LA VIE PRIVÉE C’EST DU BUSINESS
Le 16 février dernier, le patron d’Apple a pris la décision de s’opposer à la justice américaine qui lui demandait une « assistance technique raisonnable » au bénéfice du FBI, afin d’explorer les données d’un iPhone suite à la tuerie de San Bernardino. Il s’est expliqué sur cette décision dans une lettre ouverte publiée sur le site de l’entreprise. « Bien que nous croyions que les intentions du FBI soient bonnes, ce serait une erreur pour le gouvernement de nous forcer à construire une porte dérobée dans nos produits », précise Tim Cook. « Et, finalement, nous craignons que cette demande porte atteinte aux libertés mêmes que ce gouvernement vise à protéger. » Plus loin, il enfonce le clou : « Le gouvernement suggère que cet outil pourrait n’être utilisé qu’une seule fois, sur un seul téléphone. C’est tout simplement faux. Une fois créée, cette technique pourrait être utilisée encore et encore, sur un très grand nombre d’appareils. » Le bras de fer qu’Apple entame avec le gouvernement américain est sans précédent mais le patron d’Apple sait parfaitement qu’avec cette décision il va gagner plus de supporters que de détracteurs. Dans les heures qui ont suivi la publication de cette missive, Tim Cook a reçu le soutien de Sundar Pichai, PDG de Google, d’Edward Snowden ainsi que d’autres patrons de l’industrie IT ou d’associations. A contrario, le candidat républicain Donald Trump s’est dit d’accord avec le tribunal estimant qu’il fallait contraindre Apple.
GAGNER LA CONFIANCE
Au- delà de la posture, c’est bien un coup de business que réalise Tim Cook. Si son engagement envers la protection de la vie privée et le chiffrement des données est ancien, la demande du FBI signifie qu’elle ne peut réellement pas accéder aux données sans l’aide d’Apple. Ce faisant, cela renforce considérablement la confiance des utilisateurs quant à la sécurité des iPhone, iPad et autres produits de l’entreprise. Bref, en s’affichant en héraut de la protection de la vie privée, Tim Cook s’attire beaucoup plus de bonnes que de mauvaises grâces et tout cela pourrait se ressentir dans les ventes durant les prochains mois. Alors que Google a été plusieurs fois qualifié de vendeur de données personnelles à des fins publicitaires, Apple choisit un autre chemin : protecteur des données personnelles à des fins commerciales. Au- delà des grands principes rappelés par M. Cook, le coup est subtilement joué.