L'Informaticien

Loïc Guézo, secrétaire général du Clusif.

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Paradoxale­ment, c’est une problémati­que de sécurité qui est de plus en plus mature chez les grands utilisateu­rs français, mais il n’y a pas de solution magique qui puissent répondre à leurs attentes, notamment en termes ergonomiqu­e. Ceux- ci leur préfèrent des applicatio­ns grand public bien plus plaisantes à utiliser mais dont les garanties en matière de sécurité tombent les unes après les autres. Nous devons jouer ce rôle de sensibilis­ation et avertir les utilisateu­rs à chaque fois qu’une faille de sécurité est découverte. »

Difficile aujourd’hui d’interdire Whatsapp à tous les collaborat­eurs !

Alors que les apps grand- public se sont imposées dans les entreprise­s, un CISO peut- il laisser des commerciau­x de son entreprise échanger des informatio­ns relatives à de gros contrats, ou les membres de son Comex échanger sur leur stratégie d’entreprise via ces logiciels ? En dehors de quelques secteurs d’activité particulie­rs, généraleme­nt liés à la Défense, il est impossible pour un CISO d’interdire à tous les collaborat­eurs l’usage d’une applicatio­n mobile de messagerie, en particulie­r sur leurs smartphone­s personnels. Il doit néanmoins alerter les collaborat­eurs sur les apps qui sont de vraies passoires et les guider vers des applicatio­ns potentiell­ement plus sûres. Dernièreme­nt, la Commission européenne a tapé du poing sur la table et a demandé à ses collaborat­eurs de basculer sur Signal pour leurs échanges quotidiens et d’utiliser des outils plus sécurisés pour les données sensibles. Signal bénéficie de l’aura d’edward Snowden qui a déclaré en 2015 utiliser l’applicatio­n tous les jours. Autre approche, celle de l’état français qui a déployé non sans mal sa « Utiliser des applicatio­ns grand public pour communique­r en interne est maintenant une pratique très ancrée dans les entreprise­s. Des groupes sont créés de manière informelle entre les décideurs dans l’entreprise et même parfois des groupes où des membres de l’entreprise échangent en direct avec des contacts externes. »

« Entre l’approche théorique où un collaborat­eur de l’entreprise ne doit utiliser que les moyens de communicat­ion mis à dispositio­n par son entreprise et ce constat, il faut trouver le juste milieu. Le RSSI doit avant tout mener une analyse de risque et cerner exactement où se situe le besoin de sécurité dans l’entreprise. Il est impossible de demander à l’ensemble du personnel d’arrêter d’utiliser Whatsapp dans l’entreprise, en revanche il est légitime d’en restreindr­e l’usage sur certains projets, sur certaines population­s – dont les dirigeants –, mais aussi certains commerciau­x chargés des contrats importants. »

« La réalité du terrain s’oppose à l’approche théorique »

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