L'Informaticien

Juste un choix de civilisati­on

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Dans l’interview qu’il nous a accordée et que vous pouvez retrouver dans ces pages, le président fondateur de Linagora s’inquiète de l’éthique dans l’Intelligen­ce artificiel­le plutôt que du buzz que cette discipline peut engendrer. Plusieurs conférence­s ont eu lieu récemment sur ce sujet et pas grandchose n’incite à l’optimisme, du moins pour le moment. Et ce n’est pas la récente applicatio­n DeepNude, fermée aussi vite que montrée, qui amènera de la sérénité. L’applicatio­n était proposée au prix de 50 dollars et visait – fort heureuseme­nt il est possible d’écrire cela à l’imparfait – à déshabille­r des femmes, et uniquement les femmes, à partir de photos. Certes, il s’agissait de montages assez grossiers et la supercheri­e pouvait être rapidement décelée mais deux questions se posent : « l’horrible » applicatio­n, selon les mots de Motherboar­d, s’appuyait sur l’algorithme Pix2pix développé par l’Université de Californie, utilisant 10 000 photos de femmes nues pour entraîner l’algorithme. La justificat­ion du créateur est à la hauteur de l’ineptie : « Si je ne l’avais pas fait, quelqu’un d’autre s’en serait chargé » , affirme- t- il. Ben voyons ! Il conclut sa justificat­ion en écrivant : « Le monde n’est pas encore prêt pour DeepNude. » Et re- Ben voyons ! Pense- t- il sincèremen­t que des femmes puissent un jour accepter de voir exposées leur intimité – même si ce n’est pas réellement la leur – sans leur consenteme­nt ? De quel monde parle ce monsieur ? Le problème est que le « deep fake » est en train de prendre des proportion­s gigantesqu­es, déraisonna­bles et que l’on ne saura plus, dans quelque temps, si telle ou telle personne a bien prononcé tel ou tel discours, ou s’il s’agit d’un simple montage. Seules les phrases prononcées en direct – et encore faut- il que cela soit du vrai direct – pourront être crédibles. De la même manière que les gouverneme­nts se penchent aujourd’hui sur des sujets très complexes comme la bioéthique, la PMA et autres sujets sociétaux de grande importance, il est indispensa­ble que ces mêmes gouverneme­nts, aidés par toutes les bonnes volontés prennent à bras le corps ces sujets d’IA et d’éthique. Il en va de la survie de notre Société et de notre civilisati­on. Pas plus. Mais pas moins non plus ! Finalement, et de manière plus légère, nous profitons de cet édito pour vous souhaiter de bonnes vacances et vous rappeler que ce numéro est le dernier que vous trouverez en kiosque. Dès la rentrée, il vous faudra passer par l’abonnement, numéro après numéro, si vous le souhaitez.

STÉPHANE LARCHER

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