L'Informaticien

L’architectu­re d’une plate- forme de RPA moderne, ici la plate- forme d’Automation­Edge qui est aussi disponible en mode RPAaaS ( RPA as a Service).

- ALAIN CLAPAUD

ROI ultra- rapide car les processus et les applicatio­ns ne sont pas remis en cause, seules les étapes humaines sont remplacées. Les analystes de Forrester estiment le coût annuel d’un bot entre 5 000 à 1 000 $ par an. Un bot pouvant remplacer de trois à cinq employés humains, le ROI est facile à imaginer.

Le RPA de plus en plus couplé avec l’IA

Les entreprise­s adoptent dans un premier temps le RPA pour « robotiser » les tâches de back office sans valeur ajoutée. Philippe Poux ajoute qu’ « Elles commencent généraleme­nt par automatise­r le patrimoine informatiq­ue existant puis, arrivé à un certain stade, elles souhaitent traiter des documents sous forme d’images ; donc on a besoin d’OCR. C’est comme cela que l’IA arrive dans le RPA, afin de compléter les process. » Ce couplage entre le RPA et les algorithme­s d’IA permet à cette robotisati­on des processus d’aller bien au- delà du simple « scraping » de données sur des

53% des entreprise­s du Global 2000 considèren­t que le RPA sera leur premier levier d’optimisati­on des coûts opérationn­els Julien Kopp, directeur Robotic & cognitive automation, Deloitte France

pages écran. Le bot peut ainsi identifier les coordonnée­s d’un fournisseu­r dans une facture scannée, traduire une requête reçue par e- mail ou par Skype, etc. Tous les éditeurs de solutions de RPA proposent maintenant des inter faces vers les principaux services d’IA dans le Cloud, qu’il s’agisse d’IBM Watson, de Google, de Microsoft ou encore d’Abbyy pour le volet OCR. Julien Kopp, directeur Robotic & Cognitive Automation chez Deloitte France souligne que « Les fonctions cognitives que l’on peut ajouter à une solution comme UiPath ou les autres solutions de RPA via des intégratio­ns avec des IA best- of- breed comme IBM Watson qui sont très faciles à intégrer à UiPath. Cela permet de remplacer l’humain sur des tâches verticales avec le NLP ( Natural Langage Processing), la vision par ordinateur, etc. » Les éditeurs de RPA vont ajouter de plus en plus de fonctions cognitives, mais sur des tâches très limitées. Daniel Dines, co- fondateur d’UiPath a bâti le succès de sa société sur ce marché des RPA par sa maîtrise de l’IA, en particulie­r la vision par ordinateur, activité d’origine de l’éditeur : « Le RPA est, par essence, cognitif car il faut reconnaîtr­e le texte sur une image. Nous avons démarré notre activité sur la vision par ordinateur et l’IA permet à la plate- forme de détecter si des modificati­ons sont apparues sur la page où elle va extraire la donnée. »

Vers un couplage RPA/ chatbot de plus en plus fréquent ?

L’usage de l’IA dans les processus va devenir de plus en plus fréquent afin de traiter des tâches de front office. Le dernier élément humain du processus, qu’il s’agisse de l’opérateur en centre d’appel ou de l’agent au guichet, pourrait bien rapidement laisser la place à un

chatbot. C’est un scénario évoqué par Alain Bernard, division One Commercial Partner, Microsoft France : « Nous avons développé un cas d’usage très intéressan­t pour McDonald’s aux États- Unis. Le Drive’in présente traditionn­ellement un taux d’erreur très important : la personne qui prend les commandes derrière son micro est souvent gênée par les bruits extérieurs et comprend mal ce que dit le client. La mise en place d’une chatbot avec de l’Intelligen­ce artificiel­le pour filtrer les sons, convertir la conversati­on via Speech To Text puis intégrer la commande dans l’applicatio­n de prise de commande existante a permis de faire chuter le taux d’erreur de 30 à 10 %. »

Un marché en train de se structurer rapidement

Alors que la demande des entreprise­s explose, les éditeurs sont en train de se structurer. Du côté des pure players du RPA, Automation Anywhere affichait une croissance du chiffre d’affaires de 146 % en 2017, UiPath vient de lever 153 millions de dollars et atteindre ainsi le statut de Licorne. En parallèle, les éditeurs de BPM se tournent vers ces spécialist­es afin de doper leurs plates- formes au RPA. Appian qui a noué un partenaria­t avec Blue Prism, ITEsoft qui s’est tourné vers le Français Contextor tandis que de son côté, Pegasystem­s dispose aujourd’hui de sa propre solution de RPA suite à l’acquisitio­n de l’éditeur OpenSpan, en 2016. L’offre logicielle se structure et des leaders sont en train d’émerger, mais outre les employés qui seront remplacés par ces robots logiciels, le RPA pourrait faire d’autres victimes collatéral­es, les outsourceu­rs : « Le RPA est aujourd’hui un vrai challenge pour les outsourceu­rs qui risquent de perdre une partie de leur activité BPO, puisque les entreprise­s vont pouvoir rapatrier ces process en France sur des robots » , estime Éric Dupont, associé chez PMP Conseil. Du rôle de simple outil de « scraping » d’écran, le RPA est en train de changer de dimension et va, d’une certaine façon, redéfinir le monde du travail. ❍

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L’utilisatio­n d’une plate- forme RPA ne demande pas un niveau d’expertise très élevé en termes de programmat­ion. Le développeu­r doit travailler de pair avec un expert du processus qu’il s’agit d’automatise­r.

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