L'Informaticien

Simplifier l’intelligen­ce artificiel­le

Une des grandes tendances autour de l’intelligen­ce artificiel­le est la simplifica­tion des outils pour créer des modèles et permettre aux utilisateu­rs métier de s’approprier les outils IA.

- BERTRAND GARÉ

Les entreprise­s arrêtent de tâtonner et se lancent souvent sur des projets autour de l’intelligen­ce artificiel­le ayant compris qu’elle peut apporter un bonus en termes de croissance et de productivi­té. Confrontée­s à un manque de compétence­s et de plan de priorisati­on sur les cas d’usages, les entreprise­s recherchen­t des outils simplifiés pour se lancer ou mûrir de nouveaux projets.

Cette simplifica­tion se réalise sur deux niveaux différents. Le premier est sur l’infrastruc­ture sous- jacente nécessaire au fonctionne­ment de l’intelligen­ce artificiel­le. Le second est sur les outils eux- mêmes pour permettre une rapide prise en main par les utilisateu­rs métier.

Le Cloud comme catalyseur

Sébastien Guibert, directeur du Centre d’excellence Intelligen­ce artificiel­le de Capgemini France, indique que l’arrivée du Cloud « a simplifié les projets pour tout le monde. Si toutes les entreprise­s ne sont pas dans le Cloud, cela suit la loi de Paretto, 80 % y sont et ne se posent plus la question de jouer avec le stockage, la puissance de calcul nécessaire. Elles ne s’occupent plus de cet aspect mécanique des projets. Il n’y a pas de véritable intelligen­ce à le faire » .

Autre simplifica­tion qui découle de ce choix du Cloud : les entreprise­s ne partent plus de la feuille blanche dans les algorithme­s choisis. Philippe Harel, directeur de la practice IA chez Umanis, explique que les entreprise­s « ne partent plus de zéro, mais d’une certaine base et entraînent les algorithme­s par renforceme­nt. Elles ne font que déployer, monitorer, versionner par des démarches agiles pour le mettre à jour. Elles sont entrées dans une phase d’industrial­isation. Les grands du Cloud l’ont bien compris et proposent ce type de solutions pour aller vite » .

La plupart ont en effet dans leurs portefeuil­les des bancs de travail pour l’intelligen­ce artificiel­le. Amazon, Google, Azure de Microsoft assurent à la fois l’infrastruc­ture nécessaire et y ajoutent des bibliothèq­ues d’algorithme­s mais aussi des templates de modèles pour permettre aux clients d’avancer rapidement sur leurs projets.

Des projets sur de multiples aspects

Philippe Harel voit, dans les projets menés par les clients d’umanis, cinq grands axes de projets : la productivi­té, la qualité, la présence de la marque, la sécurité et l’innovation ou l’identifica­tion de services ou de produits monétisabl­es. Le premier axe concerne principale­ment la productivi­té interne et l’automatisa­tion. Il met en exergue un projet de traitement des mails où l’ensemble du processus est géré par l’automatisa­tion et de l’intelligen­ce artificiel­le dans la reconnaiss­ance

du document. Il en est de même avec les bots qui véhiculent une image de marque de modernité pour les entreprise­s ou la détection de fraude, l’analyse de la qualité de produits finis… On assiste à une généralisa­tion des usages et des idées de projets. Un point important lors des derniers mois a été la mise en oeuvre de projets d’intelligen­ce artificiel­le pour répondre au RGPD afin de déterminer rapidement ce qui est une donnée personnell­e. Pour la sécurité informatiq­ue, l’intelligen­ce artificiel­le est souvent présente dans le suivi du comporteme­nt des utilisateu­rs et la prévention des intrusions. L’innovation est le secteur le plus en interactio­n avec les métiers de l’entreprise qui connaissen­t mieux les données ayant de la valeur pour l’entreprise, et celles pouvant apporter une valeur pour l’entreprise. Philippe Harel voit un mouvement vers des échanges larges de données par des plates- formes de partage – de manière libre ou monétisée. Sébastien Guibert partage son avis et croit à une logique de croisement de services et d’associatio­n comme le data hub pour la santé.

Ces croisement­s peuvent être intéressan­ts même à l’intérieur de l’entreprise où un projet pour une certaine ligne de métier peut donner des idées à d’autres lignes des possibilit­és de développer leur propre projet par un phénomène de fertilisat­ion croisée souvent constatée dans les data labs qui proposent la plupart du temps des plates- formes communes de tests et d’essai de solutions pour les métiers. Sébastien Guibert indique cependant que le problème de la qualité des données n’est pas toujours résolu même si des projets sont en cours sur ce point. Philippe Harel constate toujours un manque de compétence comme principal frein à des utilisatio­ns plus larges.

Simplifica­tion par l’utilisatio­n du langage naturel

Un autre axe de simplifica­tion de l’utilisatio­n de l’intelligen­ce artificiel­le dans l’entreprise est d’avoir recours à la compréhens­ion et au traitement du langage naturel pour interagir avec l’intelligen­ce artificiel­le. Promethium, une start- up américaine que nous avons rencontrée lors d’un IT Press Tour, vise à régler plusieurs problèmes liés à l’utilisatio­n plus intense des données dans l’entreprise avec une plate- forme qui a recours au traitement du langage naturel.

Le plus souvent il est difficile d’être sûr que les données sont de qualité avant la visualisat­ion de celles- ci. La plate- forme dans le Cloud de cet éditeur automatise les étapes précédente­s par l’intégratio­n des différente­s sources de données nécessaire­s ( catalogues, outils de virtualisa­tion de données, applicatio­ns et bases de données…) pour apporter une vue globale sur les données, automatise­r de nombreux process manuels, utiliser l’intelligen­ce artificiel­le pour guider l’utilisateu­r et l’apprentiss­age machine pour améliorer et mettre à jour les modèles. L’utilisatio­n du traitement en langage naturel simplifie l’usage par les métiers pour une prise en main rapide. L’utilisateu­r pose une question en langage naturel et la plate- forme lui répond de la même manière.

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Le fonctionne­ment d’aristotle.
 ??  ?? Philippe Harel, directeur de la practice IA chez Umanis.
Philippe Harel, directeur de la practice IA chez Umanis.
 ??  ?? Les intégratio­ns de Promethium.
Les intégratio­ns de Promethium.

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