L'Informaticien

Au coeur d’hexatrust Brainwave, de l’intelligen­ce dans la cyber

De l’intelligen­ce dans la cyber

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Un vieux proverbe dit qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitat­ion. Cette maxime s’applique parfaiteme­nt à Brainwave GRC qui a su avec calme et sérénité s’imposer jour après jour comme l’un des acteurs clés de la gouvernanc­e des identités.

Nous travaillon­s dans la cybersécur­ité et nous aidons nos entreprise­s clientes à identifier et à régler les problèmes liés aux risques de fuites de données et à la fraude informatiq­ue. Pour ce faire, nous avons créé des produits nous permettant d’industrial­iser ce geste » .

C’est ainsi que Sébastien Faivre, l’un des trois co- fondateurs et directeur général, explique le fonctionne­ment de son entreprise.

Si l’entreprise va fêter cette année ses dix années d’existence, le projet de création est antérieur. Elle vient d’une réflexion partagée par les trois fondateurs, Sébastien Faivre, Cyril Gollain et Eric Bacher. Le premier et le dernier cités travaillai­ent ensemble chez un éditeur sur les domaines de la gestion d’identités et du contrôle d’accès.

« La crise financière de 2008 a validé une intuition que nous partagions tous les trois » , poursuit Cyril Gollain. Depuis plusieurs années, nous avions envie de créer une entreprise, et 2008 a permis de mesurer l’importance de la gestion du risque, des contrôles et de la réglementa­tion. Cette crise financière a permis de changer de paradigme, non pas simplement se focaliser sur l’efficacité opérationn­elle mais prendre véritablem­ent en compte la conformité, la gestion des identités et le risque, le tout avec des solutions profession­nelles adaptées » .

Les trois compères, tous ingénieurs de formation, ont commencé à travailler ensemble le soir et le weekend puis ont décidé de se lancer après avoir réalisé leur propre étude de marché. Ils ont investi 60 000 € à eux trois et une banque leur a prêté le même montant afin de financer le démarrage. Lors de la première année de développem­ent, les fondateurs ont continué d’assurer des prestation­s de conseil et de services afin de financer l’activité. Une première version bêta du logiciel est arrivée à la fin de l’année 2010 pour une sortie officielle en 2011.

« Nous avons démarré le marketing pour faire connaître la solution et, assez rapidement, le produit a résonné positiveme­nt chez un certain nombre de clients. Mais le véritable coup d’accélérate­ur a été de remporter le prix de l’innovation des Assises de la sécurité

2011. Nous leur en sommes très reconnaiss­ants, car cela nous a permis de franchir plusieurs barrières » , explique M. Faivre.

En effet, si plusieurs grandes entreprise­s ont manifesté leur intérêt et leur volonté de s’équiper, il fallait encore convaincre les services achats, lesquels sont souvent très frileux par rapport à de jeunes entreprise­s. « Dès lors que nous avons gagné un prix de l’innovation, sachant que ces grandes entreprise­s ont elles- mêmes des programmes d’innovation, cela nous a donné de la légitimité et de la crédibilit­é » , ajoute Eric Bacher. D’importants contrats ont pu être signés ce qui a permis d’effectuer les premiers recrutemen­ts, notamment pour la R& D pilotée dès le début et encore aujourd’hui par Eric Bacher.

Ensuite, les récompense­s se sont enchaînées comme l’entrée dans le Magic Quadrant de Gartner fin 2012 et la nomination comme « Cool Vendor » , par le même Gartner en 2013. « Pour être honnêtes, ces distinctio­ns sont arrivées un peu tôt dans la vie de l’entreprise car nous n’étions pas structurés pour répondre à de grandes entreprise­s américaine­s comme des départemen­ts d’etat ou encore des sociétés telles que les chemins de fer Amtrack. Les processus américains de décision sont très rationnels et très structurés. Il convient de cocher un certain nombre de cases et nous ne répondions pas à toutes, notamment le support local » , reconnaît Cyril Gollain.

Dès lors, Brainwave GRC prend la décision de lever de l’argent pour pouvoir répondre aux nombreuses demandes du marché américain. L’entreprise lève 2,5 millions d’euros en septembre 2014 auprès d’entreprene­ur Venture, un fonds composé uniquement d’entreprene­urs à succès et de capitaines d’industrie. « À ce moment précis, un virage s’opère et l’équipe passe de 10 à 20 personnes très rapidement pour arriver à plus de 40 aujourd’hui » , déclare Sébastien Faivre. « Depuis, nous nous sommes implantés au Canada avec des bureaux basés à Montréal. Brainwave génère 30% de son chiffre d’affaires rien que sur le territoire américain. La filiale Nord- Américaine est l’une de nos plus grandes fiertés » , ajoute- t- il. Brainwave a pour ambition de poursuivre son développem­ent américain et, pour ce faire, envisage d’ouvrir de nouveaux bureaux dans l’état de New- York. L’objectif – étant donné que le continent américain représente déjà 30% du CA – est de poursuivre ce développem­ent pour ensuite rayonner en Europe. « L’europe n’existe pas d’un point de vue économique. Il faut à chaque fois une équipe locale. Et c’est coûteux. Pour le moment, nous ne pouvons pas adresser 4 ou 5 pays en même temps. Se pose donc la question du ratio entre l’investisse­ment et le potentiel et clairement le choix est de renforcer le développem­ent US. 60% de notre marché adressable est aux USA. Donc c’est la logique » précise Sébastien

Faivre

Une ambiance de travail sereine

Comme toutes les entreprise­s du secteur de la cybersécur­ité, Brainwave éprouve des difficulté­s de recrutemen­t. « Nous sommes plus qu’au plein emploi. Recruter quelqu’un qui n’est pas déjà en poste n’existe pas » , affirme Cyril Gollain. Aussi pour attirer les talents Brainwave mise sur plusieurs facteurs. « Faire venir des collaborat­eurs n’est pas uniquement basé sur les aspects financiers, même si cela reste

une donnée essentiell­e. C’est un équilibre global avec une projection dans la carrière et aussi une ambiance de travail. Nous avons un très faible turnover au sein de l’entreprise car les collaborat­eurs ont des perspectiv­es » , précise M. Bacher. « Brainwave est sensible à cet environnem­ent de travail. Nous créons une ambiance où les succès comme les échecs sont collectifs. Il y a une vraie solidarité entre les équipes » , renchérit M. Faivre. Pour les recrutemen­ts Brainwave recherche des personnes curieuses avec la tête bien faite et pas forcément avec le CV adéquat. Par exemple le patron du support est docteur en géologie et dans son équipe figure Amélie, titulaire d’un doctorat en langues asiatiques. « Nous avons des profils très divers car cela permet d’avoir un regard différent, des idées neuves » , précise M. Gollain.

La répartitio­n des rôles entre les dirigeants est très naturelle. Eric Bacher est patron de l’innovation et de la R& D. Sébastien Faivre s’occupe du produit et de l’avant- vente. Il est près du produit dans sa définition, dans sa communicat­ion et sa promotion. Enfin Cyril Gollain prend en charge les services juridiques et administra­tifs ainsi que le delivery.

Un comité exécutif se réunit tous les lundis avec les trois fondateurs, le directeur commercial Lionel, le patron qualité & support, Mathieu et le responsabl­e administra­tif et financier. Les décisions opérationn­elles sont prises avec une volonté de collégiali­té.

De la banque à l’industrie

Les premiers clients de Brainwave étaient majoritair­ement des sociétés dans les secteurs de la banque, de l’assurance et des sociétés de trading, conséquenc­e de la crise financière de 2008. Mais à partir de 2013, les impacts liés à une cybersécur­ité défaillant­e sont devenus très médiatisés et c’est devenu un sujet préoccupan­t les directions générales. L’usurpation des droits, le contrôle d’accès, la gestion des identités, autant de domaines qui ont commencé à sensibilis­er un nombre croissant d’industries.

Le second facteur d’accélérati­on est la transforma­tion numérique vers le Cloud. Deux approches existent dans ce domaine : soit une approche défensive qui consiste à reprendre le contrôle de ses droits, soit une prise en compte de ces risques en amont de la transforma­tion numérique. « Que ce soit « on premise » ou dans le Cloud, notre propositio­n de valeur est d’analyser qui a accès à quoi et pour quelle raison. Cela passe par une analyse en profondeur qui permet de valider la pertinence des droits d’accès et d’identifier les risques. Cela peut également intégrer un contrôle des différents processus pour identifier les risques de séparation des tâches. Brainwave couvre les mainframes, les gros logiciels SAP, les applis métiers, les données non structurée­s, les infrastruc­tures Cloud de type Azure, AWS ou Google Cloud, les applicatio­ns nativement Cloud comme Salesforce ou encore les outils de sécurité Cloud. Nos clients utilisent aussi Brainwave pour analyser comment sont déployées des solutions de PAM ou D’IAM telles que celles proposées par Wallix, Cyberark ou Okta » indique M. Gollain.

Les risques cyber sont de plus en plus importants dans la mesure où pratiqueme­nt tous les processus de

l’entreprise ont été informatis­és. Dès lors, le risque encouru peut être une malversati­on ou une fraude mais aussi parfois tout simplement un défaut de conception du process.

« Brainwave permet de prévenir ce problème grâce à l’analyse des droits d’accès couplée à l’analyse des logs afin de détecter si des problèmes sont survenus. Nous sécurisons donc toute la chaîne d’accès » , développe M. Faivre. « Notre métier est d’analyser toutes les portes d’entrée aux applicatio­ns de l’entreprise et notre valeur ajoutée repose sur la capacité à gérer l’hétérogéné­ité des systèmes installés » .

Des valeurs bien ancrées

« Nous sommes éditeurs de logiciels dans l’âme et l’envie de créer est toujours présente. Le gène d’innovation

est très fort. Et tout le monde a le droit d’essayer et doit essayer. Il faut innover dans tous les domaines. Même s’il y a des échecs » , souligne M. Bacher « Cela va de pair avec une autre valeur qui est la solidarité dans les équipes et entre les équipes. Cela se traduit aussi dans les rémunérati­ons où tous les collaborat­eurs ont une partie variable dans leur salaire, et pas simplement les équipes commercial­es. Il y a une part variable individuel­le mais également une part variable pour tous les collaborat­eurs sur les résultats globaux de l’entreprise » , déclare M. Faivre.

Cela se traduit également par un décloisonn­ement. « Nous sommes organisés mais décloisonn­és. Tout le monde travaille ensemble » , ajoute M. Gollain. « Nous cultivons également une logique d’expertise et d’excellence. Dans ce monde très vaste de la cybersécur­ité, nous avons choisi délibéréme­nt de nous concentrer sur un seul sujet sur lequel nous sommes très focalisés et c’est grâce à cette spécialisa­tion que nous avons acquis un statut d’expert du domaine. Et cela se reflète dans les valeurs internes et externes. On ne vient pas nous voir par hasard » . , ajoute M. Faivre. « Nous ne transigeon­s pas sur ce que nous avons vu dans des entreprise­s plus importante­s. On fait la chasse aux comporteme­nts individual­istes et tout ce qui ressemble à de la politique interne avec les défausses sur d’autres services »

Quelles innovation­s ?

« J’ai coutume de dire : on a un clou et on tape dessus mais on a un seul clou et la planche évolue. La bascule des infrastruc­tures clients dans le Cloud crée de nouveaux besoins d’analyse et de contrôle ; et donc autant de projets d’innovation à la clé » . Si l’innovation est au coeur de L’ADN de Brainwave, il s’agit par ailleurs que cette dernière reste au service des besoins de ses clients. Il convient notamment d’apporter au bon moment le bon niveau de réponse au problème.

« Par exemple, nous avions implémenté dès le démarrage du produit des analyses avancées à base de « machine learning » , analyses que nous n’avons finalement sorti dans le produit qu’en 2016 car cela ne correspond­ait pas alors aux préoccupat­ions principale­s de nos clients » , poursuit M. Faivre.

L’actualité du moment c’est bien sûr le Cloud, c’est pour cela que l’équipe se renforce avec de nouveaux collaborat­eurs spécialist­es du sujet pour à la fois disposer de capacités d’analyse et de contrôle des infrastruc­tures Cloud, mais aussi proposer une offre Brainwave en mode Cloud. « La cybersécur­ité concerne les infrastruc­tures mais aussi les données que l’on traite et sur lesquelles portent de fortes contrainte­s réglementa­ires. Il faut donc s’assurer que ces données ne puissent pas être divulguées » , précise M. Bacher ❍

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Sébastien Faivre et Cyril Gollain, deux des trois fondateurs.
 ??  ?? Ambiance studieuse mais décontract­ée au sein des locaux d'asnières.
Ambiance studieuse mais décontract­ée au sein des locaux d'asnières.

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