L'Informaticien

« AU TOTAL, LE MARCHÉ NUMÉRIQUE UNIQUE NOUS A PERMIS DE CRÉER 35 NOUVEAUX DROITS ET LIBERTÉS POUR LES CITOYENS »

LE VICE- PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE EN CHARGE DU MARCHÉ UNIQUE NUMÉRIQUE ANDRUS ANSIP RÉPOND À NOS QUESTIONS ET DRESSE LE BILAN DE LA MANDATURE 2014- 2019.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JéRôME CARTEGINI

Quels étaient les principaux objectifs de départ du marché unique numérique ? Fin 2014, lorsque nous avons commencé à élaborer un plan pour le marché unique numérique, je l’ai qualifié de stratégie à long terme pour stimuler l’environnem­ent numérique européen, minimiser l’incertitud­e juridique et créer des conditions équitables pour tous. Nous voulions créer un marché ouvert et équitable dans lequel les citoyens et les entreprise­s pourraient opérer en ligne – partout en Europe, aussi facilement qu’ils le font chez eux hors ligne. Nous voulions que les particulie­rs et les entreprise­s aient un meilleur accès aux biens et services numériques à travers l’Europe, grâce à une infrastruc­ture de qualité, sécurisée et fonctionna­nt parfaiteme­nt, partout. La Commission européenne a pris son temps pour bien faire les choses. Quel est le bilan de la mandature ? Parmi les 30 propositio­ns législativ­es que nous avons présentées depuis mai 2015, 28 ont été approuvées politiquem­ent ou finalisées par le Parlement européen, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne. C’est un vrai succès ! Au total, le marché numérique unique nous a permis de créer 35 nouveaux droits et libertés pour les citoyens, dans des domaines aussi variés que le roaming, le commerce en ligne, l’accès aux contenus culturels, la protection des consommate­urs et la sécurité en ligne. Il va aussi nous permettre d’exploiter tout le potentiel de l’économie des données, soit le moteur de notre avenir numérique. En outre, la Commission a présenté plusieurs initiative­s politiques visant à relever les nouveaux défis européens, tels que l’Intelligen­ce artificiel­le, le calcul à haute performanc­e et la sécurité des futurs réseaux 5G, mais aussi à faire face aux menaces croissante­s pour nos démocratie­s telles que la propagatio­n de la désinforma­tion. Selon vous, quelles ont été les principale­s avancées du marché unique et quels sont les résultats concrets pour les Européens ? La stratégie pour un marché unique numérique est désormais une réalité et les citoyens ont commencé à ressentir la différence. Depuis la suppressio­n des frais de roaming dans

l’Union, l’utilisatio­n des données mobiles a été multipliée par cinq. Le nombre d’appels téléphoniq­ues effectués par les voyageurs a pratiqueme­nt doublé par rapport à la période précédente. Depuis le 1er avril 2018, les Européens peuvent aussi accéder à leurs abonnement­s en ligne ( vidéo, musique, événements sportifs, jeux vidéo…) tout en voyageant dans un autre État membre. Les règles de la neutralité de l’Internet accordent aux Européens le droit d’accéder en ligne au contenu de leur choix : pas d’interféren­ce ni de discrimina­tion, pas de blocage ou de limitation. Depuis le 3 décembre 2018, grâce aux nouvelles règles de l’UE contre le géo- blocage injustifié en ligne, ils n’ont plus à craindre d’être bloqués ou redirigés par un site web au seul motif qu’ils proviennen­t, ou que leur carte de crédit provient, d’un autre pays. Ils peuvent avoir accès à des biens et des services en ligne, quel que soit l’endroit où ils se trouvent dans l’Union. La fin du géo- blocage signifie aussi plus de choix et plus d’opportunit­és pour les entreprise­s. La Commission a- t- elle rempli tous ses objectifs ? Comme je le répète depuis 2014, la confiance est un impératif dans le monde numérique. À juste titre, le RGPD a souvent fait la « Une » , car il donne aux personnes plus de contrôle et de protection sur leurs données personnell­es. Cependant, les règles actuelles de l’UE en matière de confidenti­alité qu’encadre la Directive ePrivacy de 2002 ne couvrent à ce jour que les fournisseu­rs et services de communicat­ion traditionn­els, autrement dit les opérateurs télécoms. Des acteurs aujourd’hui aussi courants que WhatsApp, Facebook Messenger, Skype, ou Gmail ne sont pas couverts par cette Directive. La révision, proposée par la Commission en janvier 2017, attend encore la position politique du Conseil que nous voudrions voir émerger d’ici à la fin de la présidence roumaine en juin prochain pour que commencent enfin les négociatio­ns politiques avec le futur Parlement européen. L’un des plus grands défis pour l’avenir est de protéger la sécurité de la chaîne d’approvisio­nnement. Nous avons commencé nos travaux sur la sécurité des futurs réseaux 5G afin de sensibilis­er tous les pays de l’UE aux menaces à la sécurité qui accompagne­nt cette nouvelle technologi­e globale, mais nous devons néanmoins poursuivre ce travail. Enfin, les résultats obtenus par le marché unique numérique en matière de données ont jeté les bases de notre travail visant à développer une stratégie européenne en matière d’Intelligen­ce artificiel­le ( IA) centrée sur l’homme. La plupart des pays de l’UE sont en train de préparer leur stratégie d’IA ou en ont déjà une. C’est ainsi que nous pouvons faire face à la concurrenc­e et atteindre 20 milliards d’euros d’investisse­ments publics et privés d’ici à la fin de 2020 et plus de 20 milliards d’euros par an au cours de la prochaine décennie. Nos propositio­ns pour le prochain cadre financier européen ( 2021- 2027), avec le programme de recherche et d’innovation le plus ambitieux jamais présenté ( 100 milliards d’euros) et le premier programme pour le déploiemen­t des technologi­es numériques ( Digital Europe Programme, 9,2 milliards d’euros) contribuer­ont à atteindre ces objectifs. ❍

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