L'Informaticien

Ransomware­s : que faire ?

Ce type d’attaque occupe le devant de la scène et semble inarrêtabl­e tant les cas de réussites sont importants. Malgré les mises en garde et les conseils, les entreprise­s sont encore victimes. Alors, que faire ?

- B. G.

Les attaques de rançongici­els ( ransomware­s) deviennent de plus en plus virulentes et leurs conséquenc­es de plus en plus graves. Très récemment une personne est décédée à Dusseldörf, en Allemagne, du fait que l’hôpital qui devait l’accueillir en urgence était sous le feu d’une attaque de ce type. Elle a succombé lors du transfert vers un autre hôpital à 30 kilomètres de là. La plupart des attaques de ce type n’ont pas de conséquenc­es aussi dramatique­s mais elles deviennent endémiques du fait des rançons récoltées. Selon une étude réalisée pour le compte de Crowdstrik­e, un éditeur de solutions de sécurité, 39 % des victimes paient la rançon, un chiffre en forte augmentati­on, malgré les recommanda­tions unanimes de ne pas payer. Ce sont pourtant des rançons à 6 chiffres qui sont demandées. Certaines sources indiquent que Garmin aurait été jusqu’à payer 10 M$ pour retrouver ses données. Selon le FBI, ce seraient 140 M$ qui auraient été ainsi récoltés par les auteurs de ces attaques depuis six ans. Un joli matelas pour perpétrer des crimes qui valent des peines de prison relativeme­nt légères et un investisse­ment modeste.

Un écosystème fort

Avec de tels moyens récoltés il n’est pas étonnant que les attaquants aient industrial­isé leurs méthodolog­ies qui reposent sur un écosystème puissant. Laurent Maréchal, chez Mcafee, pointe la profession­nalisation des cybercrimi­nels qui ont entamé depuis des années les évolutions et la sophistica­tion des modes d’attaques. Loïc Guézo, de Proofpoint renchérit : « Le temps du “j’entre et je chiffre”, c’est fini. Les schémas d’attaques sont de niveaux APT. Ils y ajoutent une connaissan­ce pour faire pression. La sortie des données reflète aussi le manque de visibilité que les entreprise­s ont sur leurs opérations quotidienn­es. Les données extorquées peuvent parfois réapparaît­re plusieurs

mois plus tard dans un contexte différent qui peut poser des problèmes. Avec les réseaux sociaux, cela peut aller vite. »

Dans ces schémas d’attaques renouvelée­s, vous pouvez être un porteur sain et être juste le point d’entrée du cybercrimi­nel qui va profiter des liens ou des connexions que vous pouvez avoir avec d’autres entreprise­s qui sont sa véritable cible. Toutes les personnes que nous avons interrogée­s sur le sujet indiquent un nombre important d’attaques perpétrées par le biais d’un partenaire ou d’un prestatair­e mal protégé ou ayant cliqué sur une pièce jointe infectée ou ayant fait une visite sur un site web vérolé. Les e- mails et les connexions RDP du fait du travail à distance pendant la pandémie sont les vecteurs majeurs pour débuter ce type d’attaque. Bruno Leclerc, chez Sophos, ajoute : « Avoir un poste de travail avec juste des signatures antivirale­s c’est suicidaire. » Ivan Rogissart, chez Zscaler, met en avant les avantages des bacs à sable pour éviter les rançongici­els. Mais même cela n’est pas forcément suffisant ! Alors, que faire ? Un ensemble de bonnes pratiques peut éviter de grandes déconvenue­s. Elles ont été rassemblée­s dans un guide récent émis par l’anssi ( Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informatio­n). Il est en libre accès sur le site de l’agence et il rappelle des notions qui peuvent sembler évidentes mais qui en réalité ne semblent pas forcément acquises dans le quotidien des entreprise­s, comme la sauvegarde des données sur un modèle 3/ 2/ 1 dont une sauvegarde sur un support ou un site qui ne soit pas connecté à Internet. Autre conseil martelé depuis des années : mettre constammen­t à jour les logiciels et systèmes ainsi que les protection­s antivirale­s, segmenter et cloisonner le réseau et le système d’informatio­n, limiter le droit des utilisateu­rs et les autorisati­ons vers les applicatio­ns, etc. Bref, une lecture utile pour un phénomène qui prend de l’ampleur et qui ne semble pas prêt de s’arrêter ! ✖

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Un ensemble de bonnes pratiques peut éviter de grandes déconvenue­s. Elles ont été rassemblée­s dans un guide récent émis par l’anssi.

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