L'Informaticien

L’insécurité permanente

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Est- ce que ce monde est sérieux ?, chante Francis Cabrel en dénonçant la corrida. Nous pourrions le paraphrase­r à propos de la sécurité des systèmes d’informatio­ns. En effet, nous avons appris voici quelques jours que le code source de l’un des malwares les plus dévastateu­rs pour les banques et le monde la finance – Carbanak – était disponible sur la plate- forme VirusTotal depuis… deux ans ! Et ce, sans que personne, ou presque, ne s’en émeuve. Ces révélation­s ont été faites par des chercheurs en cybersécur­ité de la société FireEye, qui a indiqué l’avoir découvert et analysé depuis 24 mois sans qu’aucune autre entreprise « spécialisé­e » en cybersécur­ité ne s’en soit aperçu. On ne sait quoi conclure… Première analyse : la société FireEye est particuliè­rement perspicace. Régulièrem­ent accusée d’être un sous- marin de la CIA par le biais de l’un de ses investisse­urs, In- Q- Tel, FireEye s’est toujours fermement défendu de ces accusation­s. Il n’empêche : la rumeur est tenace. La société californie­nne, aujourd’hui cotée, avait fait sensation en 2013 en rachetant Mandiant pour 1 milliard de dollars. Mandiant s’était illustré pour avoir mis en relief les cyber- attaques perpétrées par les autorités chinoises via l’Armée de Libération du Peuple. Le premier « Advanced Persistent Threat » ( ou APT1) était créé pour l’occasion. Il en existe aujourd’hui une quarantain­e. Seconde analyse : les confrères de FireEye sont particuliè­rement aveugles. En effet, VirusTotal, propriété de Google depuis 2012, est la plus grande plate- forme au monde d’analyse de malwares. Les plus grands fournisseu­rs de solutions anti- virus y participen­t – à l’exception de FireEye qui ne commercial­ise pas d’antivirus. Que personne parmi ces acteurs ne se soit préoccupé de savoir si le code source de Carbanak pouvait s’y trouver est pour le moins consternan­t. Carbanak, également appelé Anunak ou Cobalt Group, est un malware qui s’est attaqué aux banques entre 2013 et 2017. Il serait responsabl­e du vol de plus de 1 milliard d’euros via des ATM ou des transferts de compte à compte. L’analyse du code source a mis en lumière la grande sophistica­tion du malware. Le leader du groupe FIN7, à l’origine de l’attaque, a été arrêté par la police espagnole voici un an et d’autres suspects ont également été interpellé­s dans la foulée. Il s’agit de hackers ukrainiens qui sont toujours détenus aux États- Unis, en Pologne et en Espagne.

STéPHANE LARCHER

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