passage à Paris. Il a accepté de nous parler de l’évolution de l’entreprise qui, de constructeur de périphériques réseau, devient également un acteur du marché des objets connectés. La premièr
L’Informaticien : Comment avez-vous décidé de l’évolution dans la stratégie de NetGear ?
Patrick Lo : Il était devenu clair que le monde évoluait dans deux directions. La première est un marché de masse pour satisfaire les populations les plus défavorisées avec les besoins fondamentaux de l’IT. La seconde est le marché des applications plus haut de gamme, lesquelles apportent plus de productivité. Il n’y a pratiquement rien au milieu. L’économie américaine dans le domaine de l’IT a réussi en se concentrant sur le haut de gamme face aux Coréens, Japonais et maintenant Chinois. Les ÉtatsUnis ont inventé le PC et l’ont abandonné ; le téléviseur et l’ont abandonné. Et la situation est identique pour d’autres inventions. Les Américains ne peuvent pas lutter sur les marchés de masse. La seule manière est de se concentrer sur l’innovation. Et aujourd’hui l’innovation, c’est le Cloud, le logiciel et les bonnes recettes pour faire marcher ces produits ensemble. Nous ne pouvons plus lutter dans la fabrication des équipements réseau bas de gamme. Et la situation sera identique pour les Chinois dans quelques temps, ils auront à faire face à une compétition venant des Indiens ou d’autres pays du Sud-Est asiatique.
C’est pour cette raison que vous vous êtes lancés dans les objets connectés ?
P. L .: L’un de nos axes, c’est le foyer et le bureau connectés et le lien au travers du Cloud. Nous avons entamé cette transition voici trois ans. Nous avons d’abord concentré nos efforts à 100 % sur le design hardware. Puis avec le Cloud, le software, et le développement d’applications, nous avons doublé les investissements en R&D, de 3%à 7% de notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui, l’ensemble de nos applications sont connectées via le Cloud. Nos clients se sont montrés très réceptifs et nous avons été capables de produire une nouvelle valeur ajoutée que les clients sont prêts à payer. NetGear est à l’origine une entreprise qui fabrique des switches. Voici un an et demi nous avons présenté un nouveau produit, le « Clic Switch », doté de capacités de gestion et de paramétrage via le Web. Ces produits sont nettement plus chers. C’est pareil pour des routeurs et les gateways voici deux ans et demi qui sont pilotables depuis le Cloud. Vous pouvez accéder aux données depuis une app à distance. Voilà un autre exemple où nous avons fait évoluer notre métier original vers le haut de gamme et les produits à valeur ajoutée.
Cela veut dire que NetGear est en train de devenir une entreprise de software et services ?
P. L. : Absolument. Et cela correspond à un nouveau modèle économique. Le fait de faire payer les services sur les caméras Arlo est un modèle qui combine le freemium et le premium. Une partie gratuite et une autre payante. Et nous constatons une augmentation significative des ventes premium.
Certains reprochent à votre caméra deux manques : la reconnaissance faciale comme le propose Netatmo ou encore le stockage sur le Cloud pour des questions de confidentialité. Comptez-vous y remédier ?
P. L. : Ce sont des discussions que nous avons en interne. Peut- être nous le ferons dans
le futur (stockage local) mais – concernant le stockage – il faut savoir que le flux vidéo est chiffré de bout en bout et nous n’avons pas accès à ces données. Nous utilisons les services de Cloud d’Amazon qui sont très sécurisés. La reconnaissance faciale est assurément une fonction clé. Au- delà, il faut l’améliorer avec de l’Analytics.
Quel est le standard à venir dans l’IoT ?
P. L. : Il est difficile de savoir qui l’emportera et nous travaillons sur plusieurs platesformes, car aujourd’hui rien ne s’est imposé de façon totale. HomeKit, Xfinity etc. Il va se passer pas mal de temps avant qu’un standard ne s’impose définitivement. Samsung, Amazon, ATT, Comcast, Verizon, Google, Apple, tout le monde veut imposer ses choix. C’est dans les 4 à 6 ans à venir que se fera la différence. Nous n’avons pas de préférence particulière et pour les raisons évoquées plus haut nous travaillons sur ces différentes platesformes. C’est pareil pour les logiciels de reconnaissance vocale « à la Siri ». Le jeu n’est pas terminé.
Cette stratégie « High Value » s’applique également aux produits réseau ?
P. L. : Nous avons présenté un routeur haut de gamme vendu 399 dollars. Il peut jouer des vidéos 4K et des jeux 4K simultanément. Il y a trois bandes, une pour chacune d’entre elles et une troisième pour l’IoT. C’est une vraie valeur ajoutée et les clients sont prêts à payer pour cela. Je prends un autre exemple : en France, la meilleure vente est le paquet de trois caméras. Pas une, mais trois. Les gens achètent le haut de gamme.
Quels sont les résultats d’Arlo ?
P. L. : Numéro 1 aux États- Unis. Plus grosse part sur un marché qui pèse 300 millions de dollars. En France, c’est identique : nous sommes devenus numéro 1 après 4 mois de commercialisation. J’ajoute que le marché global était dominé par des produits vendus aux alentours des 100 dollars. L’arrivée des nouveaux produits comme le nôtre a redéfini le marché vers le haut de gamme.
Le marché de l’IoT est énorme. Sur quelles catégories allezvous vous positionner ?
P. L. : Il y a de très nombreuses catégories et objets connectés associés mais si nous prenons les quatre domaines les plus importants, ce sont les caméras, les thermostats, les systèmes d’éclairage et les serrures. Pour ce qui nous concerne, nous n’irons pas sur un marché si nous n’apportons pas quelque chose de nouveau et une véritable valeur ajoutée, comme nous avons su le faire avec les caméras Arlo qui fonctionnent sans fil et en extérieur. Nous travaillons sur de nouveaux concepts. Au début de l’année 2016, j’espère pouvoir être plus précis.